Paul Meilhat (SMA) est arrivé dans la nuit de vendredi à samedi (16 au 17 novembre) en Guadeloupe (20 h 23 min 18 s heure guadeloupéenne) avec un temps de course de 12 jours, 11 heures, 23 minutes et 18 secondes. Alex Thomson - arrivé le matin à 8h10 - a ecoppé d'une pénalité de 24 heures après avoir utilisé son moteur pour sé dégager des falaises desquelles il s'était échoué, laisse donc la première place au classement général, avec un temps de course ramené à 12 jours, 23 heures, 10 minutes, 58 secondes.
C'est donc une belle victoire que s'offre Paul Meilhat, qui effectuait là sa dernière course avec son sponsor actuel SMA. Celui qui avait été considéré comme un outsider au départ de Saint-Malo, candidat au podium plus qu'à la victoire sait qu'une belle performance pourrait lui ouvrir des portes vers un Vendée Globe 2020. Il part en effet sur SMA, plan VPLP-Verdier 2010 au palmarès éloquent , mais qui a conservé des dérives droites et rend à certaines allures deux à trois nœuds aux foilers.
Il faut croire que le cocktail talent-motivation a permis au skipper de trouver les solutions pour se hisser aux avant-postes et s'y accrocher, lui qui fut douze jours durant le meilleur concurrent d'Alex Thomson. Au départ de Saint-Malo, il partage d'ailleurs avec Alex Thomson une caractéristique essentielle, celle de cumuler le plus de milles sur son bateau, pris en mains il y a quatre ans. Mais contrairement au Britannique, Paul qui avait été malchanceux au dernier Vendée Globe (abandonné sur casse alors qu'il était troisième), a déjà remporté des courses en IMOCA.
Navigant au contact avec Yann Eliès et Vincent Riou, il n'a jamais laché le trio, pour en prendre la tête .
Les premiers mots de Paul Meilhat à son arrivée sur le ponton
"Cette victoire a le goût de l'épuisement. On a tous vachement donné surtout les cinq derniers jours. C'est aussi le goût de quatre années à bosser comme un dingue sur ce bateau avec l'équipe. Il y a une espèce de communion avec ce bateau. C'est la première grande course en solo que je remporte. Cela récompense toutes ces années de travail et c'est ce que je retiens, ça paye et ça, c'est top ! Là, c'est l'émotion qui prédomine pour l'instant. Je ne réalise pas encore mais les gens sont heureux et je suis heureux de les voir après 12 jours de mer."
A propos de sa course
"Je n'ai pas pris la course comme une dernière avec mon partenaire. Je me sentais capable de faire une belle course. Je voulais en profiter. J'ai essayé de faire ça à ma sauce, de ne pas chercher à contrôler. J'ai essayé de prendre les bons shifts, de prendre les grains en essayant de perdre le moins de terrain possible. J'ai fait du gagne petit comme en Figaro. C'est épuisant mais hyper sympa. Au final, je n'ai pas fait de grosses erreurs. C'est la fin d'un cycle où j'ai beaucoup appris sur le bateau, sur moi, sur la météo. Je me sentais bien sur cette course. Mais ces bateaux sont compliqués. Quand on commence, on ne peut pas trop pousser le curseur. Mais plus on apprend, plus on a des automatismes, plus on peut se mettre dans le rouge, dans le manque de sommeil, dans le risque."
La pression de la victoire
Les derniers milles, entre jouer le podium et gagner, la pression est montée. Au début de l'approche du tour de l'île, je me suis dit : "faut se calmer". Je suis tombé dans le dévent de la Soufrière, mais Yann aussi. En fait, je crois que celui qui a inventé la Route du Rhum est dingue d'avoir mis le tour de la Guadeloupe à la fin !"
A propos d'Alex Thomson
"La mésaventure d'Alex, ça nous a refroidit parce qu'on attaquait comme des furieux. Ce sont des moments pas faciles. On va en parler entre nous. Il s'en sort bien au final, car 100 mètres plus loin, ça aurait pu être pire. Quand on se met dans des états de fatigue comme on fait, ça peut coûter cher. Moi je suis un grand fan d'Alex. Il fait des courses incroyables, ses options, sa vitesse, son style et c'est un mec super sympa. Je suis content qu'il aille bien et que son bateau ne soit pas à mettre la poubelle. Ce qu'il faut retenir, c'est le talent qu'il a. Il faut rendre compte de ce qu'il a fait sur la course. C'est lui le personnage extraordinaire, qu'il ait gagné ou non. Ça fait vraiment du bien d'avoir des mecs comme ça avec nous sur des lignes de départ."
La suite
"En 2019, idéalement, je veux continuer à progresser vers mon objectif d'être au départ du Vendée Globe 2020. Je suis ouvert à toute proposition ! Construire un bateau neuf, modifier celui là, tout est possible !"