Un problème de pilote automatique
Suite à une défaillance du pilote automatique, l'IMOCA DMG, skippé par le japonais Kojiro Shiraishi, a effectué deux empannages involontaires. Ces manœuvres ont entraîné une importante déchirure située sur la partie haute de la grand-voile.
Avarie sans gravité quand on est à proximité de son maître voilier, elle se révèle très pénalisante sur une course en solitaire sans assistance, surtout quand il reste 20 000 milles à parcourir. Philipe Touet, de la voilerie North Sails nous explique : "Avant le départ, nous proposons à chaque team des tissus différents, selon leur programme. L'objectif de Kojiro étant de terminer le Vendée Globe, il a choisi un modèle de GV en 3DI très résistant, mais un peu plus lourde que les autres concurrents. Suite à ce double empannage involontaire, la corne de la GV s'est prise dans les bastaques et a subi de gros dommages."
C'est quoi le 3Di ?
Une voile en 3Di est composée de bandes filamentaires unidirectionnelles ultra-fines, préimprégnées d'un adhésif thermodurcissant, disposées selon une orientation multidirectionnelle et moulées en trois dimensions en une membrane composite flexible d'une seule pièce. Une bande filamentaire est une fibre individuelle qui a été décomposée jusqu'à ce que les filaments séparés se trouvent côte à côte, formant une "bande ultra-fine".
Cette technologie exclusive permet de fabriquer des voiles 3Di avec uniquement des fibres et des adhésifs, sans avoir besoin d'un film en Mylar. Cette construction monobloc, unitaire, donne naissance à une aile portante qui résiste de façon homogène à la déformation dans toutes les directions. Chez North Sails, toutes les voiles destinées à un programme Offshore sont fabriquées aux États-Unis puis terminées sur le plancher de Vannes, dans le Morbihan.
Une réparation complexe
Kojiro a donc entièrement affalé sa grand-voile pour procéder à la réparation. Cet exercice est particulièrement délicat avec une voile en lambeaux, mais le japonais a pu profiter de la pétole du pot au noir pour effectuer cette opération.
Chaque concurrent a un kit dénommé "sail repair"», composé des éléments de base pour effectuer une petite réparation. Mais face à cette avarie rare, Kojiro aidé par son équipe technique à terre, a dû redoubler d'ingéniosité pour parvenir à ses fins. Après avoir collé au sikaflex deux patchs sur une zone de 40 cm de part et d'autre de la déchirure, Kojiro a renforcé sa réparation en boulonnant deux plaques de carbone .
La zone concernée est soumise à d'importantes contraintes, notamment un effet de pelage quand la voile fasseye. De plus, la proximité avec la latte n°2 oblige Kojiro à renforcer celle-ci avec un lashing, afin que la latte continue à jouer son rôle.
Après 6 jours d'efforts, Kojiro a pu commencer à prudemment renvoyer sa GV, en remontant les lattes une à une.
L'histoire du Vendée Globe raconte les petits et grands exploits que les concurrents ont dû réaliser pour terminer la course. Avec cette réparation en mer Kojiro a gravé son nom à cette longue et passionnante aventure.