Avarie sur DMG : comment réparer une grand voile d'IMOCA tout en continuant son Vendée Globe ?

© Sailing Team DMG

Un problème électronique a entraîné une importante déchirure sur la GV de DMG, skippé par Kojiro Shiraishi. Comment réparer une telle avarie ? Entretien avec Philippe Touet, de la voilerie North Sails, qui a conçu une majorité des voiles du Vendée Globe 2020.

Un problème de pilote automatique

Suite à une défaillance du pilote automatique, l'IMOCA DMG, skippé par le japonais Kojiro Shiraishi, a effectué deux empannages involontaires. Ces manœuvres ont entraîné une importante déchirure située sur la partie haute de la grand-voile.

Avarie sans gravité quand on est à proximité de son maître voilier, elle se révèle très pénalisante sur une course en solitaire sans assistance, surtout quand il reste 20 000 milles à parcourir. Philipe Touet, de la voilerie North Sails nous explique : "Avant le départ, nous proposons à chaque team des tissus différents, selon leur programme. L'objectif de Kojiro étant de terminer le Vendée Globe, il a choisi un modèle de GV en 3DI très résistant, mais un peu plus lourde que les autres concurrents. Suite à ce double empannage involontaire, la corne de la GV s'est prise dans les bastaques et a subi de gros dommages."

C'est quoi le 3Di ?

Une voile en 3Di est composée de bandes filamentaires unidirectionnelles ultra-fines, préimprégnées d'un adhésif thermodurcissant, disposées selon une orientation multidirectionnelle et moulées en trois dimensions en une membrane composite flexible d'une seule pièce. Une bande filamentaire est une fibre individuelle qui a été décomposée jusqu'à ce que les filaments séparés se trouvent côte à côte, formant une "bande ultra-fine".

Un moule pour voile en 3Di
Un moule pour voile en 3Di

Cette technologie exclusive permet de fabriquer des voiles 3Di avec uniquement des fibres et des adhésifs, sans avoir besoin d'un film en Mylar. Cette construction monobloc, unitaire, donne naissance à une aile portante qui résiste de façon homogène à la déformation dans toutes les directions. Chez North Sails, toutes les voiles destinées à un programme Offshore sont fabriquées aux États-Unis puis terminées sur le plancher de Vannes, dans le Morbihan.

Une réparation complexe

Kojiro a donc entièrement affalé sa grand-voile pour procéder à la réparation. Cet exercice est particulièrement délicat avec une voile en lambeaux, mais le japonais a pu profiter de la pétole du pot au noir pour effectuer cette opération.

Chaque concurrent a un kit dénommé "sail repair"», composé des éléments de base pour effectuer une petite réparation. Mais face à cette avarie rare, Kojiro aidé par son équipe technique à terre, a dû redoubler d'ingéniosité pour parvenir à ses fins. Après avoir collé au sikaflex deux patchs sur une zone de 40 cm de part et d'autre de la déchirure, Kojiro a renforcé sa réparation en boulonnant deux plaques de carbone .

La zone concernée est soumise à d'importantes contraintes, notamment un effet de pelage quand la voile fasseye. De plus, la proximité avec la latte n°2 oblige Kojiro à renforcer celle-ci avec un lashing, afin que la latte continue à jouer son rôle.

Après 6 jours d'efforts, Kojiro a pu commencer à prudemment renvoyer sa GV, en remontant les lattes une à une.

L'histoire du Vendée Globe raconte les petits et grands exploits que les concurrents ont dû réaliser pour terminer la course. Avec cette réparation en mer Kojiro a gravé son nom à cette longue et passionnante aventure.

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Publié sur Yacht-Club.com

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