Marc vient de perdre son First Class 8 dans les eaux du Golfe de Suez. Le 23 septembre 2020 au lever du soleil, il a été recueilli par la marine égyptienne. Il nous explique les erreurs qui d'après lui, l'ont conduit dans cette situation.
Retrouvez en fin d'article des vidéos tournées au coeur de la tempête ainsi que les dernières images du First Class 8 avant qu'il ne coule…
Trop de confiance en soi
Marc a quitté Fos-sur-Mer début juillet, il y a près de 3 mois. Depuis la France, il a gagné l'entrée du canal de Suez (Port-Saïd) avec des navigations ventées toujours au portant. Il a donc pris l'habitude de naviguer avec 15 nœuds de vent, sous génois seul. Le pilote automatique gérant très bien la situation, laissant le solitaire s'alimenter et se reposer.
Trop de confiance dans la météo
Quand il a quitté Suez, les prévisions météo annonçaient une belle semaine à 8-10 nœuds le jour avec un renforcement le soir. Exactement les conditions dans lesquels le marin et son bateau sont à l'aise. Quand le vent à fraichi le soir venu, Marc n'a pas jugé utile d'affaler le génois pour le remplacer par un petit foc. Confiant dans les prévisions et ne voyant aucun signe d'évolution, il n'a pas imaginé que le vent pouvait forcir autant.
Ce n'est que quand il va sentir les embruns s'écraser sur sa nuque et quand les vagues qui déferlent emplissent le cockpit ouvert du Class 8 que Marc va comprendre que le vent est largement supérieur aux 20 nœuds annoncés. Mais il est alors trop tard pour aller à l'avant du voilier et affaler le foc. Son poids risquerait alors de faire sancir le petit voilier…
Une fatigue accumulée
Durant la semaine qui a précédé, depuis que Marc est arrivé en Égypte, il n'a pas pu passer une bonne nuit. En effet, les "marinas" sont prévues pour accueillir de gros cargos, mais pas de frêles voiliers. Tout au long des nuits, Marc va devoir gérer les amarres et les pare-battage pour ne pas que son voilier s'écrase sur les quais en béton.
Quand il largue les amarres depuis Suez ce 22 septembre, il part très fatigué. Hélas, les conditions météo et la navigation au milieu des cargos et des pêcheurs ne vont pas lui permettre de se reposer.
Une grande confiance dans l'AIS
Pour ce voyage, Marc a équipé son First Class 8 d'un transpondeur AIS. Celui-ci envoie la position du voilier aux bateaux alentour, mais surtout capte les AIS des autres navires afin que Marc puisse les éviter. Dans cette partie du Golfe de Suez, encombrée par un très fort trafic, Marc va se rendre compte que tous les navires ne naviguent pas avec leur AIS en marche. Notamment les cargos au mouillage ou bien certains bateaux de pêche. De jour il peut facilement les voir et les éviter, mais la nuit ? Toute la sécurité sur laquelle Marc s'était basé pour la navigation s'effondre d'un seul coup. Seul un radar permettrait de déceler de nuit un autre navire. Mais le Class 8 n'en est pas équipé.
Une mauvaise connaissance de la zone
Après discussion avec les locaux, ce genre de coup de vent dans cette zone est assez courant. S'il avait eu le temps de se renseigner avant de quitter hâtivement Suez, Marc aurait su que dans cette situation météo le vent forcit pendant plusieurs jours. De même Marc a serré la côte Ouest, naturellement restant à droite du chenal, dans le même sens de circulation que les cargos. Or, dans le Golfe de Suez, il est préférable de se tenir près de la côte Est. Le vent y est moins fort, n'étant pas accéléré par les reliefs ou à chaque cap. Et la mer est de fait moins hachée.