Interview / Yoann Richomme : "La Class40, c'est une belle porte d'entrée pour trouver des partenaires pour la suite"

Dernière partie de notre interview de Yoann Richomme qui explique ses projets pour la suite de sa carrière. Après 7 ans en Figaro Bénéteau, il s'est lancé en Class40 pour la Route du Rhum 2018 et aimerait monter un projet de Vendée Globe.

Tu as des ambitions de Vendée Globe. Ce passage en Class40 c'était un one-shot pour atteindre ton objectif ou comptes-tu continuer ?

Clairement, à la sortie de mon sponsoring avec la Macif (NDLR : Yoann Richomme était skipper Macif 2014), je n'avais plus de sponsor ni de réseau. Il a fallu un an et demi pour tout reconstruire, pour trouver un projet qui mène au Vendée Globe. Le but du jeu c'était de revenir dans le match et de trouver un projet à moi.

J'ai fait 2 Transat Jacques Vabre avec Damien Seguin en Class40, donc je connaissais pas trop mal le support. Mais c'était la première fois que je menais un projet dans cette catégorie.

Aujourd'hui, je n'ai pas de sponsor qui puisse m'amener sur le prochain Vendée Globe. AIC et Veedol s'arrêtent. Ce sont de gros investissement pour eux et ce n'était pas voué à perdurer. Le timing commence aussi à être serré et c'est un projet que j'aimerai mener dans de bonnes conditions. J'ai fait beaucoup de sacrifices pour ce projet en Class40 et je ne veux pas me lancer dans un projet de Vendée Globe coute que coute.

J'ai des partenaires qui ont été motivés par cette Route du Rhum. On est en phase de réflexion, d'analyse de ce que l'on pourrait faire par la suite. Mais c'est avant tout une question de budget et pas d'envie. On prendra une décision en décembre.

Dans tous les cas je serais content de trouver un partenaire qui s'engage sur la durée quitte à faire un ou deux ans de Class40. Mon sentiment c'est que je n'ai pas eu le temps de finir le travail sur le bateau. Il n'est pas encore fiabilisé, j'aurais encore pu plus tirer dessus. Alors, pourquoi pas embrayer avec une Transat Jacques Vabre l'année prochaine ? Le bateau a été financé par AIC, il lui appartient, mais je peux soit l'utiliser, soit le louer ou alors le vendre si je passe à autre chose.

Quelle vision as-tu de la Class40 ?

C'est la classe d'accès à toutes ces transatlantiques diverses : la Jacques Vabre ou la Route du Rhum, que l'on ne peut pas faire en Figaro. C'est la première classe à intégrer pour se forger de l'expérience. La taille des bateaux reste accessible et gérable, par rapport à l'IMOCA, tout en étant de vrais bateaux de compétitions. On trouve de vrais protos (NDLR : comme le sien, Veedol-AIC) comme en Mini ou en IMOCA, ce qui laisse un champ d'action entre les vieux bateaux et les nouveaux, qui se battre ensemble sur la même course, mais pas avec les mêmes objectifs. C'est une belle porte d'entrée pour amener des partenaires sur la suite.

Comment se passe l'après-Route du Rhum ?

Je bosse quasiment tout le temps pour valider les choses à venir. Les timings sont importants. Plus les sponsors sont capables de me dire ce qu'ils envisagent rapidement, plus mon projet peut avoir du succès. J'étudie les diverses possibilités et j'espère valider ça avant la remise des prix au salon Nautic. J'ai vraiment envie de fidéliser des partenaires autour du projet à venir.

Tu as activement participé au développement du Figaro Bénéteau 3 ? L'arrivée d'un foiler ne t'a pas donné envie de continuer ?

J'ai géré le projet technique pour la Classe Figaro. J'étais le représentant des coureurs et j'ai participé à tout : la rédaction du cahier des charges, l'appel d'offres des architectes, la mise en place de l'industrialisation, et les tests en navigation, avant d'arrêter sur le projet.

Bien sûr que ça me donnait envie d'en faire, mais j'ai passé 7 ans sur le circuit et je connais l'exigence de la classe pour obtenir des résultats. Il faut y aller avec des moyens et de la motivation et je ne suis pas sûr de l'avoir. De toute façon, au niveau du temps, je suis en retard. Je ne me suis pas organisé, je ne suis pas reposé et j'aimerais souffler un peu, me remettre de cette dure Route du Rhum.

Après, j'y reviendrai. Mais j'ai d'autres choses à explorer, d'autres terrains. Ça ne m'empêchera pas d'y participer puisque je vais faire un peu de développement avec un coureur.

Je souhaite quand même naviguer avec, parce qu'on a fait des choix dessus dont j'étais partiellement responsable. Après, ça reste un bateau de production, même si je pense que ça sera quelque chose de bien. J'étais surpris du nombre d'annonces de participations, de ceux qui reviennent sur le circuit. J'espère que le bateau sera à la hauteur.

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