2020 signe le retour du Vendée Globe, le tour du monde réservé aux IMOCA ne se déroulant que tous les quatre ans. Alors cette année, les chantiers d'hiver ont été un peu plus longs que prévu. D'abord en raison de la crise sanitaire liée au Covid-19, mais aussi parce que les bateaux ont été reconfigurés en mode solitaire et adaptés pour une navigation de plus de 2 mois dans des conditions parfois très difficiles autour du monde.
Une V2 du plan VPLP Charal
Si l'objectif était donc la fiabilisation, certains en ont profité pour travailler une toute nouvelle version de leur bateau, à l'image de Charal, l'IMOCA de Jérémie Beyou : "Dans tous les domaines, nous avons poussé le bouchon plus loin pour gagner en performances, sans jamais cependant sacrifier la fiabilité. Nous avons modifié l'équilibre général du bateau, l'étrave, le volume des ballasts, la répartition des poids, le poids de bulbe ; nous avons davantage fermé le cockpit, revu tout ce qui a trait à l'énergie et à l'électronique, construit de nouveaux foils et les puits qui vont avec, fait un nouveau mât et de nouvelles voiles."
Renfort de structure pour MASCF
Isabelle Joschke, qui n'est pas encore qualifiée pour le Vendée Globe, a quant à elle effectuer des renforts de structure sur son bateau MASCF. "Ces renforts étaient une nécessité. C'est un bateau de 2007 qui n'a pas été conçu pour accueillir des foils qui amènent des vitesses supérieures, des chocs plus violents et des charges plus grandes," explique Alain Gautier, team manager du projet MACSF.
Sécurité et ergonomie pour Apivia
Pour beaucoup, les travaux ont porté sur des travaux d'ergonomie, pour améliorer le confort du marin et la vie à bord. Ce qui est notamment le cas sur des bateaux récents, comme Apivia, l'IMOCA de Charlie Dalin. Le pont avant, zone où il est toujours dangereux de s'aventurer, a été sécurisé. Le balcon a été revu et des déflecteurs ont été ajoutés afin que l'eau balaie moins le pont. À l'intérieur, les zones de table à cartes et de repos ont été améliorées. Des caméras ont également été ajoutées pour que le skipper puisse voir l'extérieur, et notamment mieux régler ses voiles, observer la plage avant ou avoir une vision sur l'environnement proche du bateau.
Changements de casquette pour Initiatives-Coeur
Sur beaucoup de bateaux, les casquettes de roof ont été rallongées, comme le veut la tendance sur les dernières conceptions, avec des cockpits très protégés. "Nous avons aussi travaillé sur l'ergonomie avec notamment l'installation d'une casquette fixe qui permet de fermer le cockpit jusqu'au rail d'écoute. Sam dispose ainsi d'un poste de veille très protégé et proche de la manœuvre. Comme le bateau va très vite, il faut limiter les déplacements" explique David Sineau, team manager d'Initiatives Cœur. L'IMOCA de Sam Davies est également doté d'un nouveau mât et d'un nouveau jeu de voiles.
C'est aussi le cas de La Fabrique, le bateau d'Alan Roura, qui pourra désormais naviguer mieux protégé, comme il l'explique : "En 2016, nous n'avions pas la possibilité de couvrir convenablement le cockpit de Superbigou. J'en avais vraiment bavé dans les latitudes les plus au Sud. Avec notre nouveau bateau devenu foiler, les vitesses et l'humidité à bord ont été encore augmentées, tout comme ma vulnérabilité en extérieur. Être trempé tout le temps, je n'en peux plus ! Il est essentiel pour moi de préserver mon intégrité physique afin d'être le plus en forme, et donc le plus performant, possible."
On observe aussi des casquettes plus protectrices à bord des bateaux de Fabrice Amedeo (Newrest-Art & Fenêtres), Kevin Escoffier (PRB), Arnaud Boissières (La Mie Câline-Artisans Artipôle), Stéphane Le Diraison (Time For Oceans), Boris Herrmann (Seaexplorer), Yannick Bestaven (Maître CoQ) — entre autres !
De nouveaux foils pour Arkéa Paprec, LinkedOut et Malizia II
Si l'IMOCA de Sébastien Simon a subi des travaux de renforcement et d'optimisation, il va surtout être doté de nouveaux foils qui seront installés dans les quinze jours à venir. Pour rappel, ces derniers avaient posé de nombreux problèmes au jeune skipper sur les courses de l'année dernière.
Le bateau de Thomas Ruyant — LinkedOut — sera lui aussi équipé de nouveaux foils courant août. En effet, la V1 décrochait trop brutalement une fois le contact avec l'eau, perdu. Les nouveaux plans seront plus stables.
Malizia II, désormais baptisé Seaexplorer-Yacht Club de Monaco, l'IMOCA de Boris Herrmann a lui aussi reçu de nouveaux appendices plus puissants. Avec un nouveau profil d'étrave, le skipper allemand espère bien gagner jusqu'à 2 nœuds de vitesse dans certaines conditions.
Un nouveau cockpit pour LinkedOut
Pour plus de confort à bord, l'espace de vie du bateau a été repensé et l'équipe a décidé de doter l'IMOCA d'un siège ergonomique sur mesure. "Nous avons repensé, réinventé toute l'organisation de vie à l'intérieur du bateau, et autour de ce siège. Position des écrans orientables et pivotants, instrumentation, doublement des bannettes, nous avons véritablement réinventé la cellule de vie intérieure" explique Laurent Bourgès, Directeur du Team TR Racing. Ce siège sera placé dos à la route, en rupture avec les habitudes, mais pour plus de sécurité.
Des mises à l'eau prochaines
Si pour certains le retour à la mer à déjà eu lieu, pour d'autres, le chemin se fait un peu plus long. C'est le cas de Newrest-Art & Fenêtres (Fabrice Amedeo), Prysmian Group (Giancarlo Pedote), Pure-Best Western (Romain Attanasio), Water Family-Oceania Hotels (Benjamin Dutreux), Bureau Vallée (Louis Burton) ou Groupe Apicil (Damien Seguin).
Jean Le Cam (Yes We Cam) prend également le temps de bien préparer son bateau qu'il connait par cœur. Ainsi, la remise à l'eau est prévue fin-juin, début juillet. Stéphane Le Diraison, qui entreprend des grands travaux sur Time For Oceans (implantation de foils, nouveau roof, nouvelle répartition des ballasts), entrevoit une sortie de chantier mi-juin. Quant à Alexia Barrier (4myplanet), elle doit encore trouver les financements pour changer la quille de son bateau, le plus ancien de la flotte IMOCA.