Pierre et Lucie sont infirmiers en réa. Ils aimeraient parcourir le monde pour aller à la rencontre des enfants et leur enseigner les gestes de préventions, les gestes qui sauvent des vies. Pour cela ils créent l'association Sauve Qui Peut et se mettent en quête d'un voilier pour les accompagner dans leur périple. C'est à Hyères en 2018 qu'ils dénichent un Sun Rise 34.
Un Sun Rise 34 à retaper
Celui-ci rentre d'un tour de l'Atlantique, déjà équipé de panneau solaire sur un portique arrière et d'un moteur entièrement refait. Cet équipement grande croisière donne envie au jeune couple de se jeter à l'eau. Car pour le reste, le bateau dégage une effroyable odeur de gasoil à l'intérieur. Le propriétaire indique qu'il ya sans doute une fuite dans le réservoir…
Du gasoil dans les fonds !
Sur le Sun Rise 34, le réservoir est en Inox installé sous la table à cartes. Il est de petite contenance (45 litres). Visiblement il fuit, pas tout le temps, mais suffisamment pour que Pierre découvre 30 litres dans les fonds de cale tout gras. Cette fuite, qui visiblement dure depuis longtemps, a endommagé tout le bas des cloisons, marquant tous les vernis. Pour tenir en place, le réservoir est straté contre la coque. Il va donc falloir tout désosser pour le refaire.
Le premier été est consacré au convoyage du bateau par la mer vers son nouveau port d'attache : Saint-Malo. Il faut se boucher le nez tant l'odeur de gasoil est forte à l'intérieur. Une fois le bateau au sec, Pierre et Lucie peuvent commencer la rénovation.
Une fuite de gasoil qui pourrit tout
Les dégâts causés par le gasoil sont énormes. Ils vont devoir démonter toute la table à cartes pour sortir le réservoir. Il découvre une soudure qui a lâché sur la partie arrière. La fuite est insidieuse. Malgré qu'elle se trouve en bas, avec 20 litres de carburant, il ne fuit pas. Avec 30 litres, on voit le liquide fuir et avec 40 litres ça fuit à grande giclée !
Mais le pire est le travail du carburant sur les boiseries. Pierre doit toutes les changer. Sauf les cloisons, structurelles. Pour masquer les remontées de gras, il va tenter toutes les techniques : acétones, ponçage, peintures spéciales… rien n'y fait vraiment.
Ce gasoil attaque vraiment le bois. Pierre s'en est rendu compte en découvrant une varangue totalement imbibée et délitée. Des trous pratiqués pour le passage de câble ont eu raison du bois. Pierre dépose entièrement la varangue pour en reconstruire une avant de la strater à nouveau à la coque.
Reconstruction des aménagements
Ce démontage en règle a eu raison de la cuisine et de la table à cartes qui seront reconstruites entièrement. Ce sera aussi l'occasion de refaire tout le câblage électrique du bateau. L'électronique de navigation sera aussi remplacée. Pierre et Lucie ont dû aussi reprendre diverses étanchéités (pied de chandelier, hublots…).
Un safran quasi neuf
Enfin le confinement du printemps 2020 a laissé le temps de refaire entièrement le safran : mise à nu de l'âme en bois et stratification complète de la pelle pour une parfaite étanchéité.
Prêt pour le départ
Remis à l'eau en juin 2020, Sauve Qui Peut (du nom de l'association) est prêt pour repartir. La crise sanitaire a retardé un peu le grand départ qui se fera finalement au printemps 2021. Cela laisse encore le temps de fignoler quelques détails pendant l'hiver. Si le grand nettoyage (et surtout la peinture) masque l'odeur d'origine du gasoil, Pierre et Lucie ont dû changer entièrement toutes les mousses des coussins du carré. Pourtant, notamment assis à la table à cartes, certains relents d'hydrocarbure persistent encore…