Nous avons posé, séparément, les mêmes questions aux deux candidats à la présidence de la FFVoile sur les projets qu'ils souhaitent offrir aux voileux pendant leur mandat. Voici leurs réponses.
Les supports pour pratiquer la voile sont nombreux. Comment la FFVoile se positionne-t-elle face à cette diversité ?
JL Denéchau : Le rôle de la FFVoile est d'avoir un maximum de pratiquants, heureux de l'être. Même si la majorité des adhérents de la fédération pratique la régate, beaucoup des amateurs de voile y viennent pour le bien-être, l'art de vivre et l'esthétisme. Nous devons plus nous tourner vers ce public. Nous avons d'ailleurs une offre de support variée, de la voile radio-commandée au kiteboard, récemment intégré, en passant par la course au large ou le windsurf. Nous devons parler à chacun de sa passion, avec un meilleur ciblage. Pour citer un exemple, nous pourrions nous impliquer plus dans le patrimoine nautique, par un soutien technique et financier en dehors des régates.
Dans la promotion des supports, nous soutenons notamment la présence de la course au large au Jeux Olympiques.
Nicolas Hénard : C'est à la fois merveilleux et une malédiction ! La voile se pratique sur une multiplicité de supports. Chacun peut trouver chaussure à son pied, mais il faut bien choisir un bateau pour organiser les championnats.
Avec l'arrivée des nouveaux supports, j'ai envie de me laisser envahir par les bateaux volants. Pour cela, nous avons beaucoup à apprendre du kiteboard, nouvellement intégré, sur les aspects de sécurité.
Je souhaite aussi repenser un bateau collectif, à l'image du First Class 8 à son époque, facile d'accès et adaptable au handisport.
Je soutiens également la présence de la voile habitable aux JO, pour sortir de l'opposition entre voile légère et course au large.
On parle aujourd'hui de nouveaux formats de régate. Quelles sont vos propositions ?
JL Denéchau : Pour séduire plus de pratiquants, il faut simplifier et donner plus de lisibilité aux courses. Cela passe par des parcours simples et un classement où le 1er arrivé gagne, le 2è arrivé est 2è, etc... J'y ai notamment travaillé avec l'organisation du Tour de France par des régates plus faciles à observer par le public.
Il faut aussi inventer de nouveaux types d'épreuves sportives. Les mini-records, ludiques, institués dans les clubs, avec un parcours vérifié sur le GPS, rencontrent un grand succès. Plutôt que des dates fixes, on peut également conditionner les régates à la météo sur une plage de temps, avec des alertes, à l'exemple de ce que fait le windsurf. Il faut s'adapter aux nouveaux modes de vie.
Nicolas Hénard : L'objectif est d'avoir des voiles sur l'eau. Il faut des parcours plus simples. La voile est un jeu et un plaisir de glisse avant d'être un règlement. Pour faciliter l'accessibilité, il faut laisser la place à des règles plus simples, notamment dans des régates de clubs, où les amateurs ne veulent pas passer leur temps à mettre à jour des centaines de pages de règles. Il y a aujourd'hui du boulot pour revenir à cette simplicité. Un travail doit se faire avec les clubs et les classes.
Aujourd'hui, le ski peut faire paradoxalement moins peur que la voile. Comment souhaitez-vous attirer de nouveaux pratiquants qui rêvent sur nos côtes ou sur Bateaux.com mais n'osent pas franchir le pas ?
JL Denéchau : Les problèmes sont économiques, organisationnels et techniques. Pour limiter les coûts et simplifier l'organisation, il faut promouvoir les flottes partagées qui correspondent mieux à la nouvelle relation à la propriété. L'adhérent arrive pour naviguer et trouve un bateau prêt, sans se soucier des problèmes d'armateur.
Quand l'on va skier, il est facile de louer du matériel récent et en bon état, en réservant à la dernière minute. Nous devons également nous améliorer là-dessus.
Il faut aussi promouvoir la pratique de proximité, notamment sur les plans d'eaux intérieurs, proches des grandes métropoles.
Cela passe également par la simplification des formats déjà évoquée.
Je souhaite aussi ajouter que cette pratique se base sur les bénévoles que nous devons aussi attirer. Pour cela, je créerai une académie des bénévoles et une charte afin de préciser leurs missions et le temps passé. Les gens sont prêts à s'investir, mais plus à la manière de leurs parents. Ils veulent savoir pour quoi et combien de temps.
Nicolas Hénard : Il ne faut pas nier la complexité de la voile olympique, le caractère héroïque du Vendée Globe ou l'histoire élitiste du yachting, mais utiliser la couverture médiatique des événements nautiques pour inciter les gens à pousser la porte des clubs. Pour faire venir de nouveaux navigants, il faut simplifier l'accès à la pratique et mettre l'accent sur la convivialité, sans les massacrer immédiatement avec une licence. Il faut aussi rappeler l'apport des clubs aux pratiquants dans le conseil et la sécurisation.
La FFVoile doit également faire des campagnes de promotion au niveau national.