Nouveau départ pour Jérémie Beyou sur le Vendée Globe 2020

© Gauthier LEBEC / Charal Sailing Team

Après son avarie de safran - entre autres - survenue le 10 novembre Jérémie Beyou, skipper de Charal avait pris la décision de retourner aux Sables-d'Olonne pour réparer. Lors d'une conférence donnée ce lundi 16 novembre, il annonce son retour dans la course. Top départ mardi 17 novembre entre 15 h et 15 h 30.

Un nouveau départ et un chantier express

"Je vais rapidement pouvoir reprendre les vacations à bord. Grâce à tout le travail accompli ces derniers jours, on sait que le bateau sera prêt demain, et que Charal sera prêt à reprendre la mer à la marée de l'après-midi mardi 17 novembre. C'est une super nouvelle. Je tenais à remercier toute l'équipe du Charal Sailing Team qui s'est comme d'habitude, sans compter, donné jours et nuits depuis que je suis arrivée à Port Olonna. Je remercie tous les sous-traitants, tous les prestataires extérieurs qui sont intervenus sur le bateau. Ce sont 15 à 20 personnes qui ont additionné leur compétence pour que ça fonctionne : les architectes de chez VPLP, Gurit, Gepeto pour le composite, Leborgne pour l'expertise.

Je dis souvent que le Vendée Globe c'est une course en équipe, on a encore démontré – enfin surtout eux – qu'avec de la volonté on peut faire des miracles. C'est une super nouvelle. La course va reprendre demain, même si différemment" a annoncé le skipper de Charal.

Si c'est une avarie de safran qui l'a décidé à faire demi-tour, c'est pourtant l'avarie de cloisonsur laquelle prend appui la barre de flèche (outrigger) qui a été techniquement la plus compliquée à réparer. En tant que partie structurelle du bateau, il a d'abord fallu expertiser les dégâts et déstructurer avant de pouvoir réparer.

"Ça a demandé à beaucoup de gens différentes compétences, dans un temps record, en extérieur, avec des conditions qui n'étaient pas géniales. C'était vraiment la grosse partie du boulot. J'ai une équipe de folie. Il faut être à la hauteur, respecter le boulot fait et repartir. Je remercie tout le monde, pas seulement l'opérationnel, mais aussi la partie logistique."

Outre ces deux gros chantiers, il a également fallu changer l'aérien de girouette ainsi que la grand-voile, abimée lors des empannages consécutifs liés à l'impact sur le safran.

Réparation sur Charal
Réparation sur Charal

Confiné, mais présent

En raison de la crise sanitaire, Jérémie Béyou a dû rester confiné pendant que son équipe effectuait les réparations. Une distanciation appréciable compte tenu des évènements rencontrés.

"Tu passes vraiment par tous les états. D'un côté, t'es content d'être en dehors de tout ça, car j'avais vraiment besoin de couper du bateau et de la course. Je n'ai pas regardé les classements, j'ai coupé tous les réseaux. En même temps, tu aurais envie d'être près de ton équipe parce que tu sais que les gars et les filles sont en train de bosser jour et nuit pour que tu sois capable de repartir. C'est un sentiment un peu étrange d'être loin. Je crois que depuis le début avec l'équipe Charal on travaille tellement en confiance, je savais que de toute façon ça le ferait."

Un véritable engouement

Cette prise de recul – tout comme la remontée du chenal – lui a fait prendre conscience de tout l'engouement derrière ce projet.

"Faire demi-tour m'a montré l'émotion que ça créait chez les gens, la volonté du public, des salariés de Charal, des amis, des médias, des gens dans le chenal, des passionnés de voile, d'aventures et de sport… Je me suis rendu compte qu'il fallait que j'y retourne. Et c'est chose faite."

Emotion dans le chenal
Emotion dans le chenal

Une pensée pour Nicolas Troussel

"J'ai appris le démâtage de Nico (Troussel). Quand je dis que je passe par tous les états, c'est sûr que là je suis super triste pour lui, pour toute son équipe de chez Corum. Je sais toute l'énergie qu'il faut mettre pour un bateau comme ça, pour aller faire un Vendée globe. C'est un engagement total. Quand ça s'arrête totalement, ce qui est le cas pour Nicolas – alors que j'ai la chance de pouvoir repartir – c'est terrible. Aujourd'hui je pense surtout beaucoup à eux."

Faire les choses différemment

Si au départ, Jérémie Beyou partait sur le Vendée Globe pour gagner, aujourd'hui les choses sont différentes. Mais le soutien apporté par tous le motive à continuer, même si la course sera différente. S'il pensait que quitter les pontons des Sables-d'Olonne sans public permettait de réduire l'émotion ressentie et de se concentrer sur la course, ce retour précipité lui a procuré sa dose.

"Avant le départ, j'ai essayé de tout planifier au jour près, à la minute près. Mais aujourd'hui il faut fonctionner différemment. Je prends les évènements les uns après les autres : rentrer, réparer, partir. On verra ce qu'il se passe en mer. Je préfère ne rien attendre, ne pas me fixer d'objectifs. Je ne sais pas ce que je vais découvrir."

Pour le départ, un nouveau front s'annonce, mais un peu moins virulent que celui du premier départ. "C'est un nouveau front au près donc il va falloir faire attention."

C'est ensuite du vent portant assez fort au large du Cap Finisterre qui attendra le skipper, avant une petite dépression au large du Maroc qui risque de venir couper les alizés et d'étendre le pot au noir.

"Ce n'est pas forcément une bonne nouvelle, mais je regarde surtout les conditions du départ : passer ce front et se mettre au portant. On verra ce qui se passe derrière. Il faut que je sois dans cet état d'esprit. Je pense que c'est ce qui va m'aider à avancer."

Emotion dans le chenal
Emotion dans le chenal

Bravo Alex Thomson !

S'il a coupé la cartographie de la course, il a néanmoins vu qu'Alex Thomson avait pris la tête de la course tout comme Jean Le Cam pendant plusieurs jours.

"Je suis content pour Alex. Il a un bon bateau, il navigue bien. Il a fait un super mouvement il y a quelques jours. Je sais que le début de course n'a pas été facile. Chapeau à tous ceux qui sont encore en mer avec leurs avaries diverses et variées. Ils sont tous super méritants. J'ai hâte de me remettre en route."

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