A Saint-Tropez, le 11 juin dernier, l'emblématique chantier Nautor's Swan a profité de la Rolex Giraglia pour présenter, son nouveau one design. Il s'agit donc du quatrième monotype – après le 42, le 45 et le 50 - pour le constructeur finlandais.
Si le format de ce nouveau voilier – compact, dépouillé et radical - surprend les connaisseurs, la collaboration du cabinet Juan Yacht Design n'est pas vraiment une surprise puisque l'architecte franco-argentin collabore avec Nautor depuis trois ans.
Mais le spremières ébauches excitent ! La maquette et les vues 3D présentent une coque aux lignes très tendues, une étrave inversée, une quille à bulbe et surtout un foil...
Un concept excitant
Philippe Ouhlen, responsable du projet au sein de l'équipe Juan Yacht Design, a eu carte blanche du PDG de Nautor's Swan, Leonardo Ferragamo, pour concevoir ce nouveau monotype. "L'idée était d'aller plus loin que le Swan 50, de surfer sur l'esprit des prochains bateaux de l'America, tout en proposant un voilier sain et accessible. Dans les petits voiliers de régate, je distingue trois catégories : les classiques, les récents – mais finalement assez conservateurs, et enfin les concept boats comme le Melges 40 ou le Figaro 3. C'est bien sûr dans cette dernière famille que se situe le CS 36." L'argument transportable ne manque pas d'attrait, mais limite la taille, selon Philippe, à 30 pieds.
Accessible mais subtil
Le ClubSwan 36 a été conçu pour naviguer avec 6 équipiers. Plutôt large (3,60 m pour 11 m de longueur), bien lesté (1 400 kg à 2,75 m sous la surface pour un déplacement total de 2 500 kg), ce monotype n'a rien d'un coursier ingérable dès 15 nœuds de vent. Avec ses deux safrans, il sera même aisé à contrôler.
Dans un souci de simplification et de réduction des coûts, le chantier et les architectes se sont détournés de la construction tout carbone : "inutile pour gagner seulement 45 kg et surtout s'exposer à des effets de poinçonnement en cas d'impacts", précise Philippe. Idem, pour simplifier les concepteurs se sont limités à 4 voiles seulement : une grand-voile, deux focs et un spi. En revanche, le mât carbone peut être travaillé à loisir avec ses bastaques.
Un foil unique et mobile
Un seul foil, pas deux ! Cette pièce reste mobile dans une boîte de façon à sortir complètement sur un bord ou à moitié sur les deux bords. Et comme ce foil est courbe, on peut jouer sur son angle avec la surface de l'eau. Sorti à fond sous le vent, le plan asymétrique fait office de dérive avec un effet de… dérive négative. En position médiane, le foil offre un double effet de portance. Ajoutez la composante gîte et vous comprenez tout de suite que le réglage de l'appendice creusera les méninges des meilleures têtes pensantes de l'équipage…
Pour un nouveau public
Swan, c'est la Rolls des mers… Lancer un petit Swan, c'est permettre à de nouveaux skippers de découvrir la marque et le circuit de régate prestigieux qui s'y rattache. Et le prix demandé – forcément inférieur à celui des machines de course plus imposantes – pourrait motiver un développement rapide de la classe. Comptez tout de même 385 000 € HT.
Le CS 36 a été conçu pour naviguer avec 6 équipiers. "A priori un barreur propriétaire, deux amateurs et trois pros", pronostique Philippe. Le plan de pont est plutôt déroutant : plus de rouf mais un pont flush deck au bouge prononcé – un peu comme ce bon vieux J 24 - et un cockpit dégagé et bordé par des fillières de rappels.
A l'intérieur ? Rien ou presque… quatre bannettes histoire de se reposer et de partager un café. Le panache d'un Star marié aux dernières évolutions technologiques et architecturales… Un concept qui semble faire mouche puisque 8 bateaux sont sur le point d'être commandés. "Notre objectif, avec Nautor's Swan, est de livrer 20 bateaux par an, dévoile Philippe. Mais nous pourrions bien en construire beaucoup plus !"