Après avoir possédé plusieurs voiliers de croisière, Dominique avait envie de se faire plaisir, de naviguer sur un beau bateau. Pour lui un voilier doit être élégant, racé, fin… Passionné depuis longtemps du Centurion 32 du chantier Wauquiez, il se met en quête d'en trouver un d'occasion.
En 2008, après avoir vendu son Hanse 315 (un voilier moderne, mais au look un peu rétro), il trouve son Centurion. Ce sera le n°54 sorti du chantier en 1970.
Une coque saine pour un travail en profondeur
Cette occasion est en vente à Arzal. La coque est saine. Pour le reste, Dominique ne regarde pas. Il a en tête de le rénover entièrement : "Je compare le refit de mon bateau à celui d'une rénovation d'une vieille Jaguar. Je voulais que mon voilier soit le plus beau possible. J'avais en tête de me dire : Que ferait le chantier Wauquiez s'il devait relancer la série du Centurion ? Comment le construirait-il en gardant son âme, tout en le modernisant ?"
Un premier chantier pour la peinture de coque
Une fois acheté, le voilier est confié au Chantier de l'Estuaire. Les ouvriers commencent alors à s'attaquer à la peinture de coque (qui sera bleue marine) et à la réfection du pont. Ainsi le capot ouvrant à l'avant est remplacé et comme le modèle ancien n'existe plus, il faut redessiner et créer tout le support. Les hublots latéraux, même s'ils sont en état sont remplacés par des modèles inox polis miroir. Un nouveau moteur est aussi installé à ce moment.
Quant au cockpit, il est réimaginé avec des modifications des coffres et relaté avec un teck neuf. Sur le pont, l'accastillage est modernisé. Les mains courantes sont nouvelles en inox tout comme le balcon qui est lui aussi remplacé.
La suite dans le Nord
Dominique étant basé à Lille (proche du chantier Wauquiez justement), il fait rapatrier son Centurion par la route dans un chantier plus proche de chez lui à Dunkerque. Cette fois, les aménagements sont entièrement "déconstruits". À part les cloisons maitresses du bateau, toutes les boiseries du bord sont débarquées. Comme Dominique est architecte de métier, c'est lui qui imagine et dessine le nouvel aménagement. Il cherche à moderniser le concept du bateau.
Pour valider ses choix, il va jusqu'à réaliser les meubles "à blanc" pour les positionner avant de commander les modèles définitifs…
Refonte complète
Tout l'intérieur va être modifié. Ainsi la couchette cercueil, dites aussi couchette du navigateur chère aux unités de l'époque, est élargie. La table à cartes et la cuisine restent aux mêmes places, mais sont redessinées. Un frigo et un micro-ondes ont désormais leur place. Grâce à une table de carré diminuée, on peut désormais installer une couchette double dans le carré.
Le passage vers la cabine avant est aussi décalé sur bâbord pour faciliter la circulation. Seule la cabine avant reste à peu près identique que le plan d'origine. Avec autant de travaux, il s'agit là plutôt d'une véritable reconstruction que d'un simple refit !
La couchette cercueil agrandie
Même une clim !
Côté matériau, rien ne ressemble à l'original. Les boiseries sont claires et les coussins de couleurs vives. Bien entendu toute l'électricité est refaite et une nouvelle électronique installée à bord. En plus, Dominique qui navigue en Méditerranée n'hésite pas à installer une climatisation dans le bateau. Certes, elle ne fonctionne qu'en 220 V une fois connecté au quai. Pour qu'elle soit efficace, les vaigrages sont doublés d'un isolant.
Pas de modification du plan de voilure
Côté plan de voilure, celui-ci reste identique. Dominique fait tout de même repeindre le mât en blanc laqué. L'enrouleur est remplacé, mais le génois grade sa grande surface. Justement, ce jeune retraité navigue très souvent seul. Il équipe son Centurion d'un winch électrique sur le piano.
"Je suis attiré par les beaux objets", nous explique-t-il, "Côté voilier, je ne suis pas attiré par les looks trop modernes. Sans partir vers les voiliers classiques, qui me plaisent beaucoup, mais avec leur coque en bois qui demandent trop d'entretien, je trouve que le Centurion se situe à l'exact milieu entre ces deux mondes. C'est une construction remarquable qui navigue très bien en Méditerranée avec sa capacité à faire du près. En plus, son grand cockpit est appréciable ici." Pourtant Dominique n'est pas un régatier : "J'aime naviguer proprement sur un voilier bien réglé. C'est mon bonheur." Quant au détail, il va jusqu'à demander l'autorisation d'apposer sur les 2 côtés de son rouf, un W en inox, le même que celui qui est utilisé sur les gammes de Deck Saloon produites par le chantier actuellement !
Après 5 années de chantier, en aout 2013, le Centurion rebaptisé Bill & Boule II est convoyé par la route vers la Méditerranée. Dominique peut alors en profiter à loisir, retraite aidant. Et n'allez pas lui parler de budget ! "Je ne veux pas savoir combien m'a couté mon jouet. Sans doute trop… mais je l'aime tellement !"