A 4 jours du départ, nous sommes allés à la rencontre de Karine Fauconnier, routeur du Multi50 Arkema et de son skipper Lalou Roucayrol. Retrouvez ici l'interview de Karine Fauconnier réalisé avant le départ de la Transat Jacques Vabre 2016 – le métier de routeur.
Un cyclone très perturbant
Il y a le retour du cyclone "Oscar" qui perturbe fortement la situation générale. C'est un cyclone qui est né dans la zone tropicale et qui est en train de revenir vers l'Europe et qui décale notre système dépressionnaire classique. On le voit assez vaillant actuellement au milieu de l'Atlantique, au large des Açores.
Le cyclone Oscar à gauche sur le carte de l'Atlantique mercredi 31 octobre au soir
"Il fout un peu le bordel" nous avoue Karine, "parce qu'il arrive très fort et même s'il ne vient pas nous impacter directement, il va se créer le long des fronts de cette dépression des minimums secondaires [NDLR petites dépressions secondaires]. Ce genre de phénomène se crée rapidement, sans que l'on puisse prévoir à quel niveau sur le front."
Deux modèles opposés pour les 2 premiers jours de course
Pour les deux premiers jours de course de la Route du Rhum (dimanche 4 et lundi 5 novembre 2018), les prévisions du modèle européen sont opposées à celles du modèle américain. Pas facile de faire un routage dans ces conditions !
Prévision du modèle européen ECMWF dimanche 4 novembre à 15:00
Si on se base sur le modèle européen (ECMWF), les coureurs devront passer la dépression positionnée en sortie de la Manche, un peu comme on franchit un front : le début de course sera au près assez viril (vent fort) et il faudra que les coureurs passent au sud du centre dépressionnaire en entrant dans le Golfe de Gascogne.
Prévision du modèle américain GFS dimanche 4 novembre à 15:00
Au contraire, le modèle américain GFS positionne le centre de cette dépression beaucoup plus au sud, proche du Cap Finistère. Avec cette situation météo, le départ de la course serait au portant dans du vent faible et les concurrents devront contourner la dépression par le Nord.
Toujours dans cette hypothèse de la dépression placée assez bas, la suite de la course deviendrait beaucoup plus ventée avec du vent entre 50 et 60 nœuds (la couleur violette sur la carte), "mais c'est au portant", précise Karine...
En attente d'une prévision plus fiable
Avant de pouvoir faire un routage, il faut donc que les modèles se mettent d'accord sur l'évolution de ces minimums secondaires qui se créent – il y en aura peut-être 2, plus ou moins sud…
Idéalement, il faudrait que la situation évolue vers les prévisions du modèle européen, il y aurait un front à passer dans la nuit du dimanche à lundi, "pas très drôle, mais les coureurs savent faire. Dans cette situation, il faut faire le dos rond", confie Karine. Cela leur permettrait de descendre vite derrière le front, dans une mer croisée et "chiante" et de démancher et surtout degolfer rapidement. Il faudra tout de même passer très près de l'œil (centre dépressionnaire) en restant prudent, car les rafales peuvent être très fortes. "Cette dépression reste un système un peu tropical très instable".
La suite est beaucoup plus claire
En revanche après le mardi 6 novembre 2018, les modèles sont d'accord. La situation est plus claire. Les dépressions sont placées au même endroit, quel que soit le modèle.
Prévision du modèle européen ECMWF mardi 6 novembre à 7:00
Prévision du modèle américain GFS mardi 6 novembre à 7:00
Le vent est plus ou moins fort suivant les modèles, mais cette énorme dépression qui ne laisse aucune échappatoire est présente sur les deux modèles. Les bateaux rapides auront déjà passé le Cap Finistère (Multi 50 et Ultimes), en revanche ça risque d'être problématique pour les Class40, les plus vieux IMOCA et les Classe Rhum qui devraient naviguer dans des conditions très fortes.
A partir de mercredi s'ouvre la route des Alizées
Ensuite, comme la dépression descend, la flotte risque de buter dans une dorsale avant de partir dans les alizées.