74 jours 03 heures, 35 minutes et 46 secondes (heure française) c'est le temps qu'aura mis Armel le Cléac'h pour boucler son tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance. Après ces deux places de deuxième sur les deux dernières éditions (2012 et 2008), le skipper de Banque Populaire VII vient d'entrer dans la légende !
Il remporte cette 8e édition du Vendée Globe avec une arrivée aux Sables-d'Olonne ce jeudi 19 janvier 2017 à 16 heures 37 minutes et 46 secondes ! Il réalise ainsi un nouveau temps de référence puisqu'il a mis 3 jours 22 h et 41 min de moins que François Gabart en 2013.
En tête de la flotte depuis le 3 décembre au niveau des îles Kerguelen — jour de l'anniversaire de son fils Edgard — il conservera le lead pendant 47 jours, contenant les assauts d'Alex Thomson. Malgré ses problèmes de foils, le concurrent britannique mènera la vie dure au breton !
Quelques secondes après avoir coupé la ligne, c'est un Armel le Cléac'h, qui réalise le rêve d'une vie, qui a répondu à quelques questions avec énormément d'émotion, se laissant submerger par ses larmes...
Que ressent'on après avoir franchi la ligne d'arrivée ?
"C'est une énorme émotion incroyable ! Ces derniers jours ont été intenses ! J'ai fait quelque chose d'énorme ! Je n'ai rien lâché, pas un mètre. Chaque mètre gagné c'était dur ! Je la voulais tellement cette victoire, voilà j'ai réussi !"
"Après le Cap Horn, tous les éléments étaient contre moi, mais je me suis bagarré ! J'ai reçu beaucoup de soutien à terre ! Je n'ai rien lâché ! Finalement la victoire, je ne l'ai entrevu que la nuit dernière. En passant Ouessant, je savais que c'était bon. Maintenant il fallait aller juste à l'arrivée. En plus j'étais chez moi, dans mon jardin, ça faisait plaisir !"
"J'ai pas vécu une remontée de l'Atlantique facile. J'avais 800 milles d'avance au Cap Horn, Alex est revenu jusqu'à 40 milles derrière moi. Pourtant je n'ai pas faire beaucoup d'erreurs, mais la météo n'était pas avec moi. C'était dur à vivre, mais je n'ai rien lâché ! Je suis trop content !"
Que retenez-vous de ce Vendée Globe au-delà de la victoire ?
"C'était intense du début à la fin ! Je n'ai pas vu le temps passé, j'ai l'impression d'être parti hier ! Il n'y a pas eu de pause, pas de moment de répit.Seulement après le Cap Horn j'ai pu souffler quelques heures, mais c'était très rapide !"
Vous n'avez pas beaucoup communiqué dessus, mais avez-vous eu des soucis matériel ?
"J'ai eu quelques petits problèmes techniques. Le seul handicapant, c'était mon hook de drisse de génois dans le Pacifique qui a cassé et c'était une voile qui fonctionnait plutôt pas mal au près. J'ai compensé avec mon code 0. Sauf que j'ai appris que tous mes hooks étaient les mêmes donc j'avais peur que ça casse aussi ! J'avais cette épée de Damocles au-dessus de la tête tout le temps du retour."
Au-delà de la victoire, vous avez pris du plaisir ?
"Oui j'ai pris du plaisir dans la bagarre, dans la météo, dans la stratégie. Dans le Pacifique notament j'en phase avec les éléments météo et la stratégie. Au Cap Horn aussi, c'était un super moment. Et enfin les derniers milles, c'était très fort ! J'ai aussi eu la chance d'avoir pas mal d'avions de la Marine Nationale qui m'ont survolé. J'ai aussi reçu plein de messages de supporters ce dernier jour. C'était super !"
Un mot sur le deuxième, Alex Thomson vous a mené la vie dure ?
"Alex Thomson a fait une très belle course c'est sur ! Je savais qu'il avait de nombreux atouts, c'est un concurrent redouté et redoutable. Je pensais avoir fait le trou suffisamment au cap Horn, mais ce n'était pas assez donc il a fallu s'accrocher ! Il a un bon bateau, une bonne vitesse au reaching avec un nouveau record !"
Après 74 jours de mer et de solitude, de quoi a-t-on envie ?
"Ce dont on a le plus envie quand on boucle son tour du monde c'est ça !" explique Armel le Cléac'h en voyant Louise et Edgard, ses deux enfants, lui sauter dans les bras !