La Division 240 est le texte qui régit les conditions et les matériels de sécurité pour la navigation de plaisance. Elle a été actualisée le 1er juin 2019. Parmi les modifications, la commission a fait des choix concernant le gilet de sauvetage : les règles ont un peu évolué.
La volonté de cette évolution est d'encourager le port du gilet de sauvetage. À titre d'exemple, le texte indique que le gilet n'est pas obligatoire sur une annexe (engin qui navigue toujours à moins de 300 m de son bateau d'origine), mais le texte recommande pourtant fortement d'embarquer "autant d'équipements individuels de flottabilité présentant un niveau de performance de 50 N de flottabilité que de personnes à bord de l'annexe." Ce texte semble donc aller dans le bon sens, en responsabilisant les plaisanciers sur leur sécurité.
Pourtant un point du texte a éveillé notre curiosité. L'article 240-2.04 qui parle des gilets de sauvetage quand on navigue entre 2 et 6 milles d'un abri, permet désormais de se passer de gilet si l'on porte une aide à la flottabilité de 50 N… Pour bien comprendre notre étonnement, il convient de bien faire le distinguo entre une aide à la flottabilité 50 N un gilet de sauvetage 100 N et plus.
L'aide à la flottabilité 50 N
C'est un abus de langage de parler de "Gilet de sauvetage 50 N". Le produit s'appelle réglementairement "Aide à la flottabilité". Ce n'est qu'à partir de 100 N de flottabilité (le minimum pour assurer le retournement), que le produit s'appelle "Gilet de sauvetage".
Un modèle 50 N est la plupart du temps assez spécifique, dédié à un type de pratique. Si l'on prend le catalogue Plastimo (spécialiste français de la sécurité en mer), on trouve différentes références :
- la brassière Storm assez universelle, pas chère, mais peu confortable.
- le modèle Jibe pour dériveur, paddle, kitesurf (coupe courte et emmanchures larges pour une mobilité accrue, avec un anneau pour le harnais de kite),
- le modèle Passion pour le ski nautique, (coupe haute pour une activité qui se pratique debout)
- le modèle Rodeo pour dériveur, cata de sport, canoë-kayak (coupe courte sur le buste, emmanchures larges et poches diverses)
On le voit, il n'y a pas une seule aide à la flottabilité réglementaire, mais des modèles adaptés à chaque pratique. D'ailleurs, Plastimo a estimé raisonnable de porter la flottabilité réelle à 70 N sur les modèles Passion et Rodéo, alors que la réglementation n'exige que 50. Cette marque qui conçoit ses gilets dans son bureau d'étude de Lorient depuis plus de 50 ans a une légitimité et une expertise en matière de performances et d'attentes des plaisanciers.
L'aide à la flottabilité est parfaitement adaptée pour un pratiquant qui navigue sous couvert d'un bateau accompagnant pour la sécurité (école de voile, ski nautique…). Ces pratiquants sortent par beau temps avec des vêtements légers et peuvent facilement nager s'ils tombent à l'eau d'où ils seront rapidement récupérés.
Côté accessoires, ces équipements 50 N ne possèdent pas de sifflet, ni de bandes réfléchissantes. Leur couleur n'est pas fixée par la réglementation (certains sont même noirs ou bleu marine : pas faciles à repérer dans l'eau). Ils ne possèdent pas de boucle de repêchage, et surtout n'assurent pas le retournement et ne soutiennent pas la tête hors de l'eau.
Gilet de sauvetage 100 N et plus
Ce n'est qu'à partir de 100 N que le soutien de la tête et le retournement sont exigés. C'est aussi à partir de ce type de gilet que l'on peut flotter sans avoir à nager (donc même si l'on est inconscient). Et c'est aussi seulement à partir des modèles 100 N que la notion de repérage est traitée sérieusement, avec l'obligation pour le gilet d'être de couleur vive, d'être équipé de 100 cm² de bandes réfléchissantes et d'un sifflet.
À noter que les gilets gonflables, beaucoup plus confortables que les gilets mousse, ne sont disponibles qu'à partir de 150 N. Ces gilets sont homologués quelle que soit la distance de navigation d'un abri et offrent évidemment une meilleure sécurité que tous les autres modèles. Ils possèdent tous les accessoires cités précédemment et même d'autres (capuches, de protection, lampes de repérage…).
D'ailleurs, çà n'est pas un hasard si pour les enfants jusqu'à 40 kg (ne sachant pas forcément nager), la réglementation estime qu'il ne faut pas moins de 100 N avec soutien de la tête et éléments de repérage et ce, quelle que soit la distance d'un abri.
Des plaisanciers plus responsables
Les efforts réalisés par les fabricants pour offrir des gilets gonflables plus agréables à porter, plus "lookés" et moins chers à l'achat commencent à porter leur fruit. Il n'est plus rare de voir des navigateurs quitter le port avec leur gilet sur le dos, même par beau temps. De nombreux règlements de course à la voile imposent aussi le port du gilet. La pédagogie enseignée par les media contribue aussi à rendre le produit très familier et compris du grand public.
Nous ne pouvons que nous inscrire dans ce sens d'une meilleure sécurité et vous conseiller le mieux même si réglementairement parlant, vous pouvez naviguer avec juste une aide à la flottabilité sur vous…
D'après le texte officiel, quand on navigue à moins de 6milles d'un abri, il faut avoir à bord :
"Autant d'EIF (Equipement Individuel de Flottabilité) présentant un niveau de performance d'au moins 100 N de flottabilité que de personnes embarquées. Toutefois, ces équipements ne sont pas obligatoires pour les personnes sachant nager et qui portent effectivement :
- un EIF qui présente un niveau de performance d'au moins de 50 N de flottabilité, ou
- une combinaison humide en néoprène ou sèche…"
Vous pouvez donc être en règle si vous portez une aide à flottabilité 50 N et si vous savez nager (beaucoup de "si"…). Mais nous ne pouvons pas le conseiller vu les caractéristiques de ces matériels. Un plaisancier consciencieux et responsable aura tôt fait de s'équiper d'un "vrai" gilet plus performant.