Comme pour beaucoup de navigateurs professionnels, l'hiver est propice aux chantiers d'optimisation des bateaux de course. Et c'était le cas de Samantha Davies, dont le bateau est toujours en fin de chantier au vu de la situation. "Il n'y a plus énormément de travail pour la remise à l'eau. C'est assez rassurant de savoir qu'à la fin du confinement, je pourrais naviguer assez rapidement."
Préparation météo et informatique
En attendant, elle se prépare pour le prochain Vendée Globe, dont le départ devrait être donné en 2020. Une formation qu'elle avait entamée à terre, avec les autres skippers du Pôle Finistère Course au Large, à Port La Forêt.
"Il n'y a pas mal de choses que l'on peut faire à la maison, à commencer par travailler sur le road book météo donné par Jean-Yves Bernot (NDLR Routeur et navigateur). Il y a beaucoup de lecture et des cas historiques à étudier. Nous avons les fichiers Grib (NDLR Données de prévisions météorologiques) et nous pouvons naviguer depuis nos bureaux, avec ces données des années précédentes. On étudie plusieurs cas différents, des situations plus classiques, mais aussi certains pièges qu'il faudra éviter."
Un travail "sympa" qui lui permet de s'évader en mer et de penser à son bateau.
Ce temps passé à terre lui permet aussi de prendre ses habitudes avec les logiciels de navigation. "Nos bateaux tiennent aujourd'hui beaucoup sur les systèmes informatiques et chacun à ses petits logiciels faits maison pour la performance."
Sur ces bateaux complexes que sont les IMOCA, les skippers n'ont habituellement pas le temps de mener à bien toutes leurs nombreuses préparations. Or cette période de confinement leur permet d'aller au bout des choses.
À quand le départ ?
En parallèle, la navigatrice prépare en télétravail avec son équipe la fin de chantier de son bateau pour le départ du Vendée Globe. "On établit des job list, qu'on modifie souvent. On ne sait pas quand on pourra retourner naviguer. Est-ce que ce sera finalement en course ou en entrainement ? Est-ce que le Vendée Globe aura bien lieu au mois de novembre ou sera-t-il repoussé ?"
Un retour à la normale difficile
Des interrogations qui ne l'empêchent pas de continuer à préparer son projet en liaison avec ses partenaires et entreprises qui la soutiennent. "On sait que ça va être difficile pour eux et on travaille à voir comment réduire les coûts. On anticipe, on s'adapte au contexte économique qui sera différent par la suite."
Se maintenir en forme
"Nos bateaux sont très physiques. Si l'on venait à quitter le confinement pour retourner naviguer sans s'entretenir, on souffrirait très rapidement."
Samantha continue donc sa préparation physique à domicile — entre 1 h à 1 h 30 d'activité quotidienne — notamment grâce à sa préparatrice et coach qui lui prépare des séances vidéo et des applications smartphone. "Même si c'est dur de se motiver, avoir quelqu'un qui envoie des séances chaque jour ça met une certaine pression. Ma vie est très sportive et j'ai besoin de continuer à bouger tous les jours pour bien dormir. J'ai un jardin et il a fait beau ces derniers temps, ça aide."
Une hygiène de vie qui fait partie intégrante de son emploi du temps de confinement. "Ça prend du temps pour s'organiser, car comme tout le monde en ce moment je gère aussi mon fils qui bouge beaucoup et pour lequel je gère l'école à la maison. Il faut donc que je lui fasse comprendre que c'est à mon tour de faire du sport. Mais j'ai fait un emploi du temps pour imposer un rythme et il l'a bien compris. "
Une sensibilité particulière à la situation
Avec son projet Initiatives cœur, Samantha est très investie dans la démarche humanitaire pour sauver des enfants, et donc particulièrement sensible à la situation actuelle.
Aujourd'hui, elle suit ça de chez elle. "Certains enfants sont bloqués ici et ne peuvent pas retourner chez eux. C'est assez spécial. Certaines chirurgies sont aussi décalées, car non prioritaires par rapport à la situation actuelle."
Elle se pose aussi la question du "redémarrage" de l'association quand la vie aura repris son cours. "C'est une situation économique difficile et les associations vont particulièrement en souffrir. On imagine comment on va pouvoir les aider."
Avant de conclure "J'ai une pensée pour tous ces enfants et toutes les équipes de soignants. Je leur souhaite bon courage et leur apporte mon soutien, car j'ai l'habitude de les côtoyer dans le cadre de mon sponsoring. Je suis témoin de leur dévouement quand je les vois opérer ces enfants du cœur. Finalement, même si on doit attendre et que l'on souffre de ne pas pouvoir naviguer, ce n'est rien par rapport à ce que vivent les soignants."