Le Vendée Globe, une passion depuis le plus jeune âge
Sébastien Simon est un enfant du Vendée Globe. Ce sablais a grandi avec un rêve en tête, participer au tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance. C'est d'ailleurs cette passion qui le guide vers une carrière de coureur au large : Optimist, 420, J80, M34 et Solitaire du Figaro.
"Je suis un peu né avec le Vendée Globe. Le premier est parti en 1990, année de ma naissance et je suis né aux Sables-d'Olonne. Cette course m'a toujours motivé, m'a fait rêver, m'a poussé dans ma carrière de coureur au large. C'est pour participer au Vendée globe que j'ai remporté la Solitaire du Figaro en 2018 et décroché un titre de Champion de France Élite de course au large.
Ça me tient en haleine, j'y pense le jour et la nuit, les weekends et pendant les vacances. Je vis avec depuis un petit moment et ça devient enfin une réalité. C'est quelque chose d'incroyable !"
Cette course qui lui procure une émotion assez intense, il va enfin participer, à tout juste 30 ans. Lui qui l'a toujours suivi en tant que spectateur, va enfin pouvoir la vivre de l'intérieur.
"Est-ce parce que je suis passionné, est-ce parce que c'est une course hors du commun ? Vu l'émotion que le Vendée globe me procure en tant que spectateur, comment ça va être en tant que participant ? C'est un défi sportif, mais aussi personnel. C'est un sport technologique qui me passionne. J'ai quand même construit un bateau pour participer au Vendée Globe ! C'est un rêve qu'ont beaucoup de gamins et aujourd'hui, je vais prendre mon premier départ."
Ne pas vivre un échec
Après des années à gravir les échelons de la compétition à la voile et l'intégration du circuit IMOCA en 2018, Sébastien ne supporterait pas l'échec.
"J'espère réellement me faire plaisir, aller au bout coute que coute. Sinon ça serait un échec et je ne sais pas comment je me relèverais de tout ça. J'ai eu mon lot de malchances jusqu'ici (NDLR : son IMOCA Arkéa-Paprec a subi plusieurs avaries ces derniers temps). J'ai envie de me confronter à tous les concurrents, envie de rendre fiers mon entourage et mes partenaires, qui m'ont accompagné et soutenu dans ce projet. Mais aussi de faire ça pour moi."
De nouveaux foils plus solides pour le tour du monde
C'est à bord d'Arkéa-Paprec, un IMOCA à foil de dernière génération conçut par l'architecte Juan Kouyoumdjian qu'il prendra le départ de son premier tour du monde. Le bateau a été équipé de nouveaux foils plus solides pour faire le tour de la planète.
"Ces quelques casses consécutives de foils ont été un vrai coup dur et un frein à ma préparation. Dans certaines conditions, je me sens moins entrainé que certains de mes concurrents. On a quand même connu une belle phase de progression, le bateau montre sa fiabilité. On a su rebondir de la meilleure des façons possibles. J'ai envie de partir avec mes armes, le pire est dernier moi et le meilleur à venir. On a beaucoup appris de la casse et essayé de naviguer le plus possible ces derniers mois.
Ces nouveaux foils vont nous apporter toute la confiance nécessaire. Ils ont le même rayon de courbure et la même forme que les précédents, mais avec des modifications structurelles pour la solidité.
On a aussi peaufiné les détails ergonomiques. Ces bateaux sont réellement plus performants qu'avant, et c'est à l'opposé du confort et du bien-être."
Une page à tourner
Malgré les coups durs, Sébastien part plus déterminé que jamais et plutôt serein. Investi depuis 3 ans dans ce projet, il n'a qu'une envie, c'est de pouvoir fermer ce chapitre, pour en ouvrir une nouvelle dans quatre ans.
