Louis Burton : "Objectif Top 5 avec Bureau Vallée 2 dans le Vendée Globe 2020"

© Vincent Olivaud

Louis Burton est un des 32 concurrents engagés pour le Vendée Globe 2020, à 35 ans c'est déjà sa troisième participation. Bateaux.com a profité du convoyage de son IMOCA de Saint-Malo à Lorient pour rencontrer le skipper de Bureau Vallée 2.

Louis Burton, quelle est l'histoire de ton bateau, Bureau Vallée 2 ? 

C'est un bateau qui a été lancé en 2015 pour Armel Le Cléac'h. Il a couru avec en 2015 et en 2016 pour l'équipe de Banque Populaire. Dès juin 2016, avec notre sponsor, nous nous étions engagés à le racheter, car nous croyions dans son potentiel et dans celui de l'équipe de développement de Banque Populaire. Le bateau et son skipper ont fait le Vendée Globe et ils l'ont gagné.

Avez-vous réalisé de grosses évolutions techniques ?

Nous n'avons pas fait de grand changement en 2017. Avec ma femme, Servane Escoffier (elle aussi coureur au large), nous avons fait la Transat Jacques Vabre et avons terminé 9e, en naviguant avec les voiles du Vendée, c'était une bonne prise en demain. Pour nous et pour l'équipe de Bureau Vallée, c'était déjà un enjeu de taille de récupérer un IMOCA aussi pointu que celui-là.

On s'est préparé pour la saison 2018 en mettant le bateau à ma main en termes d'ergonomie, de petites modifications sans grande importance structurelle, mais capitale pour le programme de tour du monde.

Par contre, pour les voiles il y avait un plus gros dossier. D'abord les hooks qui ont connu des avaries, nous avons réglé ces problèmes en partenariat avec le fabricant Profurl. Mais surtout, la jauge IMOCA a évolué en supprimant 1 voile du jeu. Cela nous a fait retravailler l'ensemble des voiles avec North Sails.

Nous avons aussi changé le gréement dormant, le mât est monotype conçu pour 2 ou 3 tours du monde. Tous les cordages ont été remplacés ainsi que bastaques et étai. L'informatique et les logiciels sont neufs et tout le matériel de production d'énergie, génératrice et hydrogénérateur aussi.

L'autre grand chantier est également lié à une évolution de la jauge. Suite à un vote, le règlement de classe autorise dorénavant le réglage d'incidence des foils (le rake). Auparavant, les foils étaient en position fixe, maintenant nous pouvons jouer sur leur inclinaison horizontale. En situation dynamique, ces appendices améliorent leur performance, plus on va vite, plus elles créent de la portance, mais aussi de la traînée. C'est comme un avion, sur la piste on braque les volets pour augmenter la portance et décoller, mais pour atteindre la vitesse de croisière il faut diminuer l'incidence des volets pour réduire la traînée.

Et pour l'occasion avez-vous redessiné des foils ?

Non, nous avons un budget raisonné et de nouveaux foils plus longs et plus puissants étaient trop onéreux. Donc, nous nous sommes contenté de mettre en place ce réglage d'incidence, c'est déjà un gros chantier que de modifier les puits des foils existants. Nous avons réalisé ces travaux entre La Route du Rhum et la Transat Jacques Vabre. Puis, avec Davy Beaudart, nous avons entamé un début de la saison 2019 avec un bateau performant, mais nous avons aussi connu quelques problèmes de fiabilité, car les forces en présence sont considérables. Cette saison, 2019 a été très constructive pour préparer le Vendée Globe 2020.

Quelles sont les sources d'énergie dont dispose Bureau Vallée 2n ?

Nous avons deux principales sources de production d'énergie. Une grosse génératrice attelée sur le moteur diesel que nous essayons d'employer le moins possible. Sur un tour du monde, nous avons réduit la consommation par quatre en huit ans, désormais nous tablons sur une utilisation de 100 litres de carburant pour faire un tour du monde. Ensuite, on a des hydrogénérateurs intégrés à la coque via des tuyères, ils reçoivent de l'eau à haute pression pour faire tourner les hélices et ainsi produire jusqu'à 30 Ah alors que la consommation normale se situe aux alentours de 15 Ah.

Le confinement sanitaire a-t-il eu des incidences sur votre préparation ?

Contrairement à d'autres teams, nous avons le bateau déjà depuis plusieurs années. Cela nous a permis de réaliser le renouvellement du matériel et les évolutions techniques petit à petit. Finalement, nous avons été moins pénalisés que de nombreuses équipes. Nous avons fermé nos portes durant 10 jours au début du confinement. Les gens du bureau étaient en télétravail et les techniciens travaillaient en roulement, un dans le bateau et un autre à l'atelier. En somme, nous avons surtout manqué de temps de navigation, mais nous étions prêts au moment où l'on pouvait aller sur l'eau.

Quels sont tes objectifs sportifs avec ce bateau déjà vainqueur du Vendée Globe ?

C'est un voilier très bien né qui a prouvé qu'il pouvait gagner. Par contre, l'évolution technologique de ces 4 dernières années est indéniable. Le plateau compte neuf nouveaux bateaux avec des niveaux de fiabilité différents, mais ils vont tous plus vite que nous. Avec Bureau Vallée, nous avons un projet raisonné et avons limité les évolutions trop couteuses. Ainsi certains IMOCA de la même génération sont plus performants sur le papier avec de très grands foils (MACSF, Initiative Coeur, PRB, Malizia II) et même une nouvelle étrave scow pour Boris Herrmann. Donc, sur le papier nous avons un classement au scratch autour de la 13e place. Mais sur un Vendée Globe, la moyenne des bateaux qui terminent la course est de un sur deux alors ça peut créer des surprises et de belles opportunités. Donc l'objectif est de faire mieux que la dernière édition donc au pire 6e et si possible rentrer dans le top 5, mais avant tout il faut ramener le bateau. Si mon nouveau bateau est plus performant, il est aussi plus fragile alors je dois bien positionner le curseur de vitesse pour durer.

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Publié sur Yacht-Club.com

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