ACS pour "Anti-Capsize System" (système anti-chavirage) a été développé il y a 15 ans par l'enseignant Roger Ganovelli. Le premier à plébisciter ce système n'est autre que Franck Cammas sur Groupama 2 (ORMA). Cette confiance accordée par le marin propulse le système au-devant de la scène des multicoques océanique. En 2006 tous les trimarans ORMA sont équipés de l'ACS. SI ACS est très présent dans la course au large, certains multicoques de série, sur des modèles assez pointus tel que Gunboat, font également appel à ce système pour limiter les risques de chavirage.
Plébiscité par les coureurs
Encore aujourd'hui, les skippers de multicoques admettent ne pas pouvoir s'en passer. Au départ de cette Route du Rhum 2018, on compte 9 bateaux équipés ACS : autant en Ultimes qu'en Multi50 (où ce genre système est même rendu obligatoire par la classe). Mais ACS est aussi présent sur certains bateaux engagés en catégorie RhumMulti : Charlie Capelle, Gilles Buckenout, Yann Marilley sur son Outremer 5X et Gerald Bibot sur un TS52.
Un système efficace qui a fait ses preuves aujourd'hui. Un skipper de Multi50 rencontré sur les pontons avant le départ nous avoue que sur la durée d'une course comme la Route du Rhum, le système peut se déclencher jusqu'à 10 fois. Autant d'occasions qui auraient sans doute mis un point final à la course.
Comment ça marche ?
Le système se compose de deux éléments : d'un côté un boitier d'asservissement "tout-en-un" - aucun capteur externe n'est nécessaire – de l'autre, une platine sur laquelle est montée un ou plusieurs taquets coinceurs. La platine est montée sur une charnière et retenue par une gâchette. Sur une impulsion électrique, un doigt vient pousser la gâchette qui libère la platine rotative. Avec la tension des écoutes, la platine se soulève et libère les écoutes à postes sur les taquets coinceurs.
Voilà pour la partie mécanique. Concernant la partie électronique du boitier, son concepteur se veut plus discret. Il ne nous expliquera que succinctement que le système fonctionne avec des capteurs d'angle et d'accélération. Cependant il ne nous dira rien du système d'asservissement qui est capable de faire la différence entre une risée et une vague pour ne pas larguer inopinément.
Plus finement, le système permet de paramétrer un largage séquencé pour choquer les voiles d'avant avant l'écoute de grand-voile par exemple. De même il est possible shunter l'enfournement ou la gite. Par exemple, au prés, l'enfournement n'est pas dangereux. À l'inverse, au portant, l'angle de gite a moins d'importance que l'angle d'enfournement qui peut vite devenir critique.
Des réglages différents adaptés aux allures
Les marins vont bloquer sur le coinceur l'écoute de leur choix et vont également choisir les paramètres de déclenchement : angle de gite maximal, angle d'enfournement maximal et sensibilité. 3 boutons pour une utilisation simple et intuitive. Le boitier peut être installé à n'importe quel endroit dans le bateau. Certains choisiront de le mettre à proximité du tableau électrique et des instruments de navigation, d'autres préfèreront que le panneau d'affichage soit proche du cockpit (car le système a également un mode on/off pour être coupé lorsque le skipper est vigilant sur le pont ou lors des navigations en équipage).
Pour éviter de larguer intégralement
Sur de gros trimarans (à partir de 50 pieds), border l'écoute de gennaker est une opération longue et fastidieuse. Si le système larguait intégralement tout le mou de l'écoute, il faudrait beaucoup de temps et d'énergie pour le relancer. Pour ne pas perdre de temps en course, certains skippers ajoutent un second taquet en amont de la platine ACS. L'écoute est bloquée dans les deux taquets avec une certaine longueur de mou entre les deux. Lorsque le système de largage se déclenche, seule la valeur du mou est choquée (entre 3 et 5m pour un Multi50). Cela permet une relance du bateau beaucoup plus rapide et efficace ou de temporiser s'il est nécessaire de choquer plus.