Des tests non concluants
Après huit semaines de tests du foil installé à tribord, dans toutes les conditions possibles, il s'avère que SMA ne sera finalement pas équipé de ces appendices sustentateurs pour la Transat Jacques Vabre. Pendant un mois et demi, le monocoque a été testé en version "asymétrique" : une dérive côté bâbord, un foil côté tribord, procédé permettant de collecter des données dans les deux configurations et de les comparer.
Même s'ils accentuent le déjaugeage et offrent des capacités d'accélération phénoménales pour tous les bateaux, monocoques y compris, l'expérience menée par Paul Meilhat et l'équipe de Mer Agitée n'a pas totalement convaincu. Pour être exact, c'est d'ailleurs le profil du foil, créé en 2015, qui n'a pas emporté l'adhésion.
"Ce foil a été dessiné à un moment où tous les bateaux commençaient à concevoir des foils… et où tout le monde tâtonnait, explique Marcus Hutchinson, le Directeur du programme SMA Course au large. Nous, nous nous sommes dit qu'il fallait essayer quelque chose, mais avec la contrainte de ne pas modifier le bateau."
"Le foil n'a pas prouvé qu'il apportait de la performance, mais ce fut une expérience hyper intéressante. Pendant toute la phase d'entraînement, on a installé un process d'étude qui nous a permis d'en apprendre beaucoup sur le comportement du bateau. Ce process a également été précieux pour l'équipe technique, qui a pu noter une foule d'informations pour la mise en place de la modification des puits de dérive et des systèmes" explique Paul Meilhat.
Paul Mailhat – qui courra la Transat Jacques Vabre aux côtés de Gwénolé Gahinet – le fera donc sans foils. Et la décision de l'entreprise SMA de s'engager aux côtés du skipper, pour la prochaine Transat Jacques Vabre et la Route du Rhum, jusqu'en 2018 (et peut-être pas jusqu'au Vendée Globe) a également assez largement contribué au choix de raison d'abandonner l'idée des foils pour les prochaines courses.
Un foil hybride
En effet, en 2015, l'équipe de SMA, via la société Mer Forte et Michel Desjoyeaux, avait lancé une série d'études ayant débouché sur la construction d'un foil. Ce foil pouvait être utilisé sans avoir à modifier la structure de SMA. Normalement, la mise en place de foils sur un 60 pieds IMOCA d'ancienne génération implique d'opérer des modifications structurelles (puits de foil, renforcement du mât et du fond de coque) pour pallier l'augmentation du couple de redressement du bateau en dynamique, généré par ces plans porteurs.
Ce foil "hybride" pouvait donc être inséré dans le puits de dérive existant, grâce à un jeu de cales spécifiques.
"Ce que nous testons, c'est une voie intermédiaire. Ce foil ne ressemble pas aux appendices déjà vus sur les bateaux du dernier Vendée Globe. L'implantation de l'élément qui traverse le flanc du monocoque (le shaft) est relativement verticale. Pour schématiser, ce système est un compromis entre dérive et foil : l'effet antidérive reste préservé au près, et l'extrémité courbe du foil (le tip) opère son pouvoir sustentateur au portant" expliquait en mars dernier Michel Desjoyeaux.