Jonathan ne fait pas les choses à moitié. Quand il achète un Sylphe à Portsal, il ne s'affole pas de l'état déplorable du bateau. De toute façon, il va tout refaire… Cet ébéniste de métier travaille dans un chantier naval. Le travail du polyester et du bois, ça le connait et ne l'effraie pas.
En 10 mois de chantier, il va remettre en état ce voilier emblématique du chantier Dufour, mais surtout concevoir et repenser tous les aménagements intérieurs.
Dans un premier temps, il faut s'atteler à soigner la maladie de ces modèles. Le pont construit en sandwich balsa est totalement délaminé. De l'eau s'est infiltrée dans le bois et a décollé le sandwich. C'est un grand classique. Pour soigner, il faut ouvrir, remplacer le bois pourri par de la mousse et refaire une peau.
Pour le rouf, Jonathan décide de s'y attaquer par dessous, par l'intérieur. Cela évite de modifier les points d'ancrage des mains-courantes. Mais faire de la strat' au plafond n'est pas facile. Il colle la mousse en la tenant en l'air avec une foret d'étais, puis applique la fibre de verre en réalisant des laies préimprégnées qu'il déroule (en se faisant aider par un ami). Mais c'est une opération délicate et Jonathan avoue aujourd'hui qu'il ne le referait plus…
Pour les passavants et le pont avant, Jonathan agit par l'extérieur, par le dessus. C'est beaucoup plus simple. Il découpe proprement le pont afin de conserver le polyester avec l'antidérapant intact. Il remplace ensuite le balsa par de la mousse et vient refaire une strat en collant à nouveau "l'ancien pont" (avec des stratifications tout autour pour la rigidité).
C'est sur les aménagements que Jonathan a beaucoup travaillé. Pour installer une couchette double (inexistante sur un Sylphe), il transforme l'avant du bateau. Il commence par mettre une baille à mouillage qui prend moins de place dans la pointe avant. Puis il installe une épontille en inox reprise sur une varangue en bois massif. À l'origine, la poussée du mât était répartie sur toute une cloison. Juste derrière cette cloison, il installe à bâbord une véritable cuisine avec un réchaud 2 feux et un évier. En face, c'est une véritable petite table à cartes que l'on découvre. Des aménagements insolites dans cette taille de bateau, mais diablement pratiques. Vers l'arrière, les 2 couchettes cercueil restent accessibles alors que de nombreux rangements sont créés. Tous les aménagements sont en contre-plaqué. Jonathan pousse même le vice à créer un arrondi pour faciliter le passage des pieds sous la table à cartes !
Pour Finir Jonathan repeint le pont couleur ivoire au pistolet (c'est son premier essai de peinture au pistolet et il est assez fier du résultat, à juste titre !). La coque, avait déjà été peinte en jaune et un simple coup de polish a suffit à lui redonner son éclat. Les voiles et le moteur (un hors-bord de 5 ch) sont fonctionnels et ne demandent pas plus qu'une révision.
Enfin pour moderniser la ligne, Jonathan n'hésite pas à redécouper des hublots de rouf. Avec une pointe vers l'avant et un droit à l'arrière, le look du Sylphe prend un coup de jeune (fini les ronds typés années 60). Avec le teck dans le cockpit et le peinture bicolore du pont, le Sylphe a vraiment un joli look.
Après 10 mois de chantier, d'octobre à aout 2014, le voilier est prêt à être mis à l'eau. Acheté "en l'état" 1500 €, Jonathan considère qu'il a ajouté environ le même budget pour la rénovation. Soit un total de 3000 €. C'est d'ailleurs le prix qu'il va le vendre 3 ans plus tard quand il se décide à acheter un voilier plus grand. Mais cela est l'histoire suivante…