Le métier de mediaman
Depuis quelques années, un nouveau métier est apparu dans le monde de la compétition à la voile. Celui du médiaman. Ce dernier est un reporter embarqué, chargé de faire vivre au public la compétition de l'intérieur. Équipé de son appareil photo et de sa caméra il réalise des prises de vues qui pourront être utilisées soit par les teams, soit par la presse ou par les organisateurs de course.
C'est d'ailleurs grâce à la Volvo Ocean Race que le rôle de médiaman s'est popularisé dans le monde de la course au large. Car l'idée est d'embarquer un spécialiste de l'image à bord — qui selon les règles de course peut participer ou non à la navigation — pour permettre aux navigants de se concentrer justement sur la compétition.
C'est donc en ce sens qu'Emmanuel Bachellerie, directeur général de Brest Ultim Sailing, a décidé qu'un mediaman embarquerait à bord de chacun des quatre Ultimes de la Brest Atlantiques. "Nous avions vraiment à cœur de faire vivre Brest Atlantiques de l'intérieur pour mettre en lumière les bateaux extraordinaires que sont les "Ultim" et les marins de grand talent qui les skippent, compte tenu de la difficulté de mener ces maxi-trimarans, de la longueur de la course et de sa complexité d'un point de vue météo, nous avons pensé que ces derniers n'auraient pas vraiment le temps de s'occuper de transmettre de l'image."
Photo prise par le mediaman sur la Volvo Ocean Race 2017
Lumière sur Ronan Gladu, médiaman sur Actual Leader
Contrairement à Yann Riou ou Martin Kéruzoré, deux des grands du métier, Ronan Gladu n'est pas du sérail de la voile. Sa réputation c'est sur les spots de glisse qu'il se l'est construite, notamment avec la très connue série "Lost in The Swell" qui retrace l'aventure de trois surfeurs bretons. Aujourd'hui, il est médiaman pour le team d'Yves le Blévec sur l'Ultim Actual Leader.
Ce Brestois d'origine possède en effet une expérience limitée de la voile en compétition.
"Mes parents avaient un bateau et j'ai fait beaucoup de voile, mais ce qui me plait c'est le surf. Je ne me sens pas de choquer un winch sur ces immenses bateaux qui sont des usines à gaz. Ils demandent certaines expériences et de bonnes connaissances que je n'ai pas." Avant d'ajouter : "J'ai une bonne réputation dans ce milieu, car les gens savent que je ne sais pas naviguer. Je ne représente donc pas une aide potentielle" ajoute Ronan en riant.
Pour autant, pour ne pas gêner les skippers dans leur course, le jeune photographe a suivi plusieurs stages et formations. "Je me renseigne beaucoup, j'ai fait plusieurs stages de sécurité. Je ne veux pas être le maillon faible en me blessant sérieusement. Je fais attention."
Alex Pella, Ronan Gladu et Yves le Blévec © Yvan Zedda
Le cas mediaman sur la Brest Atlantiques
Comme nous l'a expliqué Jacques Caraës, directeur de course de la Brest Atlantiques, "Ce dernier ne participe pas sportivement à la course et peut seulement filmer, photographier ou écrire." Un rôle qui paraissait un peu flou pour certains teams, comme nous l'explique Ronan. : "Nous étions persuadés de pouvoir faire de la veille, mais ce n'est pas le cas. En navigation, j'adore regarder et observer la mer et tout ce qui est extérieur au bateau. Mais sur cette course, ce ne sera que de la contemplation".
Les mediaman n'ont donc aucun droit de manipuler tout ce qui peut jouer sur la performance du bateau, ni de participer aux réparations, mais pourront néanmoins prendre soin des skippers. " On peut gérer le ménage et la nourriture et c'est vraiment bien de faire ça pour eux. Je suis content de participer à ma manière et de prendre soin de mes deux marins."
Son rôle se limite donc à faire vivre au public ce parcours de 14 000 milles entre Brest, le Brésil, le Cap et Brest.
Yves Le Blévec © Ronan Gladu / Actual Leader
Par contre, dans la classe IMOCA, où Ronan a déjà joué le rôle de mediaman, ses "fonctions" étaient un peu plus élargies.
"En IMOCA, ils sont en préparation du Vendée Globe et notre rôle est un peu différent puisqu'on prépare les bases de données photo et vidéos. Sur le Défi Azimut, je faisais juste de l'image, mais sur le Fastnet avec Isabelle Joschke, je pouvais participer à la veille."
Selon les épreuves, en équipage réduit, le mediaman aura donc parfois le droit de participer aux manœuvres. "Dans ces cas-là, c'est souvent un navigant qui joue le rôle du mediaman. Imaginez sur la Brest Atlantiques, qui est une course en double, l'aide, même ponctuelle, d'une troisième main, pourrait avoir une grosse incidence."