Il est le premier "bizuth" à avoir bouclé son tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance. Eric Bellion qui a toujours navigué en équipage met en avant la mixité et la richesse de la différence, et notamment du handicap. Pour son premier Vendée Globe – et donc sa première expérience du solitaire –, il aura donc bouclé la boucle en moins de 100 jours. Il est arrivé aux Sables-d'Olonne ce lundi 13 février à 17 heures 58 minutes et 20 secondes après 99 jours 04 heures 56 minutes et 20 secondes sur son Imoca de la génération 2008 – l'ex DCNS —.
Un voyage initiatique
Pour ce premier voyage en solitaire – pour lequel il s'est préparé au sein de l'écurie "Mer Agitée" de Michel Desjoyeaux – Eric Bellion décidait de porter un message sur la richesse de la différence. Ce voyage initiatique lui a d'ailleurs permis de réaliser de nombreuses vidéos de bord, qui témoignent de ce cheminement personnel de trois mois. "Je vais aller voir si je suis capable de le faire, j'aurais une réponse en essayant. Le plus difficile est de développer la confiance en soi, mais c'est la clé… Cette aventure est la fusion entre les expérimentations pour connaitre mes limites et ma participation à la société telle que je l'entends" déclarait Eric Bellion avant le départ.
Un manque de confiance en soi
Doutant de ses compétences et de celles de son bateau, Eric Bellion entreprend la descente de l'Atlantique dans le groupe qui ferme la marche. Dans le Pot au Noir, il rencontre Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys), qui devient son compagnon de route. Naviguant ensemble, ils font au cap au sud tout en gardant le contact VHF, ce qui est important pour Eric Bellion qui n'a pas encore totalement confiance. C'est alors qu'il découvre que son bateau a un meilleur potentiel que sa place de 22e, ce qui le freine encore une peu "Je n'ai pas encore les automatismes des solitaires… J'essaie de freiner un peu le bateau, mais il n'a qu'une envie, c'est d'y aller !"
Gros coups de vent et une confiance retrouvée
Une grosse rafale de vent couche son bateau et provoque une rupture de mèche de safran, alors qu'il se trouve dans l'océan Indien. Cette casse qui l'obligera à effectuer près de 12 heures de réparation lui donnera aussi confiance en lui.
Encore une fois, pour éviter une grosse tempête, Eric Bellion navigue au ralenti et retrouve le Suisse Alan Roura et l'irlandais Enda O'Coineen. Le trio en profite alors pour réaliser vidéos et prises de vues qui marqueront l'histoire de la course. Puis le skipper de Comme Un Seul Homme accélère la cadence dans le Pacifique, double le petit groupe formé par Fabrice Amédéo, Arnaud Boissières, Rich Wilson, avant de dépasser également le Néo-Zélandais Conrad Colman.
Il passe le Cap Horn en 9e position – comme son classement général – le 11 janvier, dix-neuf jours après Armel le Cléach, et savoure son aventure "Je ne suis plus le même homme. Il y a eu un changement radical. Les dépressions me faisaient peur, mais aujourd'hui, j'adore me bagarrer avec elles !"
Une remontée de l'Atlantique épuisante
Après son passage du Cap Horn, sa remontée des côtes brésiliennes se fait au prix de fatigantes manœuvres. Éric doit se débarrasser patiemment des algues prises dans la quille, s'extraire d'infernales zones de calmes entrecoupées d'imprévisibles autant que violentes rafales. Puis, comme les autres, il doit ensuite affronter le train des dépressions de l'Atlantique Nord "Je vis un enfer, cette dernière partie du Vendée Globe est la plus dure, je ne m'étais pas préparé à ça."
Ces derniers jours sont particulièrement éprouvants, avec un moteur qui refuse de démarrer, l'obligeant à économiser l'énergie du bord ou avec le dessalinisateur qu'il doit réparer à l'approche du Cap Finistère. À 48 h de l'arrivée, rencontrant des conditions dantesques et des vents de 70 nœuds, Éric apprend le démâtage de son poursuivant Conrad Colman. C'est à ce moment que le rail de grand-voile lâche sur CommeUnSeulHomme, obligeant le marin à terminer sa course sous voilure réduite.