En avril 2020 débutera la construction du Leen 56, un trimaran à moteur de 17,10 m construit à La Rochelle par le constructeur français Neel. Au vu du succès rencontré par sa gamme de voiliers à trois coques, le français a décidé de créer une nouvelle gamme de bateaux de grand voyage à moteur, toujours sur trois coques. Un Leen 72 (21,8 m) figure également au catalogue.
"Si ce sont tous les deux des trimarans, on a voulu bien différencier les Neel et les Leen. Le bateau à moteur est donc très différent. On a essayé de faire un bateau plus proche des commuters ou des trawlers, des bateaux avec des timoneries, sur deux niveaux, avec des pavois de belle hauteur. La grande différence entre ces deux gammes, c'est cette timonerie avec un espace salon que l'on ne retrouve pas sur les voiliers. C'est un espace de vie exceptionnel. On a également mis en valeur le flybridge" explique Pierre Frutschi, qui a travaillé sur le design extérieur et intérieur des bateaux.
Un trimaran à moteur pour la grande croisière
Avec cette nouvelle gamme, Neel veut offrir un bateau conçu pour la croisière hauturière (mais aussi la croisière côtière), avec beaucoup de confort à bord, bénéficiant d'une grande autonomie (une transatlantique par exemple pour le Leen 72) et d'une consommation réduite ne nuisant en rien aux performances.
C'est à Bernard Nivelt qu'a été confiée l'architecture de la gamme. En résultent une coque étroite et des flotteurs raccourcis. Une conception qui a d'ailleurs demandé du travail au designer pour leur aménagement.
"C'est un problème compliqué, mais intéressant, de dessiner des trimarans à moteur. L'objectif quand on conçoit une carène, est d'obtenir de bonnes performances avec un minimum de puissance. C'est pour cette raison que j'ai choisi une coque centrale étroite et longue. On s'affranchit ainsi des lois de Froude (hydrodynamie). Cette forme de coque génère néanmoins de l'instabilité, corrigée par les flotteurs", explique-t-il.
Avant d'ajouter : "Si l'idéal est de choisir des flotteurs courts sans aménagement, celui-ci se trouvant uniquement dans la coque centrale, c'est quelque chose de difficilement acceptable sur une taille de bateau de 15 à 20 m, de série de surcroit. On a donc réussi à installer les cabines invités dans les flotteurs et la grande cabine propriétaire dans la coque centrale. Quand on dessine une forme de coque, l'éternel combat et de trouver un compromis entre le minimum d'aménagement et le maximum de confort demandé par les plaisanciers. C'est un challenge fascinant !"
Une construction légère et motorisation hybride
La structure du pont et des coques sera réalisée en infusion sous vide, tandis que les coques en composite infusé sont assemblées dans des conformateurs.
Grâce à cette conception qui présente une faible résistance hydrodynamique, les Leen ne nécessitent que des moteurs de taille raisonnable. Ils recevront un moteur thermique central et deux pods électriques sous les flotteurs. Le moteur diesel assurera la propulsion principale, tandis que les pods électriques seront utilisés pour faciliter les manœuvres de port, soit lors des départs et arrivées d'un mouillage pour naviguer en silence ou encore en motorisation d'appoint couplés au groupe électrogène.
Le constructeur annonce une vitesse de croisière de 12 nœuds pour une autonomie de 300 milles par jour et une consommation inférieure à 2L/milles. La vitesse de pointe sera de 15 à 18 nœuds. Des panneaux solaires seront également installés à bord pour la production d'énergie.
"Le trimaran à moteur permet d'avoir une faible motorisation pour une vitesse élevée. Sur un transat, on pourra naviguer à la vitesse de 10/12 nœuds de moyenne, ce qui est déjà rapide, et consommer environ 1,5 L au mille" ajoute Bernard Nivelt.