Le plus petit des Océanis — la gamme croisière de Bénéteau — en offre beaucoup pour sa taille. On sent que le chantier connait son sujet et va droit au but en s'entourant du Cabinet Finot-Conq et de Nauta (pour le design intérieur).
Créer sous contraintes est passionnant pour des architectes comme ceux du cabinet vannetais. Afin de remplacer l'Océanis 31 — un peu plus grand - leur mission était complexe : réduire les dimensions du bateau tout en gagnant sur le pont, et à intérieur, de précieux centimètres qui feront la différence en termes d'habitabilité et de confort. Mais le cahier des charges ne s'arrête pas là, puisque ce Bénéteau compte dans sa famille les grands Océanis Yacht.
Bien que le benjamin de la gamme, il se doit d'être élégant et valorisant. Si ce voilier cible les utilisateurs sensibles à la simplicité d'utilisation, il doit aussi être performant dans son programme de navigation de croisière côtière et accessible financièrement.
Un bateau dans l'air du temps avec un maximum du volume
On pourrait craindre qu'un tel volume soit obtenu au détriment de l'esthétique, mais les designers ont trouvé les bonnes proportions entre le franc-bord et le roof.
Contactés par la rédaction les architectes nous expliquent : "C'est une toute nouvelle génération de carène, avec des courbures et des répartitions des volumes différents. Ce dessin est issu du récent Océanis 46.1 qui a démontré de très bonnes performances."
La carène, forcément assez ronde, confère du volume à l'aménagement. L'étrave et la poupe sont droites pour gagner de précieux centimètres de coque et de pont. Avec, à l'arrière, des bordées presque verticales, les bouchains donnent stabilité et puissance à la carène, avec un maximum de volume dans la cabine arrière et le coffre de rangement. Arrivé à l'étrave, le bouchain se transforme en redan, pour gagner quelques centimètres supplémentaires dans la cabine avant, tout en appuyant le bateau à la gite.
L'étrave est joufflue, signe de puissance, comme on a pu le voir sur les derniers plans du cabinet Finot-Conq, réputé pour ses voiliers de croisière rapide.
Pour gouverner l'Oceanis 30.1, les architectes ont choisi le bi-safran "Pour nous, c'était une évidence", explique David de Prémorel, avant d'ajouter "seuls les bi-safrans permettent d'envisager un bon contrôle à la gite. De plus avec le dériveur intégral ou avec la version quille relevable, le mono-safran, était trop long". Le cabinet laisse entendre que la version quille relevable sera la plus performante.
Gréement et plan de pont simple
Le cahier des charges cible une utilisation axée sur la simplicité, alors sur l'Océanis 30.1 vous ne trouverez pas de pataras pour tenir la tête de mât, pas de rail de grand-voile pour régler l'incidence, mais une delphinière et un foc autovireur en version de base avec seulement 3 winchs. L'accastillage est minimaliste et ce n'est pas un défaut, il faudra confirmer à l'usage s'il n'est pas un peu sous-dimensionné à l'image de winchs de 20 au piano.
Évidemment, ce bateau n'est pas destiné à un usage intensif dans une mer formée. L'emplacement des winchs d'écoute est résolument dicté par la recherche d'un cockpit convivial au mouillage, mais ils ne sont pas idéalement placés pour manœuvrer facilement.
Tendance oblige, une version double barre à roue est disponible, sur un bateau de 9 m la position assise entre le balcon et la barre est étriquée. On peut se poser la question de cette option sur voilier de moins de 9 m. Mais force est de constater que le résultat est satisfaisant si l'on barre peu, on appréciera alors la table de cockpit et son arceau toujours à poste.
Le cockpit semble accueillant, lorsque l'on s'assoit, il y a une petite déception concernant les hiloires, trop basses pour être confortable. À tribord, dans le cockpit, on ouvre un très grand coffre de rangement, trop profond pour être pratique.
La circulation sur le pont ne pose pas de problème, mais on note que le large roof limite la taille des passavants permettant d'accéder à l'étrave. La plage avant est encombrée par le roof qui se prolonge loin, mais celui-ci étant plat, on circule en sécurité pour accéder à la baille à mouillage ou aux taquets d'amarrage.
Sous le pont, volume et luminosité
En pénétrant à bord, la première impression est très favorable. C'est clair et volumineux. Un grand hublot de coque donne une luminosité très agréable à bord. La descente est douce (3 marches à presque 35°). Pour atteindre 1,98 m de hauteur sous barrot dans la partie centrale du bateau, les planchers sont au niveau des varangues apparentes.
L'impression de volume du carré est très agréable. Au bout de quelques instants, on a le sentiment qu'il manque quelque chose. Ce sont les habituels équipets le long du bordé. Les rangements sont donc limités aux espaces disponibles sous les banquettes.
Le meuble central, avec ses abattants de table, offre quelques rangements supplémentaires.
Au pied de la descente, à bâbord, la cuisine en L est fonctionnelle, là encore peu de rangements. Elle est équipée d'un frigo de 75 litres et d'un four. La grande salle de bains se divise entre toilettes d'un côté et douche-vasque de l'autre.
La cabine avant est vraiment spacieuse pour cette taille de bateau. Elle est judicieusement équipée d'une porte à double abattant qui augmente considérablement l'impression générale de volume du bateau.
Pour atteindre 1,85 m de hauteur dans les cabines, elles sont dépourvues de plancher. À l'avant, en entrant, on descend un petit niveau et l'on pose ses pieds sur le contre-moule. Par contre dans la cabine arrière, l'absence de planchers est problématique : en raison de la section de coque très arrondie, on glisse sur l'antidérapant du contre-moule de coque. Ce n'est ni confortable ni pratique, mais ça permet un maximum de gain en hauteur sous barrot.
Transportable en gabarit routier ?
Bénéteau insiste sur le fait que l'Oceanis 30.1 est transportable, mais n'imaginez pas tracter le bateau derrière votre SUV, il fait presque 4 tonnes à vide. On pourra tout de même envisager un transport professionnel à des prix acceptables. Les 3 m de large, imposés au cahier des charges permettent surtout un coût de transport raisonnable pour exporter ce bateau dans toute l'Europe au départ de la Pologne, son pays de fabrication.