Pour commencer, rassurons les aficionados du Tofinou 9,50 : ce nouveau 9.7 n'a pas vocation à remplacer ce modèle plus ancien qui est parvenu à constituer une belle flotte en Méditerranée. Christian Iscovici, le patron du chantier, a toujours défendu le caractère indémodable de ses Tofinou, à tel point que le 7 M est toujours construit – sans évoquer le Tadorne, qu'on peut toujours commander.
Le 9.7 répond à la demande de propriétaires de Tofinou 8 M qui souhaitent profiter d'un voilier un peu plus grand et rapide tout en conservant la même facilité de manœuvre – foc autovireur et raideur à la toile. Le programme reste inchangé : promenade à la journée, navigation en solitaire et régate.
Un pont signé Peugeot Design
Avant même de démontrer ses qualités nautiques, le Tofinou 9.7 est une incontestable réussite sur le plan esthétique : il parvient à conserver les codes Tofinou – tonture de pont, coque de couleur, pont teck, hiloires en acajou – tout en gagnant un design aussi moderne qu'intemporel. Ces angles subtils du rouf et des hiloires, ce rappel gris du carénage avant sur le tableau arrière évidé, c'est le travail de Peugeot Design. Idem pour les écrans multifonctions, parfaitement visibles pour le barreur même en plein soleil grâce à leur positionnement – un sujet que maîtrisent, on s'en doute, les spécialistes de l'automobile.
Le pont du Tofinou est fabriqué chez Wauquiez avec le procédé de l'infusion ; la coque en sandwich composites, les emménagements, les installations techniques, la finition et la mise au point sont assurés par Latitude 46 à La Rochelle. Pour répondre à tous les programmes, le chantier propose trois types de quille – fixe, relevable ou pivotante. La largeur de coque se limite à 3 mètres ; avec un déplacement limité à 2,3 t lège et un tirant d'eau réduit à 0,90 m – quille pivotante -, le transport sur route est envisageable. Notre modèle d'essai est équipé d'une quille relevable et de deux safrans. Il a également été optimisé pour la régate avec un mât carbone, une paire de winches supplémentaires sur le rouf et bien sûr des voiles haut de gamme.
Motorisation électrique
Notre 9.7 est équipé d'un moteur électrique Torqeedo de 10 KW – soit une puissance comparable au diesel de 15 ch livré en série. Deux batteries de 5 KW – 35 kg pièce – assurent une autonomie limitée à pleine vitesse. Mais on peut tenir deux à quatre heures à 4/5 nœuds. Dans le cockpit, quatre coffres et encore un grand volume de rangement sous la plage arrière.
A l'issue d'un envoi des voiles aisé, on mesure immédiatement que ce Tofinou n'a finalement pas vraiment besoin de moteur – sinon lors des manœuvres de port. Notre voilier démarre en effet dès les premières risées et tient facilement la vitesse du vent (tant qu'il est faible, bien sûr). Notre session se poursuit avec un petit thermique de 10 nœuds : on relève 6,5 au GPS et un cap à 28° du vent apparent.
Une barre douce et précise
La précision et la douceur de barre sont exceptionnelles. Le plan de pont est optimisé pour un équipage ou un solitaire : les banquettes du cockpit sont divisées en deux parties – 117 cm de longueur à l'avant, 90 à l'arrière. Entre elles, les deux retours supportent les winches principaux. Toutes les manœuvres empruntent un circuit sophistiqué de goulottes, ce qui participe à un pont visuellement épuré. La position de barre est excellente, y compris au rappel. Des cale-pieds triangulaires en teck permettent à l'équipage de supporter la gîte. Ces pièces sont réversibles pour disparaitre au niveau du cockpit, lequel propose quatre coffres – il y a encore un grand volume de rangement sous la plage arrière.
Foc autovireur
Le foc autovireur simplifie évidemment les virements de bord – on change de bord et c'est tout… Le grand spi asy, amuré sur un bout-dehors fixe, permet d'enclencher le turbo : la vitesse grimpe rapidement à 8/9 nœuds avec une top speed de 10,5 nœuds à la faveur d'une risée. Même en cherchant à loffer au maximum, la gîte reste raisonnable et les safrans ne décrochent pas. Le Tofinou 9.7 en a sous le capot…
Emménagements minimalistes
On parvient à l'intérieur grâce à un capot monté sur vérins dont le panneau supérieur s'encastre sur sa base – une astuce qui permet de ne pas masquer l'étrave au barreur. Le panneau de descente, lui, se stocke dans un emplacement ad hoc. La largeur de coque offre un volume satisfaisant, mais la hauteur sous barrots se limite à 1,34 m. Le prix à payer pour profiter d'un beau voilier au franc bord limité. Un regret : il n'y a aucun hublot.
Dans la version de base, on bénéficie d'un lit breton à l'avant et de deux grandes banquettes latérales qui peuvent faire office de couchettes. Un intérieur un rien spartiate, mais compatible avec le programme day boat du 9.7. Pour une utilisation weekender, un pack d'options assurent un semblant de confort.