Un quasi sistership de Charal
Foiler fabriqué chez Multiplast sur plan VPLP, DMG MORI a été conçu dans le même moule que Charal, l'IMOCA de Jeremy Beyou. Les carènes sont donc quasiment identiques, mais Kojiro a préféré aborder son Vendée Globe 2020 dans une philosophie plus conservatrice.
Ne cherchant pas la course à la performance, il a conservé la 1re version de ses foils, là où la team Charal a développé trois versions différentes. L'essentiel pour le skipper japonais étant de terminer la course, il a privilégié la fiabilité de sa machine.
Autre différence notoire, le cockpit est mieux protégé que celui de Charal, quitte à légèrement alourdir son IMOCA.
L'équipe de DMG MORI a pu bénéficier de contacts réguliers avec le team de Jérémie Beyou, qui ont permis au marin japonais de mieux appréhender le fonctionnement de son foiler dernier cri. Kojiro est également secondé dans sa préparation par le talentueux Roland Jourdain, qui lui apporte son expérience accumulée sur trois éditions du Vendée Globe.
En juillet 2020, DMG MORI s'est aligné au départ de la Vendée Arctique, qu'il terminera à la 10e place, sur une vingtaine de concurrents.
Comme si un Français partait au Japon faire du sumo
En étant Japonais, trouver les ressources humaines et techniques pour s'aligner sur le Vendée Globe est extrêmement difficile. Le pays du soleil levant ne bénéficie pas d'une culture voile et encore moins pour la course au large en solitaire.
Sabre à la ceinture et costume traditionnel de combattant, Kojiro avait impressionné le jour de son départ du Vendée Globe, en 2016. Il effectua un beau début de course, mais la rupture de la partie haute de son mât l'a contraint à se détourner vers l'Afrique du Sud, l'obligeant à renoncer à son 1er Vendée Globe.
Son parcours et sa personnalité hors-norme ont fait de lui un des personnages les plus attachants de la course. Après son abandon, son bateau a été envoyé au Japon et il en a profité pour partager sa passion avec le public - qui l'avait suivi grâce aux deux grandes chaînes de télévision NHK et TV Asahi - et des sponsors qu'il a emmenés en mer. Parmi eux, DMG Mori, son partenaire titre, un des leader dans la fabrication de machines-outils.
Kojiro a ainsi contribué à faire découvrir la voile et la course au large à des millions de Japonais.
Quand l'élève vogue avec son maître
Tous les bateaux de Kojiro sont baptisés « Spirit of Yukoh », en hommage à son mentor Yukoh Tada, qui lui fit découvrir la voile dans les années 80.
Yukoh Tada a été un des premiers navigateurs japonais à se lancer dans la course au large. Il remporta le 1er Boc Challenge (course autour du monde avec escales) dans la catégorie des 50 pieds. Victoire acquise, il était retourné à son métier de chauffeur de taxi dans les rues de Tokyo.
Quelques années passèrent, puis Yukoh décida de s'aligner sur l'édition 91 du Boc, avec Kojiro comme préparateur. L'échange entre le maître et l'élève fut intense et sincère, mais Yukoh mit fin à ses jours durant l'escale australienne.
Depuis, afin de lui rendre hommage, Kojiro vogue en symbiose avec l'esprit de Yukoh.
Quelques concessions sur le seul IMOCA japonais
L'objectif de Kojiro est de boucler son 2e Vendée Globe. Mais pas question de renier certains principes. Il n'est pas prévu d'embarquer des repas lyophilisés, quitte à rajouter un peu de poids. Son régime alimentaire durant la course sera à base de produits asiatiques.
De plus, la spiritualité étant prépondérante dans la vie de Kojiro, un petit espace de méditation a été aménagé dans son 60 pieds.
DMG MORI - Kojiro Shiraishi
- Nom de baptême : Spirit of Yukoh 5
- Numéro de voile : JPN 11
- Architecte : VPLP
- Chantier : Multiplast
- Date de lancement : 05 septembre 2019
- Largeur : 5,85m
- Déplacement (poids) : 8t
- Présence de foils : Oui
- Surface de voiles au près : 320m2
- Surface de voiles au portant : 580m2