Un parcours assez innovant entre l'Atlantique Nord et l'Atlantique Sud
La Brest Atlantiques est une nouvelle course réservée aux Ultimes avec un parcours de plus de 10 000 milles entre Brest, le Brésil et le Cap et Brest. Cette route trace une boucle assez novatrice entre les deux Atlantique, nord et sud, comme nous l'explique Jacques Caraës, le directeur de course.
"La Brest Atlantiques propose un parcours assez innovant de 14 000 nautiques entre l'Atlantique nord et l'Atlantique sud, sans escale, avec 2 marques de passage importantes. La première — Ilhas Cagarras — est située à 2 milles (4 km) de la plage d'Ipanema, à Rio de Janeiro et doit être laissé à bâbord. Les navigateurs devront ensuite contourner l'anticyclone de Sainte-Hélène pour rejoindre la 2e marque, matérialisée par l'ile de Robben Island, devant Cape Town qu'ils devront contourner en la laissant à bâbord avant de remonter sur Brest."
Ce parcours d'une trentaine de jours de mer se joue en duo sur ces trimarans de 32 m par 23 m, qui ne cessent d'être optimisés pour gagner en performance et en sécurité.
"C'est un long parcours ambitieux, sur des bateaux récents, réoptimisés et renforcés depuis la Route du Rhum 2018, avec un équipage de deux personnes et un mediaman."
En effet, à bord de chacun des quatre bateaux est embarqué un médiaman, chargé de raconter la course.
"Ce dernier ne participe pas sportivement à la course et peut seulement filmer, photographier ou écrire. On demande une déclaration sur l'honneur des trois parties. Ils devront contacter la direction de course qui préviendra à son tour le jury de l'aide du mediaman en cas de besoin."
© Yvan Zedda
Un parcours "météorologiquement" intéressant
"Météorologiquement parlant, c'est un parcours intéressant. C'est intéressant de lancer des Ultimes sur un parcours si long."
Car avec des moyennes de vitesse importantes, les participants pourraient découvrir de nouvelles "routes" à travers l'Atlantique.
"Ce sont des montures nouvelles avec des vitesses très élevées à certains angles et axes de vent. Il est donc possible que les stratégies de ces bateaux nous amènent à découvrir de nouveaux passages, les autres bateaux, comme les IMOCA, n'empruntent pas. Pour le retour par exemple, on peut s'attendre à retrouver des remontées plus près de l'Afrique que ce que l'on voit habituellement."
Des escales techniques exclusivement
Ce parcours doit être réalisé sans escale, mais au vu de la technicité des bateaux, l'organisation a autorisé "uniquement les escales techniques, qui ne seront pas pénalisées en temps."
La direction de course devra valider chaque escale technique et donner le feu vert aux équipages en indiquant l'endroit que devra rejoindre le bateau.
© Yvan Zedda
Des passages stratégiques
"Le premier passage stratégique sera celui de l'engagement des dix à douze premières heures de navigation même si le vent portant est intéressant pour la vitesse. Il va falloir doser, car la mer de travers est très agressive. Les skippers vont devoir traverser le golfe de Gascogne en "mode dégradé", soit environ à 60 % des polaires."
Les conditions pour accrocher l'alizé seront parfaites et il ne faudra pas louper le train. Mais la route est longue et de nombreux passages sensibles attendent les duos. "Une fois qu'ils auront touché l'alizé, ils feront cap vers Rio avec du vent fort. Ils devront d'abord passer le Pot au Noir, où le placement habile en longitude plus ou moins ouest permettra de passer le mieux possible. Ils continueront ensuite le long des îles et pourront être ralentis dans la baie de Rio, ce qui pourra avoir un effet de resserrement. Enfin, ils contourneront l'anticyclone de Sainte-Hélène par le sud, avec une stratégie importante."
Car, suivant le positionnement de Saint-Hélène, la flotte sera très proche des remontées d'iceberg. Pour protéger les bateaux et ses skippers, Jacques Caraës a instauré une limite appelée ZEG (Zone Exclusive des Glace) qui interdit aux navigateurs de descendre en dessous du 40° sud (NDLR : Le Quarantième Rugissant), matérialisé par l'ile de Gough (Gough Island), qu'ils devront laisser obligatoirement sur tribord.
"À l'ouest de Gough Island, ils pourront naviguer jusqu'au 40° sud et à l'est de l'île, ils auront la possibilité d'aller jusqu'au 43° sud."
Un début de parcours semblable à celui d'un tour du monde
C'est un choix collégial des skippers, armateurs et de l'organisation de course qui a motivé la création du parcours. Et s'il a été retenu, c'est que le début est semblable à celui d'un tour du monde.
"Ce parcours convient bien, car ces bateaux sont amenés à faire un tour du monde soit en équipage — comme l'a annoncé Thomas Coville — soit un en solitaire – qui figure au programme de la série Ultime série. Et dans un départ de tour du monde, ce parcours pour rejoindre l'Atlantique Sud est le même : même période et même style de descente sur l'Équateur."
Si au début s'est créé un débat sur le sens de ce parcours — d'abord Le Cap puis Rio, le directeur de course a préféré un parcours débutant par le Brésil et passant par l'Afrique. "Il convient mieux au tour du monde que dans le futur, certains feront."