"C'est un bateau qui a potentiel extraordinaire, mais il est très exigeant. En dessous de 20 nœuds, il est réellement capable de montrer tout son potentiel, mais au-delà, il est exigeant et dur à mener. On fera avec et je pense qu'on sera capable d'en tirer le meilleur parti possible. Je pense qu'après avoir eu deux genoux à terre suite à la casse des foils, et une préparation semée d'embuche, j'ai fait preuve de résilience. Je suis plus déterminé que jamais et étonnamment serein, confiant et heureux.
Je pourrais avoir beaucoup de pression. C'est toujours l'état d'esprit dans lequel je me trouve avant le départ d'une course, mais là, j'ai envie d'écrire cette page, de la cocher et de la tourner. Ça fait 3 ans que je vis avec ce projet et ça fatigue. J'ai envie d'y aller, de prendre du plaisir et de savourer tout ça. J'ai envie de mener à bien ce projet qui m'a puisé énormément de forces."
Envie d'entreprendre
Le jeune skipper n'ambitionne pas pour autant d'arrêter là sa carrière en IMOCA. Très jeune quand il a démarré ce projet, il a acquis suffisamment d'expérience depuis pour entreprendre de manière autonome.
"J'aimerais bien repartir dans 4 ans, mais avec une préparation plus sereine, plus sportive. C'est ce qui m'a manqué. J'ai acquis suffisamment d'expérience pour être autonome dans mes projets, pour faire les choses quand je les ressens. Je n'avais que 27 ans quand on m'a proposé le Vendée Globe. C'était une opportunité incroyable, ça s'est fait vite. J'étais jeune. Aujourd'hui, je me sens prêt à changer de casquette. Le Vendée Globe me fera toujours rêver, c'est une course qui part clairement de chez moi. C'est aussi une opportunité incroyable de rencontrer des personnes de tout horizon, d'autres entrepreneurs. Ça me passionne d'entreprendre et de communiquer énormément."
Boucler le tour et prendre du plaisir
Conscient de ses faiblesses pour ce premier départ, suite à sa préparation entachée par les avaries de son bateau, Sébastien ne se fixe pas un objectif inatteignable.
"C'est sûr qu'un jour j'aimerai gagner et donc y retourner. Maintenant j'ai conscience que je ne suis pas aussi bien entrainé que certains de mes concurrents, même si ce n'est pas forcément le cas, car on a beaucoup progressé. Je veux avant tout finir ce qui n'est pas une mince affaire. Si on termine, le résultat sera là. J'arriverai sans regret et plus déterminé que jamais à recommencer. C'est un défi hors-norme, une aventure incroyable."
Une période stressante
Cette année 2020 n'aura peut-être pas été la plus facile pour Sébastien Simon, entre la casse de ses foils et la crise sanitaire, qui a retardé l'avancement du chantier.
"Nos deux transats ont été annulées, et j'ai dû abandonner dès le premier jour la course qualificative Vendée Arctique dès le premier jour. La livraison des foils a été retardée puisqu'on ne maitrisait pas les délais fournisseurs. Il a fallu s'organiser en interne. C'était une période stressante. Tout était très bien défini, tout a été remis en question.
C'est certainement la génération de bateaux la plus technologique jamais conçue pour le Vendée Globe, mais c'est aussi la génération de bateaux qui a le moins navigué. C'est étonnant, mais on va y arriver."
Être reconnaissant en partageant son aventure
En dehors des obligations de livrer des vidéos et des photos à l'organisation du Vendée Globe, ainsi qu'à ses partenaires, tout au long de la course, Sébastien souhaite partager son rêve avec le plus de monde possible.
"J'ai envie de partager mon aventure avec le plus grand monde. J'essaierai de faire le mieux possible. Je ferais ça avec mes mots, mon envie et j'essaierai de faire au mieux. En plus tout seul, je n'aurais pas pu vivre mon rêve, c'est une manière d'être reconnaissant comme je dois l'être."
Son pronostic du podium du Vendée Globe ?
"Jérémie Beyou, Charlie Dalin et Alex Thomson. Il faudra aussi faire attention à Thomas Ruyant et Armel Tripon."