Depuis combien de temps évolues-tu sur le circuit Figaro ? Passer à l'IMOCA est une suite logique à ton parcours ? C'est une opportunité ou une volonté de ta part ?
J'ai commencé en Figaro en 2014, la même année de l'obtention de mon diplôme d'ingénieur. Ça fait donc 4 ans que je fais du Figaro et ça se passe plutôt bien. Pour me motiver, j'ai toujours eu besoin d'un objectif, qui m'aide à progresser, même s'il ne parait pas forcément réalisable. Mon objectif, c'était le Vendée Globe, une course qui me tient particulièrement à cœur, d'autant plus en étant originaire des Sables-d'Olonne. Ça fait un peu partie de moi.
J'étais présent sur les pontons, pour les départs de course, pour regarder les bateaux, leurs différences. C'est quelque chose qui me passionne, autant pour la course que pour la conception des bateaux et leurs développements.
C'était le moment. J'ai une très bonne relation avec mes partenaires et de bons résultats en Figaro. Je suis sous partenariat avec la Filière de Crédit Mutuel de Bretagne, filiale du Crédit Mutuel Arkéa, dont le président est Pierre Denis. C'est par son intermédiaire que j'ai rencontré Sébastien Petithuguenin, directeur général de Paprec. Ils sont très proches, d'autant plus qu'Arkéa est au capital du groupe Paprec.
C'est comme ça qu'Arkéa et Paprec ont décidé de se lancer conjointement dans l'aventure Vendée Globe, d'autant plus que Paprec était présent sur le circuit IMOCA depuis 4 ans avec Jean-Pierre Dick.
Tu as déjà navigué en IMOCA ? C'est quelque chose que tu appréhendes, notamment avec la rudesse de ces bateaux ?
Un peu avec Vincent Riou pour sa préparation au Vendée Globe 2016/2017. Mais ça ne me fait peur. Forcément j'espère pouvoir rester maitre de mon bateau, mais c'est une question d'entraînement.
Le projet a démarré à temps et je suis déjà intégré à l'équipe de Vincent, avec Jean-Marc Failler, chef de projet PRB et qui sera en charge du suivi de la construction de mon bateau. C'est un côté qui me rassure pas mal, je me sens intégré à son équipe. Du coup, quand le bateau sera mis à l'eau, ce ne sera que du plaisir. En attendant, je vais continuer de m'entrainer sur le bateau de Vincent qui sera prochainement équipé de foils.
En comparaison avec le Figaro, le bateau est plus gros, avec des manœuvres plus longues. Mais finalement je n'appréhende pas. Ce que je peux appréhender en revanche, c'est le départ avec cette émotion pesante, que l'on ressent même en tant que visiteur.
Vincent Riou sera ton directeur technique, comment est né votre partenariat ?
Ça fait un moment que je connais Vincent, on s'entend bien. On a même navigué ensemble sur le Tour de Bretagne (NDRL : septembre 2017). Ses locaux, à Port-la-Forêt, sont en face du ponton où est mon bateau.
Je suis allé le rencontrer avant d'aller voir mes partenaires parce que je voulais d'abord être entouré d'une équipe qui tienne la route. Il y a en jeu de gros enjeux financiers et technologiques. C'est important d'être entouré de quelqu'un d'expérience et le projet a vu le jour en ce sens. On a eu un bon feeling et il a eu ce souhait de me transmettre ce qu'il avait appris sur toutes ces années d'IMOCA. C'est d'ailleurs quelqu'un qui sportivement est encore à 100 % dans le match.
Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton bateau ?
La conception a déjà commencé. Nous avons des rendez-vous de design et de conception toutes les semaines. La construction débutera en septembre 2018 et il sera mis à l'eau au printemps 2019. D'ici là, ça ne m'empêchera pas de m'entrainer avec Vincent sur son bateau (PRB) pour la prochaine Route du Rhum (NDRL : à laquelle participera Vincent Riou).
Ce sera un bateau à foils. Maintenant tout n'est pas encore défini. On est en train de faire tourner toute une boucle architecturale pour définir la largeur et la forme générale du bateau. On ne connait pas encore la forme définitive.
Cependant ça promet d'être un bateau 100 % adapté aux foils, et pas un bateau hybride où il est possible de revenir en arrière en optant pour des dérives.
Comment s'est fait le choix de l'architecte ?
Vincent Riou a pris rendez-vous avec les 3 architectes principaux du circuit : VPLP, Verdier et Juan Yachts Design. On les a tous rencontrés et Vincent a insisté pour que je prenne les choses en main.
Juan, c'est le premier que l'on a rencontré, au salon Nautic à Paris. Dès la première rencontre, il y a eu un feeling et je l'avais déjà presque choisi. Il avait une forte motivation personnelle et avait cœur de se donner à 100 % dans ce projet. Il a aussi de vrais beaux outils d'évaluation et en tant qu'ingénieur, ça me passionne.
Je me suis aussi appuyé sur l'avis de Vincent avec lequel nous avions défini une grille de critère. Jean-Marc Failler avait aussi privilégié cet architecte. Finalement, on était d'accord tous les 3 et c'était une décision naturelle.
Si on pouvait faire un parallèle, quelle est la différence entre les deux circuits ?
Je pense que le circuit Figaro sportivement il n'y a rien de mieux, car on court à armes égales. On peut considérer que tout le monde a le même bateau. En IMOCA, le bateau y fait pour beaucoup, même si le marin compte, car il faut pouvoir maitriser la machine.
Le Figaro c'est un sprint alors que le Vendée Globe c'est une histoire d'endurance. Dans le Vendée Globe il y a un projet sportif, mais aussi de l'aventure. Dans les deux cas, on garde cette notion de sportivité. En résumé, je pense que le circuit Figaro est très formateur pour aller sur le circuit IMOCA.
Du coup, le circuit Figaro c'est fini ?
Je suis sur le circuit Figaro jusque fin 2018. Mais je ne tourne pas la page. Je vais déjà voir comment se passe l'année 2018. Ça me tient à cœur de faire de belles performances et mes partenaires comptent sur moi aussi.
À partir de 2019, je vais me concentrer sur l'IMOCA, car c'est un bateau difficile, mais je ne dis pas que je ne retournerai pas au Figaro, surtout avec le Figaro Bénéteau 3 qui arrive. Ça permet de se remettre en question, de repousser ses limites. Mais je ferais une sorte de projet parallèle, un peu comme Yann Eliès ou Jeremie Beyou. En tous les cas, ça sera après le Vendée Globe 2020.