Quand Sébastien sort de l'école et déniche son premier emploi ses moyens financiers ne sont pas gros. Mais l'envie d'avoir son bateau reste tout de même une priorité. Il cherche un voilier qui doit avoir du charme, du caractère, de la prestance. Il cherche donc un voilier dans le style traditionnel sans toute fois tomber dans les embarcations en bois qui demandent trop d'entretien.
En 2015, il déniche une annonce d'un petit voilier en polyester avec une voile aurique. Les photos sont encourageantes, même si l'annonce indique que le voilier n'a pas était entretenu depuis quelques années.
Il s'agit d'une coque ouverte de 3,80 m (sans le bout-dehors) dont le gréement houari d'origine a été remplacé par un gréement aurique avec une vergue. En dessous, la fausse quille a été rallongée pour augmenter le plan antidérive. Cette coque a été fabriquée en 1974 par les chantiers Arcoa installés sur le bassin d'Arcachon. Elle appartient à une famille qui se l'est prêté d'enfant en enfant. C'est d'ailleurs un des fils qui a modifié le gréement. Mais aujourd'hui elle en sert plus.
D'emblée ce petit bateau plait à Sébastien qui voulait une unité simple et sans moteur, à la fois pour le plaisir de naviguer à la voile, pour ne pas faire de bruit et de pollution, mais aussi pour limiter les coûts. Une simple godille suffit à le déplacer.
Il l'achète donc sur le Golfe du Morbihan : 1500 € avec sa remorque. Et le tracte jusqu'à sa nouvelle base : Saint-Brieuc. Après 3 navigations de test, d'où Sébastien sort agréablement surpris du comportement du bateau, il entreprend la rénovation de la coque. Il s'agit surtout d'un chantier esthétique qu'une refonte en profondeur.
L'avantage du petit bateau c'est que l'on peut facilement le retourner ce qui facilite le travail de ponçage. Aidé par un oncle garagiste qui lui donne accès à une cabine de peinture, Sébastien peint toute la coque (intérieur extérieur) au pistolet. Puis les oeuvres mortes seront recouvertes d'un film noir brillant (covering). En effet, dans son idée, les bateaux de Sébastien ressemblent plus aux Pen Duick qu'à une baleine blanche…
L'intérieur va rester en blanc avec un aplat de bleu marine. Sur le fond, pour ne pas glisser, Sébastien ajoute de l'antidérapant dans le gelcoat. Côté boiserie, le bateau n'en a que très peu à part le mât. Sébastien les protège avec du saturateur. Pour la performance, il va s'amuser à découper un foc dans un vieux génois. Il le dessine plus grand qu'à l'origine pour tirer un peu le bateau dans les petits airs.
Il va aussi beaucoup travailler sur la remorque qu'il doit entièrement réviser : changement de roulements, de pneus et même refonte du timon qui avait été bricolé avec du bois ! Ce sera l'occasion pour Sébastien d'apprendre à manier le poste à souder.
Sébastien va profiter 3 ans de l'Insolentiae (l'insolant en latin) : un petit bateau à la limite de l'insolence qui s'autorise beaucoup de chose. Avec il navigue entre Bréhat et Saint Quay. Souvent seul, il se régale à pouvoir se faufiler dans les cailloux, aidé par le faible tirant d'eau. Cette coque est très maniable et navigue à une vitesse étonnamment constante.
En point d'orgue, Sébastien réalise son rêve de participer à la Semaine du Golfe qui rassemble beaucoup de voiliers traditionnels dans le Golfe du Morbihan. Avec cette participation, qu'il aborde comme un aboutissement d'une première partie du projet, Sébastien peut désormais penser à plus grand.
Il rêve maintenant de naviguer vers le nord, vers la Norvège. Il met donc en vente sa coque Arcoa (qui sera vendue à Cancale) pour acheter un Scotch, un plan Harlé construit par le chantier Aubain. Mais ça, c'est une nouvelle histoire…