" C'est la première fois dans ma carrière que je fais demi-tour, et aussi la première fois que je dois m'en remettre au hasard ou à la chance. Je n'avais plus les cartes en main, et c'est totalement nouveau pour moi. Le froid, le givre, la neige même, ont rendu cette attente compliquée et très rude, physiquement et mentalement. La nature veut me remettre à ma place et me montrer qui commande" expliquait Yvan Bourgnon, au mouillage à Weld Bay, depuis le 22 août dernier...
Une attente interminable, rendue difficile par le froid glacial, l'obligeant à dormir avec son eau de consommation et son réchaud pour éviter que le tout ne gèle. Des réveils transis, pour découvrir le pont de "Ma louloute" recouvert de givre... Mais un peu de chaleur, grâce aux quelques voiliers de grands voyages, au mouillage à ses côtés et à leurs échanges VHF...
Mais depuis, la situation a évolué et Yvan s'est relancé dans une 4e tentative de passage. À 11 heures françaises samedi, Yvan a levé l'ancre de son mouillage à Weld Bay, au sud des Tasmania Islands. Les vues satellites du jour laissaient penser que le bloc de glace s'était fissuré, laissant une possibilité de slalomer entre les glaçons pour passer le détroit de Bellot.
Après 12 heures de navigation, et son arrivée devant le passage de Bellot, deux options se présentaient à lui :
- Attendre la marée pour s'engager dans ce couloir étroit
- S'y engager directement
C'est donc la 2e option qu'a choisie Yvan et elle s'est avérée payante puisque le Détroit s'est avéré sans glace. En 3 heures, le marin avait avalé le plus serré du détroit avec une vitesse de plus de 8 nœuds ! D'autres bateaux qui avaient choisi de passer par l'ouest (contre l'est pour Yvan) se sont retrouvés bloqués à lisière de banquise.
L'incertitude qui régnait sur le Passage du Nord-Ouest d'Yvan Bourgnon s'est donc momentanément dissipée. Même si Yvan va rencontrer des conditions particulièrement difficiles puisque l'hiver arctique comment au 1er septembre, comme l'a si bien expliqué le marin. Il ne reste donc plus beaucoup de marge pour rejoindre le Groenland. S'il arrive à passer, il lui restera une dizaine de jours de navigation pour rejoindre Nuuk.