Bernard Moitessier : "Je continue pour sauver mon âme"

La longue route de Bernard Moitessier

La longue route est le récit de la participation de Bernard Moitessier au Golden globe en 1968. Un premier tour du monde en solitaire qui n'aura pas de fin puisque le marin en entreprend un second sans s'arrêter. Un récit qui a marqué les marins de l'époque et qui continue à être gravé dans nos mémoires de plaisanciers.

Rarement un homme a été aussi en parfaite harmonie avec la mer. La longue route raconte l'histoire de la participation de Bernard Moitessier au Golden Globe en 1968. Ce fut la première course en solitaire autour du monde. À cette époque jamais aucun marin n'avait réussi cet exploit. Elle avait été tentée quelques années auparavant l'anglais Francis Chichester qui avait dû marquer une étape.

En 1968, 9 marins prennent le large depuis l'Angleterre pour tenter de relever le défi lancé par le journal le Sunday Time. Bernard Moitessier sur son ketch Joshua en fait partie. Le livre raconte sa préparation et son parcours de 300 jours de mer.

La longue route de Bernard Moitessier
La longue route de Bernard Moitessier

Car c'est cela qui est incroyable. Alors qu'il avait des chances de remporter le prix du plus rapide sur ce tour du monde, le marin décide de continuer son trajet et de ne pas couper la ligne d'arrivée. Cette décision marquera toute une génération de marin. Encore aujourd'hui Bernard Moitessier est un symbole de la liberté.

La longue route est un livre de mer. On suit le passage des calmes plats et des tempêtes, la visite des oiseaux et des animaux marins. Bernard Moitessier, véritable écrivain, nous partage ses états d'âme. Et même s'il a écrit le livre 2 ans après son arrivée en Polynésie, les détails issus de son journal de bord montrent la précision de ses notes.

La longue route de Bernard Moitessier
La longue route de Bernard Moitessier

Certes, la façon de naviguer est assez éloignée de la nôtre, mais des passages bien sentis nous montre que de vivre proche et en harmonie avec la nature offre parfois de bonnes sensations : "J'utilise mon seau d'eau ce matin pour laver mon torchon. C'est une faute. Ce torchon pas lavé depuis le Pot-au-Noir de l'Atlantique m'aidait à prévoir les variations atmosphériques… Quand le torchon de la cuisine se tenait bien raide, c'est que l'air était sec et je pouvais m'attendre à une certaine persistance de vents de Sud-ouest avec beau temps relatif et ciel assez bleu à part les cirrus. Quand il se tenait moins raide par vents de sud-ouest, c'était presque toujours le signe d'une rotation prochaine à l'ouest, l'air devenant moins sec."

Les descriptions sont aussi parfois surprenantes :"Un bon lance-pierre… ça vaut tous les postes émetteurs du monde !" ou plus philosophiques "Ceux qui ne savent pas qu'un voilier est un être vivant ne comprendront jamais rien au bateau ni à la mer."

La longue route de Bernard Moitessier
La longue route de Bernard Moitessier

On sent au fil du récit que le marin se détache progressivement du monde "Je passe de longs moments sur le pont à regarder les bulles d'écume monter dans le sillage. Il y a tant de choses dans les bulles d'écume et dans l'eau qui court le long du bord !" Et après le Cap Leeuwin, il écrit : "Dieu que je suis bien ici, pas pressé de rentrer."

Les victoires aussi sont grandes. Quand il essaye de transmettre de ses nouvelles avec la terre, il approche un cargo d'un peu trop près et tord son bout dehors. S'en suit une longue réflexion pour ne pas abandonner la course et réparer. À l'issue heureuse de cette réparation, il écrit : "Ma fatigue est très grande, pourtant je me sens comme bourré de dynamite, prêt à bouffer le monde le monde entier et tout lui pardonner. Aujourd'hui j'ai joué et gagné. J'ai retrouvé mon beau bateau."

La longue route de Bernard Moitessier
La longue route de Bernard Moitessier

Le 26 février 1969, c'est le tournant. Après avoir hésité, Moitessier décide de ne pas retourner à la "civilisation". Il va continuer sa route, passer à nouveau le Cap Bonne Espérance et mettre le cap sur la Polynésie dans le Pacifique. Encore 2 océans à traverser ! Il s'approche du port du Cap pour délivrer quelques pellicules photo et pour laisser un message à ses proches "…je continue sans escale vers les îles du Pacifique parce que je suis heureux en mer, et peut-être aussi pour sauver mon âme." Message qui sera repris par la presse entière…

Et puis c'est l'arrivée après 300 jours de mer à Papeete : "L'ancre est mouillée. Une longue amarre file vers le quai." Avec ce qui retrouve de l'importance : l'amitié. "Je reconnais des silhouettes familières. Puis des visages des copains. Ils forment un groupe immobile, un peu à l'écart des curieux.

- Ca va, vieux frère ?...

- Vous êtes chics d'être là…

- Tu es chic d'être arrivé."

La longue route de Bernard Moitessier
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Si le récit de La longue route commence à être daté. Si les façons de naviguer ont fortement évolué. Il reste l'harmonie entre l'homme et la mer qui explique le plaisir d'être en mer et la joie de naviguer. Un récit qui a tellement marqué" des générations de marin qu'il est un incontournable de toutes bonnes bibliothèques nautiques.

La longue route de Bernard Moitessier
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Nous vous présentons ce livre dans une édition aujourd'hui épuisée : la fameuse collection "Mer" de la maison d'édition Arthaud. Dans cette collection, le récit est complété de photos et de dessins de l'auteur. La longue route existe toujours dans une nouvelle édition et en livre de poche.

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Rémy Guesdon
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P. Lucas
P. Lucas
Lu une première fois à 15 ans : premier étage de la fusée. Lu une deuxième fois à 30 ans au fond d'une chambre d'hôpital : là, j'ai commencé à aborder le deuxième étage de la fusée. Rémy, ce bouquin m'a nettoyé, le livre de ma vie, oui ! Une philosophie concrète présente quotidiennement...
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