Un mystère resté entier jusqu'en 1981
Owen Beattie, un anthropologue canadien, fasciné par le sort de l'expédition Franklin, nourrit le projet de découvrir les causes du décès des membres d'équipage dont on avait, au milieu du 19e siècle, retrouvé certains corps.
Il se rend sur l'Ile du Roi-William accompagné d'une équipe de techniciens légistes afin de réaliser des prélèvements et des analyses. Des prélèvements sont effectués sur les corps exhumés d'une douzaine de marins de Franklin. En les étudiant, ils notent les marques d'une forte carence en vitamine C (générant la maladie du scorbut) sur tous les ossements ainsi que des marques de dépeçage sur beaucoup d'autres confirmant les cas de cannibalisme...
Une expédition décimée par le saturnisme
Les prélèvements effectués démontrent aussi, après leur exploitation en laboratoire à Ottawa, une très importante concentration de plomb dans tous les tissus. Les niveaux de concentration de plomb relevés correspondent au niveau le plus élevé de l'intoxication au plomb. Ce saturnisme conduit immanquablement à la folie après de très importants troubles cognitifs. Le plomb présent dans les corps provenait des soudures de certaines boîtes de conserve et surtout des cuves des eaux de boissons issues des dessalinisateurs présents à bord (ces cuves étaient recouvertes de plomb).
La recherche et la découverte des navires
Au début des années 2010, le gouvernement canadien décide de retrouver les navires de l'expédition Franklin. Une équipe des parcs nationaux canadiens, munis de sonar à ondes courtes découvre l'Erebus en 2014 à 300 km de l'Île du roi William. Puis c'est l'épave du Terror qui est retrouvée en 2016, 100 km plus au nord. Les deux navires ont sombré, vides et intacts.
L'assemblage des pièces du puzzle
Les témoignages inuits recueillis par Mc Clintock en 1854, les reliques retrouvées au village, la lettre présente sur un marin, les conclusions médicales des équipes de légistes et les épaves récemment découvertes permettent d'imaginer le sort de cette expédition malheureuse.
On en déduit que les navires sont restés bloqués par la glace. Les hommes se sont alors séparés en plusieurs groupes. Certains sont demeurés deux ans près de leur navires tandis que d'autres ont entrepris de rejoindre la civilisation par voie de terre. Ces groupes ont abandonné des navires intacts, mais pris dans les glaces, laissant sur place une grande partie de leurs provisions. À court de vivres, affaiblis, en proie au scorbut et à la folie, les anciens camarades se sont entre-dévorés et les restes du dernier groupe découvert par Mc Clintock n'ont jamais pu rejoindre la civilisation.
Ils avaient en tout cas franchi, pour la première fois, la plus grande partie du passage du Nord-Ouest.