Les chants de travail
Chants à hisser
À l'époque, ce sont les marins qui hissent les voiles des navires, à la seule force de leur bras. Les efforts demandés sont intenses et les mouvements réalisés par à-coups et en cadence doivent être coordonnés. Le chant sert alors à trouver le bon rythme pour hisser la voile, et motive la foule pour décupler leur force.
Ce chant est une alternance de solo et de chœur. Le soliste impose le rythme de la chanson — un deux temps composés — et les matelots reprennent le refrain.
Exemple : Le pont Morlaix, Jean-François de Nantes
Cercle Celtique Anjela Duval Paimpol
Chants à virer, au cabestan ou au guindeau
Virer l'ancre est un terme utilisé dans la marine qui signifie "relever l'ancre". Ce chant est donc utilisé principalement pour les départs et se rapproche des chants à déhaler (déplacer un navire par ses amarres).
- Le cabestan
Pour virer, les marins s'aidaient d'un cabestan — un treuil à axe vertical sur lequel étaient fixées des barres et que les marins poussaient pour faire tourner le treuil et relever le mouillage.
Les marins devaient tenir la cadence et éviter les à-coups. Le rythme de marche peut être rapide ou lent — deux temps simple ou composé ou quatre temps — et les chansons sont souvent joyeuses.
Exemple : le corsaire, le grand coureur, trois marins de Groix
- Le guindeau
Le guindeau est aussi un treuil à axe vertical actionné par un système de balancier. Les marins poussaient alternativement sur l'une ou l'autre des leviers, en cadence. Le tempo des chants utilisés était lent, mais saccadé avec un rythme décomposé en deux ou quatre temps marqué ou composé.
Exemple : Roulez jeunes gens, roulez, Hardi les gars
Chants à pomper
Les chants à pomper sont souvent des champs à virer. Ce sont les chants fredonnés par les marins qui évacuaient l'eau de mer accumulée en trop grand nombre pendant les traversées.
Exemple : Encore et hop et vire
Chants à nager/ramer
On parle ici des chants entonnés lors d'une navigation à la rame. Le rythme est lent pour s'accorder au mouvement des avirons — et les paroles plutôt tristes sur un rythme à quatre temps.
L'Hermione ©Agathe Roullin
Chants à déhaler
Déhaler signifie déplacer un navire au moyen de ses amarres. En effet, lorsqu'un navire arrivait au port, il fallait bien souvent le guider en le tirant. Il y avait deux rythmes de chants :
- Un chant lent pour accompagner les marins qui marchaient d'un pas lourd pour produire un effort constant
- Un chant proche du chant à hisser avec plus de rythme pour accompagner les marins immobiles qui tiraient les cordages par à-coups. Le rythme — deux temps simples ou quatre temps — ainsi que le tempo était donné par un soliste.
Les chants de détente
Chant de gaillard d'avant
Le gaillard d'avant était la partie du bateau où se reposait l'équipage lorsqu'il n'y avait pas d'activité ou venait fumer, en raison des risques d'incendie à bord. Pipe en bouche, ils fredonnaient alors des chansons pour rêver ou des chants tristes ou monotones, accompagnés d'instruments de musique, qui ne se caractérisaient pas aucun tempo ni rythme spécifique.
Complaintes
Les complaintes évoquent les conditions de travail difficile, la femme laissée à terre, le village déserté. La mélodie est lente et mélancolique, sur un rythme à deux ou quatre temps de type balade et joué dans des tonalités mineures.
© Festival du Chant de Marin - Paimpol
Chant à danser
Lors des périodes d'inactivités, les marins peuvent être amenés à se bagarrer. Pour éviter les querelles et les occuper, ils dansent sur des rythmes à trois temps, la valse ou la polka.
Ce sont aussi les chants que l'on chante au port, dans les tavernes. La musique est très variée, depuis le ton mélancolique pour danser ou fredonner — deux ou trois temps composés — jusqu'à la chanson à boire — deux temps.