Interview / Les voiliers Class40, les raisons d'un succès selon le skipper Louis Duc

Class40_Crosscall_Chamonix-Mont-Blanc © Eric Gachet

La Class40 est née en 2004, en 15 ans elle a su évoluer et gagner en maturité. Si elle réunit amateurs et professionnels, le niveau s'est sensiblement élevé et de nouveaux bateaux ultras performants ont vu le jour. Dynamique, elle est l'une des classes les plus représentées sur les départs des grandes courses au large. Quelle est la raison d'un tel succès ? La réponse avec Louis Duc, l'un des skippers incontournables de la classe.

Une longue carrière en Class40

C'est en 2005 que Louis Duc pose pour la première fois un pied à bord d'un Class40. À cette époque, la Class40 émerge à peine. Alors qu'il prépare la Mini Transat, il a l'opportunité de participer à la Rolex Fastnet Race avec Bertrand de Broc sur un Jumbo 40, le tout premier Class40.

Depuis, il n'a de cesse de courir en Class40 et devient un des ténors de la Class40. À 36 ans, il compte déjà cinq participations à la Transat Jacques Vabre, plusieurs Québec Saint-Malo et encore deux Routes du Rhum.

Ce qui lui plait en Class40, "c'est de pouvoir naviguer avec une flotte de prototype assez homogène et d'accéder aux grandes courses au large médiatiques avec des budgets réduits et raisonnables."

En effet, on retrouve au programme des Class40 des courses très prestigieuses telles que la Route du Rhum ou encore la Transat Jacques Vabre.

©Eric Gachet

La Class40, un niveau élevé et des bateaux en constante évolution

Les acteurs de cette classe ont aussi évolué durant ces dix dernières années et le niveau de compétition y est désormais très élevé. "C'est une classe qui a toujours été intéressante, mais dans laquelle le niveau moyen a progressé. C'était peut-être plus amateur au début" nous explique Louis Duc.

En effet, actuellement, on y trouve nombre de coureurs professionnels et des bateaux à la pointe de la technologie. "Les générations de bateaux se succèdent au sein d'une jauge relativement stable et restreinte, mais dans laquelle on peut faire de véritables prototypes."

Ainsi, les voliers récents se démarquent de l'ancienne génération par leurs étraves très volumineuses se rapprochant des scow. "On fait évoluer les bateaux sans provoquer de rupture avec le reste de la flotte. La classe est homogène"

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Rivaliser avec les IMOCA

En matière de performances, les nouveaux Class40 concurrencent farouchement les IMOCA des années 2000. "C'est le cabinet Lombard qui a développé mon bateau, le Lift40. En 1998, ils avaient conçu le Pingouin pour la navigatrice Catherine Chabaud, cet IMOCA a aussi participé au dernier Vendée Globe entre les mains de Romain Attanasio. Et quand ils sont venus naviguer au reaching sur mon Class40, les résultats étaient les mêmes que sur l'ex-Whirpool. C'est vraiment bluffant".

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Une classe dynamique

En dehors de coûts accessibles, la Class40 est une classe dynamique. Elle attire de nombreux skippers et offre un large choix de bateaux. "C'est une classe raisonnée, avec un marché de voilier qui s'achètent et se revendent sans problème."

Et justement, ce panel de bateaux permet au plus grand nombre de se lancer en Class40. "Ce qui m'a donné envie de continuer, c'est la possibilité de jouer la performance même avec de vieux Class40. On peut du coup se révéler en compétition ; se faire connaitre et avoir l'occasion ensuite de construire un bateau neuf au top. C'est inimaginable en IMOCA ou en Ultime."

©Eric Gachet

Une classe accessible pour les sponsors et coureurs

L'aspect financier est pour Louis, une des raisons principales du succès de la classe. "Sur la Route du Rhum 2006, c'est la première classe à s'être structuré afin de permettre d'y participer à des coûts raisonnables. C'était un des fondamentaux de la Class40. L'idée était de capter des coureurs aux budgets modestes évoluant ensemble, mais sur des bateaux disparates et de leur proposer une monture simple, fun et performante."

En effet, à l'inverse des Imoca et des Ultim à la technologie ostentatoire, les Class40 ont un coût raisonné et permettent aussi de participer à des courses prestigieuses et médiatiques.

On accède tout de même à des bateaux très technologiques, mais sans exubérance. En cela, ils sont peut-être en phase avec leur époque : chercher l'efficacité avec des contraintes de simplicité et donc d'économie.

La jauge promeut l'évolution des Class40, mais encadre strictement les dérapages financiers en interdisant le carbone ou les foils. Cette démarche permet de considérablement baisser l'enveloppe budgétaire et de proposer aux sponsors et coureurs des régates passionnantes au niveau sportif élevé.

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