"Nous souhaitions que les gens retrouvent l'ADN course au large du chantier Marée Haute"
C'est avec ces mots d'Éric Brulé, le co-dirigeant de Marée Haute, que commence la visite du Django 8 S. En effet, il y a une quinzaine d'années, le chantier de Tregunc s'était fait connaitre avec la production de Mini6.50 avant d'élargir leur gamme vers les bateaux de croisière rapide.
Le chantier qui collabore de longue date avec l'architecte Pierre Rolland, a développé une gamme de 5 Django allant de 5,50 m à 12,70 m. En 2019, le Django 8S intègre la gamme et se positionne comme un gros mini prêt à s'aligner sur les régates hauturières.
Un petit bateau boosté pour le large
Cette fois, Marée Haute souhaite s'illustrer sur les courses hauturières IRC comme la Transquadra, l'Armen Race ou le Fasnet. La popularité croissante de ces régates attire de nombreux constructeurs -petits et grands- qui se livrent une bataille sans merci pour s'imposer dans ce nouveau format de course.
Ces régates nécessitent souvent l'homologation du bateau en catégorie A. Les contraintes liées à cette homologation sont de plus en plus dures à obtenir pour les petits voiliers légers. Mais le chantier Marée Haute a la chance de disposer dans sa gamme du Django 7.70, qui a obtenu la catégorie A il y a 10 ans lors de sa certification.
Ainsi le constructeur a "détourné" la coque du Django 7,70 pour le booster et tutoyer les limites du rating acceptable pour les courses types Transquadra.
Un cockpit optimisé par la performance
Quand on arrive sur le Django 8S, la première impression est conforme à l'esprit du bateau : pouvoir naviguer efficacement en équipage réduit.
Et pour cause, c'est le figariste Gildas Mahé qui fut consulté pour l'optimisation des manœuvres. Le cockpit s'articule autour d'un poste de barre et d'un poste de manœuvres. Le barreur disposera d'une position confortable avec, à portée de main, les réglages de GV et le winch d'écoute. Aux manœuvres, on agira sur toutes les drisses et réglages fins de part et d'autre du capot de descente.
Au fond du cockpit, on trouve le radeau de sauvetage. Il est logé dans un décaissement, l'emplacement est judicieusement choisi tant pour l'accessibilité que pour la répartition des poids.
Un gréement moderne et efficace
Pour le gréement, le chantier a aussi consulté le coureur Gildas Mahé. Il a orienté Marée Haute vers un espar en carbone avec un haubanage de type "cathédrale" à un étage de barres de flèches poussantes.
Sur le bateau visité, la grand-voile à corne de 29 m2 est complétée par un solent (21 m2) à ris monté sur mousqueton, c'est pertinent avec programme de navigation en course au large.
Une delphinière en carbone stratifiée à la coque, porte la longueur totale à 8,60 m et permet de gréer un code 0 ou un spi asymétrique. Mais le spi symétrique et son tangon sont également à bord afin de pouvoir assurer une descente satisfaisante au vent arrière.
Les déplacements sur le pont sont un peu entravés par les bas-haubans repris sur les bordés, mais c'est également un gage de bonne tenue pour le gréement. Les ridoirs reviennent au liston ce qui permettra à ceux qui le désirent de jouer sur la courbure du mât et la tension générale.
Le roof a une personnalité bien marquée. Une partie de celui-ci est en sifflet, mais une autre portion intègre des hublots frontaux comme de nombreux coursiers contemporains. Ce roof a l'avantage d'offrir une vision des voiles lorsqu'on est à l'intérieur.
Un aménagement minimaliste
La découverte de l'intérieur donne une première impression de fonctionnalité. Conformément au programme de navigation qui impose la légèreté comme maitre mot, l'aménagement intérieur est très minimaliste.
La finition est sommaire, mais propre. Le drapages des tissus est apparent tout comme dans les derniers Sun Fast ou le Figaro Bénéteau. On voit que le mastic a perdu la guerre des poids superflus.
Au fond du coqueron avant, on distingue le crash box. En se retournant, on découvre une cloison arrière étanche qui sépare les tubes de jaumière du reste du voilier. Des volumes de flottaison sont distribués dans le bateau.
Un volume ouvert et organisé pour la performance
La table à carte, accrochée à l'épontille de mât, casse l'agréable impression de volume, il est probable qu'elle disparaisse rapidement. Les banquettes de carré et la cabine avant sont équipées de toiles antiroulis.
Toujours dans le carré, on dispose de nombreux espaces de matossage afin de répartir les poids au mieux. Dans les bannettes arrière, il n'y a pas de toile de matossage, c'est dommage. Cependant, des équipets qui courent le long des bordés permettront de matosser les packs d'eau.
Au centre du carré, la petite table permet de manger confortablement à deux (c'est le programme du bateau) et occasionnellement à 4. Le carré est organisé de manière à offrir un matossage facile, on sent que les régatiers ont donné leur cahier des charges.
À tribord de la descente, on trouve la cambuse équipée d'un double réchaud et d'un évier. À bâbord, un espace encore vide permet d'accueillir un éventuel coussin à billes cher aux coureurs au large pour un court repos. C'est aussi à cet endroit que se situe le petit tableau électrique.
La cale moteur est suffisamment accessible pour effectuer l'entretien courant.