Un poids lourd dans un monde de légèreté !
Quand on regarde naviguer un IMOCA, on l'imagine constitué de pièces très légères en fibre de carbone ou en titane. Mais pour naviguer vite et bien, notre IMOCA a besoin d'une quille faite de plomb et d'inox !
Pour nous faire découvrir ce bijou de savoir-faire, nous sommes allés à la rencontre de Laurence Crespel et Fabien Dillet, chez l'AMPM en Vendée. Une usine de fraisage et de tournage, ou tous les voiles de quilles des IMOCA sont aujourd'hui fabriqués. Les pièces de grandes dimensions sont leur spécialité…
Une quille monotype depuis 2014
Avant 2014, chaque architecte concevait ses quilles sans contraintes : un voile en fibre de carbone par ici, en acier mécano soudé par là (assemblage de tôles), avec des bulbes en plomb souvent trop lourd. Après bien des déboires, des budgets qui explosent et des accidents liés à la rupture de cette pièce pourtant essentielle à la stabilité du bateau et à la sécurité du marin, l'organisation de la jauge IMOCA a imposé des pièces standardisées. C'est le moment où AMPM fut choisi pour équiper les futurs bateaux répondant à cette jauge. Cette société était déjà présente sur le circuit IMOCA pour avoir réalisé la quille d'un certain Michel Desjoyaux en 2000…
Une quille d'IMOCA c'est quoi ?
Tout commence par un lopin de six tonnes d'inox, transformé en bloc forgé de trois tonnes et de cinq mètres de long. L'inox est un métal à haute limite élastique, ce qui garantit une très grande solidité de la pièce. Cette pièce est ensuite usinée durant plus d'un mois 24h sur 24 ! Le plus impressionnant, c'est qu'à la sortie des ateliers, le voile de quille pèse 950 kg laissant ainsi derrière lui quasiment deux tonnes de copeaux…
Le service qualité intervient tout au long du processus de fabrication, car il faut garantir une parfaite équité entre les IMOCA. "Rendez-vous compte, une erreur d'un dixième de millimètre sur le fraisage, c'est un kilo de plus sur la balance !", précise Fabien Dillet. "Toutes nos quilles sortent avec un certificat de conformité et sont toutes passées par notre banc d'essai." Pour conclure "Pour ce Vendée Globe, je pars serein, les coefficients de sécurité sont largement respectés."
Les IMOCA ont tous renforcé les puits de quilles, depuis le problème d'Hugo Boss, car ces bateaux subissent des impacts importants, qui mettent à mal la structure, seules les quilles qui n'ont pas été modifiées, restent solides face aux éléments !
L'avenir est en train de s'écrire, car les prochains IMOCA, qui participeront à la course en équipage The Océan Race, se font actuellement livrer leurs quilles.
Quand cette pièce est terminée, le voile de quille rejoint le bulbe en plomb, cette torpille donne toute la stabilité à l'IMOCA. Le poids du bulbe varie en fonction des attentes des architectes et du skipper…! Selon les informations que l'on peut glaner, un bulbe actuellement pèse aux environs de 2700 kg. C'est une moyenne, car il se dit sur les pontons que les plus légères sont en dessous des 2500 kg ! Impossible d'en savoir plus, c'est top secret.... Avec ces foilers et la volonté de faire décoller les voiliers, le poids devient une guerre, soyons sûr que le poids des quilles sont très surveillés afin de soulager le plus tôt possible un bateau de neuf tonnes.
La sécurité reste la priorité numéro un. En 2014, le calcul de résistance prévoyait un bulbe de 3000 kg. De nos jours, tous les IMOCA sont tous en dessous de cette zone rouge, donc soyons serein, ce Vendée Globe sera sûrement moins émaillé de perte de quille. Sauf en cas de choc avec un OFNI, mais ceci est un autre sujet…