Chez les IMOCA, comme chez les Ultimes, le dénouement de cette 40e édition de la Route du Rhum a offert un scénario improbable. Alex Thomson en tête de la flotte depuis le début de la course et à qui la victoire semblait promise a finalement été rétrogradé à la troisième place. Cette décision fut prise par le jury international suite au démarrage de son moteur pour s'extraire des falaises où il s'était échoué. En effet à quelques milles de l'arrivée, épuisée de fatigue, il s'est endormi pour se réveiller coincé dans rochers le long des falaises guadeloupéennes.
Comme on a pu le voir dès le début de la course, il n'est pas le seul à avoir fait usage de son moteur. En effet, pour éviter la très grosse dépression où pour pallier des problèmes techniques de nombreux concurrents, toutes classes confondues, ont démarré leur moteur pour rejoindre un port ou un abri et aucun d'entre eux ne fut pénalisé.
Alors, pourquoi pénaliser Alex Thomson ? Pourquoi lui retirer cette victoire si durement acquise durant cette course magnifique de maîtrise et d'engagement ? Y a-t-il une injustice ? 2 poids 2 mesures ? Prenons un peu de recul et tâchons de discerner sans émotion partisane les raisons de cette décision du jury international.
Règles de course
Lors d'une course à la voile, le recours au moteur pour se propulser est évidemment interdit. Cependant, son usage est autorisé s'il s'agit de produire de l'électricité afin de couvrir les besoins énergétiques du bateau.
Alors pour éviter des tricheries les transmissions, à savoir un arbre d'hélice ou un sail-drive sont équipés d'un plomb qui permettra lors d'un contrôle de vérifier qu'ils n'ont pas été utilisés.
Le cas particulier des escales techniques
Cependant, les instructions de course prévoient certains cas où l'utilisation du moteur est autorisée par exemple l'assistance à un bateau en danger ou bien le cas d'une escale technique. Une procédure déclarative est prévue à cet effet par les instructions de course.
C'est-à-dire qu'elle est annoncée à la direction de course en amont par le skipper s'apprêtant à faire une escale technique. Et un code lui est attribué pour prouver qu'il n'a pas déplombé son moteur prématurément. Si dans les 150 milles après le départ, le nombre d'escales est illimité et non pénalisé, une escale technique est autorisée par la suite est pénalisée de 4 heures.
Le cas Thomson
Pour le cas d'Alex Thomson, il ne s'agissait absolument pas d'une escale technique, mais bien d'une mesure de sauvegarde pour lui et son bateau. En bon marin, il s'est sorti seul de cette situation en utilisant son moteur après avoir affalé les voiles.
En démarrant son moteur, il a ôté les plombs de sa propulsion. Alex Thomson savait à quoi il s'engageait, connaissant parfaitement les instructions de course et les conséquences de sa décision. Restait seulement à savoir quelle serait la pénalité appliquée par le jury international.
Ce dernier a ainsi pénalisé de 24 heures, Alex Thomson jugeant qu'à aucun instant il n'a cherché à tricher en utilisant son moteur, cependant son usage à quelques milles de l'arrivée ne pouvait rester sans conséquence.
Ainsi, le jury a appliqué la pénalité minimum, car ils ont jugé qu'une disqualification serait tout à fait exagérée compte tenu des circonstances.
En conclusion
Si Alex Thomson est bien le premier IMOCA à franchir la ligne d'arrivée, sa pénalité le rétrograde à la 3e place du classement offrant ainsi à Paul Meilhat une très belle victoire tout à fait méritée d'autant qu'il était un des rares IMOCA sans foils.
Alors bravo à Paul, Alex, et tous les concurrents qui donnent le meilleur d'eux-mêmes en participant à un jeu dont ils connaissent tous les règles.