Georges est surprenant. Il change de bateau comme on change de chemise (ou presque). À condition qu'il soit transportable, ce marin a possédé de nombreux voiliers : Dufour T7, Blue Jet, Hobbie Cat 14, Twist, Corneel 18… Son dernier (mais pas l'unique puisqu'il possède encore 2 Belouga et un Virus Plus…) est un Mac Grégor 26 X sur lequel il a apporté de sévères modifications.
Pour ceux qui ne le connaissent pas, le Mac Gregor est un voilier vraiment atypique, une sorte de mouton à 5 pattes du nautisme. En effet, construit aux États-Unis, ce bateau de 7,70 m dispose d'un lest liquide. Ainsi il peut naviguer tranquillement sous voiles (ballast plein) ou bien naviguer au moteur (ballast vide). Dans ce cas, motorisé par un "gros" hors-bord, il atteint des vitesses improbables pour un voilier traditionnel.
Georges nous explique : "J'ai acheté ce Mac Gregor en pensant que ma femme allait naviguer avec moi. En effet, c'est un voilier avec de nombreux atouts : il est confortable avec une grande habitalitée. Il dispose de 6 couchages et de 1,85 m de hauteur sous barrots. Il possède aussi un cabinet de toilette. Et son gros moteur fait que l'on rentre rapidement au port au besoin. Mais malgré toutes ces qualités, nous ne faisons pas plus de croisières ensemble avec ma femme…"
Habitant en région parisienne, Georges se sert de ce bateau pour les vacances. "Après avoir abandonné la voile en 1976, j'ai repris en 2003. J'ai acheté un habitable (un Blue Jet) pour me redonner le gout de la croisière. Mais ce voilier est vraiment très petit. Et j'ai découvert le Mac Gregor."
Le voilier est acheté d'occasion fin novembre 2011. C'est un modèle de 2003 avec un moteur Yamaha 50 ch 4 temps de la même année. À l'achat, le bateau n'a pas fière allure. Il n'a pas servi depuis longtemps. Son mât est en 2 parties manchonnées pour faciliter le transport. "La première chose que j'ai faite est de réparer le génois (que j'ai finalement changé en 2013)." Mais les premières navigations ont révélé que le voilier était sous-toilé. "Après des navigations l'été, j'ai changé le mât en 2016. J'ai mis un mât de 9,60 m, soit 1 m de plus que celui d'origine. La bôme est aussi remplacée par une bôme classique. À l'origine, il y'a une bôme à enrouleur très lourde. Cette fois la grand-voile plus importante va chercher le vent plus haut. Ce voilier qui a une grande surface mouillée et reste lourd demande de la toile. Il pèse aux alentours de 2,2 T en ordre de marche (ballast plein). Il est vrai que je navigue en configuration croisière avec 2 batteries, 100 L d'eau douce, un frigo, de la vaisselle, etc. Autre avantage, le nouveau mât malgré son mètre supplémentaire est plus léger."
Pour remplir le ballast et naviguer sous voiles, rien de plus simple. On ouvre la trappe à l'arrière, une grosse de vanne de 90 mm de diamètre et un évent sous la couchette avant. En 5 à 6 minutes, on voit l'eau à l'avant et on peut tout fermer pour naviguer à la voile. Il n'y a aucun risque de débordement dans le bateau. Une dérive pivotante sort sous le bateau qui est contrôlé par 2 safrans qui encadrent le moteur. "J'ai apporté des modifications aux safrans en les allongeant et en ajoutant de la compensation sur l'avant. Pour ce faire, j'ai collé un morceau de tuyau coupé devant avant de tout reprendre par une stratification. Désormais mon bateau fait un meilleur cap au près."
La navigation au moteur se fait en vidant le ballast : "Il suffit de naviguer à 7 nœuds. Le bateau se cabre et en ouvrant la vanne, le ballast se vide." Ainsi allégé, le Mac Gregor navigue facilement à 14 - 15 nœuds (17 nœuds en pointe) par mer belle, à condition de n'avoir pas oublié de relever la dérive et les safrans. Quand il y'a trop de clapot, il faut obligatoirement ralentir sinon on risque d'endommager le gréement.
Quand on est sous voiles, Georges relève le moteur à l'aide du trim électrique. Mais le poids du moteur continue de peser sur la barre : "J'ai installé une direction hydraulique afin de ne plus être gêné par le poids du moteur. C'est un peu moins précis, mais beaucoup plus confortable."
Aujourd'hui Georges est très heureux de son voilier. Il navigue avec en Bretagne. Tous les ans, il participe à la croisière du Petit Cabotage. Et l'utilise aussi sur le lac de Serre-Ponçon sur lequel il participe aux régates du 15 août.
Souvent dénigré, ce Mac Gregor "aux formes taillées à la serpe", comme le dit Georges, "est souvent dénigré par ceux qui ne le connaissent pas. Avec mes améliorations, il est désormais très agréable sous voile et fait même un très bon cap. Ce n'est pas un bateau de régate, mais c'est un bateau transportable, habitable de catégorie C. Echouable à plat, il est bien adapté au plan d'eau à marée. Et comme son gros moteur lui donne des ailes, c'est aussi agréable pour naviguer contre le courant…"