Une étrave de Scow
Très implantée sur les Minis et les Class40, l'étrave arrondie de l'Occitane trouve ses origines dans le Scow, un dériveur dessiné aux États-Unis au début du siècle. L'objectif de cette étrave tronquée est de faciliter le planning tout en limitant l'enfournement.
Cette tendance architecturale a fait ses preuves sur des bateaux plus petits, mais n'avait jamais été expérimentée sur des 60 pieds. L'Occitane est également un peu plus étroit que ses concurrents, avec un maître-bau de 5,50 m.
Le voilier noir au soleil d'or cumule les singularités, puisque c'est le premier foiler dessiné par Samuel Manuard, le seul à avoir été construit au chantier Black Pepper, et le 1er IMOCA construit pour Armel Tripon.
Des foils uniques
Dès son lancement , L'Occitane en Provence a impressionné par sa capacité à voler bas tout en restant très stable, grâce à des foils très novateurs, de type Dali (faisant référence aux moustaches du célèbre artiste).
Pour dessiner ces plans porteurs, Sam Manuard a été assisté de Nat Shaver, qui a oeuvré sur les dernières Coupes de l'America. Les foils de l'Occitane sont très longs et ont pour objectif de voler bas, mais en gardant une assiette (et donc une vitesse) régulière.
Le concept défendu par Sam Manuard repose sur le fait que la carène doit effleurer la surface de l'eau (le skimming) sans décoller trop haut.
Les foils peuvent également être rétractés pour limiter la traînée dans le petit temps. Le fait de pouvoir les remonter entièrement permet également de rester en mode archimédien dans le très gros temps, et donc de limiter les survitesses. L'Occitane est également le seul IMOCA dont l'implantation des foils se situe au niveau du livet de pont, alors qu'elle est d'ordinaire au niveau de la flottaison. Cette implantation favorise les moyennes régulières plutôt que la vitesse de pointe.
Un bateau révolutionnaire sous surveillance
Le shape et l'implantation des foils font que le couple de redressement de cette machine est plus élevé que sur les autres IMOCA. Le bateau reste à plat plus longtemps, mais le mât et le gréement subissent des contraintes plus importantes. Le bateau est bardé de capteurs afin, de pouvoir connaître en temps réel les efforts sur les points névralgiques (gréement dormant, bastaques, outriggers, foils).
Le cockpit a été conçu pour que les sacs de voiles soient matossés le plus en arrière. Le moteur, habituellement situé au milieu d'un IMOCA, est ici situé derrière la barre d'écoute de GV.
Des débuts prometteurs
Mise à l'eau en janvier 2020, la mise au point de l'Occitane en Provence a été écourtée par la crise sanitaire, mais également par une collision avec un OFNI ayant immobilisé le bateau pendant une dizaine de jours. Néanmoins, la machine a impressionné durant le défi Azimuth et au début de la Vendée Arctique.
Talentueux et doté d'une grosse expérience en course au large, Armel aura manqué de temps pour fiabiliser sa monture. Quelle que soit le dénouement du premier Vendée Globe de l'Occitane, il y a fort à parier que de nombreux IMOCA auront des étraves similaires dans les années à venir.
L'Occitane en Provence - Armel Tripon
- Numéro de voile : 2
- Architecte : Samuel Manuard
- Chantier : Black Pepper
- Date de lancement : 31 janvier 2020
- Largeur : 5,50m
- Déplacement (poids) : 7,8t
- Présence de foils : Oui
- Surface de voiles au près : 270m2
- Surface de voiles au portant : 535m2
Flying Imoca-60 – Pauger Carbon Composites
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