Rapidement après sa mise à l'eau – le 3 juin 1967 – Pen Duick III participe aux épreuves de sélection de l'équipe française de l'Admiral's Cup à Saint-Malo. Sa carène à double bouchain montre toute suite ses atouts, malgré quelques erreurs de manœuvre du wishbone équipant la misaine à bordure libre. Moderne et performant, Pen Duick III domine ses concurrents français, Oryx de Francis Bouygues ou Gerfaut des frères Renot. Redoutable au près, il est intouchable au portant avec ses 320 m2 de toile pour un déplacement très léger de 12 200 kg. Le spectacle est au rendez-vous lorsque Pen Duick III est capable de planer à près de 15 nœuds, dans la brise.
Sa première course anglaise sera la Morgan Cup, un parcours triangulaire en Manche de 200 milles. Encore une fois, la goélette à la coque noire surpasse ses concurrents. Victoire qu'il poursuivre dans la Channel Race, la Gotland Race, Plymouth-La-Rochelle ou encore La Rochelle-Bénodet, avec en point d'orgue le célèbre Fastnet – longue de 600 milles et parmi les plus prestigieuses.
"Cette victoire est celle qui me touche le plus. Elle restera un souvenir ineffaçable pour mes équipiers et moi, comme le sera plus tard Sydney-Hobart" écrira Eric Tabarly dans Mémoires du Large.
Sydney-Hobart… Parlons-en justement… La mythique course australienne mais aussi la plus convoitée des courses des antipodes attire Eric Tabarly et son équipage. C'est donc avec ses 7 équipiers qu'il parcourt les 600 milles et remporte l'épreuve en temps réel le 30 décembre 1967 ! L'équipage – dont la moyenne d'âge est de 22 ans – est le plus jeune de l'histoire de la course à la remporter. À bord, on trouve bien évidemment Éric Tabarly, Philippe Lavat, Michel Vanek, Olivier de Kersauson, Pierre English, Patrick Tabarly Yves Gugan, Guy Tabarly et Gérard Petipas et qui sera le bras droit du célèbre marin.
La victoire est belle et les retombées médiatiques incroyables. L'édition du Paris Match du 13 janvier 1968 lui dédié sa couverture, mais aussi 18 pages en couleur pour revivre l'aventure de l'intérieur, grâce aux deux reporters embarqués. Les lecteurs y découvrent les images du départ, mais aussi le visage blessé d'Eric Tabarly, suite à la chute du tangon. Un impact sans précédent dans le monde de la course au large !
Malheureusement, à la suite de cette nette domination des français, les membres du RORC décident en 1968 de lourdement pénaliser le gréement goélette. Éric Tabarly décide donc de transformer le gréement de son Pen Duick III en ketch, cette même année puis en sloop avec un seul grand mât en 1971, mais ne connaître plus le succès de sa première année.
Eric Tabarly continue de naviguer à bord du Pen Duick III dans le Pacifique entre Los Angeles et Tahiti, dans l'atlantique sud entre Cape Town et Rio de Janeiro, en Méditerranée dans la Middle Sea Race ou en Floride pour les épreuves du SORC. Mais il passera le relai à d'autres skippers s'essayant à d'autres Pen Duick.
Palmarès 1967
10-11 juin 1967 à Saint-Malo, 1er dans les deux régates de sélection de l'équipe de France pour l'Admiral's Cup
16 juin 1967 : Morgan Cup de Portsmouth vers Cherbourg et retour : 1er en classe I et II
4 juillet 1967 : Gotland Race (départ de Sandham – île de Gotland et retour) : 1er en classe I
2 août 1967 : Channel Race, 1er en classe I et toutes classes
10 août 1967 : Fastnet, 1er en temps compensé et en temps réel
13 août 1967 : Plymouth – La Rochelle, 1er
18 août 1967 : La Rochelle — Bénodet, 1er
27 août 1967 : Tour de l'île de Groix, 1er en classe I et toutes classes
26-30 déc. 1967 : Sydney – Hobart, 1er en temps réel et 2e en temps compensé derrière Rainbow car PD III a du mouiller 45 minutes à 40 milles de l'arrivée faute de vent.