Fiabiliser et stabiliser le vol grâce aux nouveaux foils
C'est dans le Finistère que Thomas Ruyant a pu tester ces nouveaux foils, en compagnie Antoine Koch, concepteur avec le cabinet de Guillaume Verdier de ces nouveaux appendices porteurs. Dans des conditions de vent et de mers variés, l'IMOCA LinkedOut a prouvé qu'il était prêt pour affronter les différentes conditions du Vendée Globe.
L'objectif de ces 48 heures était de fiabiliser et de stabiliser le mode "volant" du bateau. Grâce à ses nouveaux foils, le bateau commence à voler plus tôt, mais surtout conserve ce mode volant plus longtemps, notamment dans la gamme de vent que le skipper rencontrera sur le Vendée Globe.
Si le bateau n'est pas plus confortable, car il tape encore beaucoup, son vol est plus linéaire et stable, avec beaucoup moins de décrochage et donc une vitesse moyenne élevée pendant plus longtemps.
"Nos nouveaux foils dénommés V.2 sont plus longs, plus épais, mais aussi plus simples à construire que la première version", explique Antoine Koch, ingénieur naval, navigateur, impliqué au sein de TR Racing dans le développement des voiles et des appendices. "Ce deuxième jeu de foils était programmé dès le départ, car l'importance de ces appendices porteurs sur les Imoca dernière génération est telle, qu'il est inconcevable de ne pas disposer d'un jeu de rechange. Et quitte à construire un second jeu, autant l'optimiser en gommant les faiblesses de la version 1. Cette première version était performante à certains moments, mais "décrochait" beaucoup, c'est-à-dire que le bateau devenait instable, sujet à des arrêts buffets dans les vagues, créant un niveau d'exigence et d'inconfort difficile à supporter dans la durée. Notre seconde version nous fait incontestablement gagner en stabilité."
Le skipper a donc pu tester ses foils pendant 48 h dans des conditions de vent soutenues et variées. "On décolle beaucoup plus tôt qu'auparavant, et que beaucoup de nos concurrents directs", poursuit Antoine. "Par 15 à 20 nœuds de vent, sur mer plate, l'effet turbo est phénoménal. Le bateau s'est montré ultra rapide aux allures de reaching, par 15 à 25 nœuds de vent. Thomas a parfaitement géré la prise en main des foils, avec calme et méthode. Ses trajectoires étaient limpides et sa stratégie excellente. Nous avons pu naviguer dans des conditions nouvelles pour le bateau, jusqu'à 45 nœuds de vent au portant. Cette brise très instable en force, qui chutait parfois à moins de 15 nœuds, a rendu difficile de trouver la bonne combinaison de voiles. Mais ce fut très instructif et en découvrant le bateau dans ces conditions soutenues, on a identifié quelques points d'amélioration au niveau du jeu de voile."
Un bateau fiable et rapide
"La difficulté, mais elle est commune à tous les foilers, c'est de lever le pied, de ralentir pour aller dormir", précise Antoine. "Il va falloir s'habituer à vivre longtemps à très haute vitesse. Je pense là à la descente de l'Atlantique, qui sera cruciale durant ce Vendée Globe. Grâce à nos choix pertinents de voile, LinkedOut est performant à toutes les allures, sauf peut-être dans le tout petit temps où nos foils et notre large carène nous pénaliseront. Mais sur un Vendée Globe, c'est une configuration rarement rencontrée. Ce n'est de toute façon ni le temps du bateau, ni celui de Thomas, Ministe dans l'âme et dingue de vitesse. Nous avons fait des choix d'attaquants ! Enfin, nous avons fait un gros travail sur la fiabilisation des systèmes électroniques et informatiques embarqués. Les chocs, l'humidité permanente, les vibrations, la vitesse sont des paramètres à maitriser. Mais cela est vrai pour tous les bateaux."