Convoyage brumeux sur le Loch Ness
Si la soirée de la veille s'était finie sous un magnifique soleil estival, c'est dans la brume que les équipages du SailCaledonia se réveillent pour la dernière étape sur le Loch Ness. La vue des bateaux, nimbés de brouillard dans l'estuaire de la Foyer River, correspond parfaitement au lieu et aux légendes qui s'y rapportent. Le vent qui a soufflé la veille après midi, créant un courant sur le Loch Ness, a modifié le niveau d'eau à l'embouchure. Le phénomène, anticipé par Martin, l'organisateur, nous oblige à bien alléger le bateau pour sortir de la rivière. En l'absence de vent, un convoyage libre est prévu jusqu'au château d'Urquhart. C'est l'occasion d'échanger les équipages. Je quitte Loustic pour la matinée, cédant ma place à Mark, un britannique installé en Californie, revenu expressément pour faire le SailCaledonia. Sur le Multimono, Claude sort son gennaker sans faire de miracle dans la pétole. De mon côté, je profite du paysage, remorqué à bord de Pippin, le bateau de Mark.
Dernière régate en eau douce
Le départ de la manche est donné dans la baie au pied d'Urquhart Castle. En l'absence de vent, tout le monde fait parler les avirons. Nous réussissons à ne pas trop laisser partir nos adversaires, jusqu'à ce que le vent se lève timidement. En scrutant les risées, nous gardons de l'erre à Loustic. Bien que son utilisation soit proscrite dans les règles de course, nous décidons d'envoyer le gennaker. L'objectif reste de prendre du plaisir à naviguer. Quelques risées permettent de satisfaire l'équipage et d'arriver en position honorable! C'est déjà la fin des Lochs! Nous remontons le canal jusqu'à une pelouse qui abritera nos tentes pour les deux dernières nuits, à proximité de l'écluse de Dochgarroch.
Enfin prêts pour l'aviron!
Une dernière course d'aviron sur le canal nous emmène jusqu'aux portes d'Inverness, capitale des Highlands. Il est un peu tard, mais nous avons enfin trouvé la configuration idéale pour les rameurs sur le Multimono. 3 équipiers nagent en pointe, tandis qu'un autre godille et que le dernier barre sur l'avant grâce à un circuit de renvoi sur un manche à balai! Idéale pour l'assiette du Multimono, cette solution soulage l'arrière, réduisant la surface mouillée. Pour autant, la solution inventée par Claude, notre Géo-Trouvetout, concepteur du Multimono, nécessite du temps de préparation et n'est pas adaptée aux courses mixtes voile-aviron. S'il faut revenir sur le SailCaledonia, c'est avec des avirons plus courts pour ramer à deux par banc, en position fixe. Cela ne nous empêche pas d'apprécier notre progression dans l'exercice.
Après avoir débarqué le skipper, parti emmener le camion et sa remorque à l'arrivée, nous traversons le port d'Inverness après plusieurs ponts et une série d'écluse.
Régate sur l'eau salée du Beauly Firth
La flottille s'amarre dans le bassin de l'écluse de Clachnaharry, porte d'entrée nord du canal calédonien. Martin et John donnent leur dernier briefing avant la régate dans le Beauly Firth, grand estuaire qui s'ouvre devant nous. Nous passons ensuite notre 29e et dernière écluse, un rituel désormais bien rodé, qui a tout de même perdu le charme de la nouveauté. Loustic retrouve l'eau salée.
Une bonne quinzaine de nœuds assurent une navigation tonique. Trompés par le fort courant de marée, nous touchons un bouée et réparons notre faute. Décidés à nous faire plaisir, nous utilisons à nouveau notre arme fatale, mais illégale, le gennaker. Le Multimono fait parler la poudre et remonte toute la flotte. L'accastillage minimaliste rend le bateau sportif dans ces conditions, mais les sensations sont bonnes et nous finissons le SailCaledonia sur d'agréables sensations de glisse. Dernier coup de canon, il est temps de remettre Loustic sur sa remorque.
Une belle soirée, agrémentée de musique et de sketchs des équipages, clôt le SailCaledonia. Jack, l'un des plus petits bateaux de la flotte, extrêmement polyvalent entre la voile et l'aviron, s'impose au classement général. La pluie s'invite pour la première fois, il est temps de rentrer!
Une expérience de navigation forte dans un cadre exceptionnel
Le titre de ce paragraphe ressemble à un catalogue d'agence de voyage. Pourtant, c'est bien mon ressenti. Naviguer au milieu des montagnes écossaises est une expérience rare. De beaux bateaux et une organisation efficace en sont le complément idéal. Merci à Claude du chantier Multimono pour son invitation à bord de Loustic, une occasion idéale de tester ses voiliers ludiques, si souvent aperçus en cours de montage sur les salons.