Jour 58 : À la recherche des alizés
C'est fait de tout petit rien sur le Vendée Globe ! Après avoir vu revenir à 28 milles de son tableau arrière Alex Thomson il y a quatre jours, Armel Le Cléac'h doit toujours se méfier de son coriace adversaire. Alex Thomson ne lâche pas le morceau. Séparés de 145 milles ce soir, les deux skippers vont chercher les alizés au large de Salvador de Bahia au Brésil. C'est Armel qui devrait logiquement attraper ce flux d'Est en premier pour enfin glisser vers l'équateur… Si c'est le cas, l'écart devrait donc grandir. Pendant ce temps, Conrad Colman, au beau milieu du Pacifique Sud, vit des heures difficiles dans des rafales à 60 nœuds avec une avarie de gréement qu'il ne peut résoudre pour le moment.
Jour 59 : La route est longue
Cascade d'avaries dans le Pacifique Sud : Conrad Colman, Alan Roura, Didac Costa et Sébastien Destremau (au mouillage en Tasmanie) bataillent pour poursuivre leur route vers Les Sables-d'Olonne. Après 58 jours de mer et de solitude, les 18 skippers en course et leurs bateaux accusent le coup. "Il y a de la fatigue physique et mentale, ça tire un peu sur l'organisme. On est dans les derniers kilomètres et il faut tenir " confiait le leader Armel Le Cléac'h ce midi. Ce soir la flotte du 8e Vendée Globe s'étire sur plus de 16 000 km, de la Tasmanie à la latitude de Salvador de Bahia au Brésil. Pour tous, même pour les premiers, la route est encore longue, car chaque jour est un défi…
Jour 60 : 7 dans l'Atlantique Sud
Depuis que Louis Burton (Bureau Vallée) a doublé le cap Horn à 8 h ce matin, ils sont désormais 7 IMOCA à naviguer dans l'Atlantique Sud. Les 11 autres poursuivent leur chemin vers l'Est dans un Pacifique plus calme. Parmi eux, deux marins pansent encore leurs plaies : Sébastien Destremau toujours au corps-mort dans la baie de Hobart en Tasmanie et Conrad Colman encore à la cape pour s'occuper de son étai. Alan Roura est de retour au affaires et fait route à 10 nœuds à 150 milles de son plus proche camarade de jeu, Fabrice Amedeo. En tête, dans ces alizés peu puissants, l'avance de 5 jours au Horn d'Armel Le Cléac'h fond comme neige au soleil…
Jour 61 : 16 000 km d'écart entre Le Cléac'h et Destreameau
Tandis que l'équateur se profile devant l'étrave d'Armel Le Cléac'h, Sébastien Destremau demeure toujours dans la baie d'Hobart et attend que le vent se lève pour reprendre sa route vers l'Est. L'écart entre le premier et le dernier concurrent du 8e Vendée Globe est énorme. Il reste 15 % du parcours à effectuer pour le Breton, plus de 50 % pour le Méditerranéen ! Les problématiques selon les positions ne sont pas du tout les mêmes : en tête, on se creuse les méninges pour aborder le Pot au Noir de plus en plus actif puis pour trouver la bonne voie dans une météo pour le moins singulière, derrière dans le Pacifique, on bricole, on dort, on rêve de cap Horn et de températures plus douces…
Jour 62 : Le Pot au Noir
Nous y sommes. Le Pot au Noir, ce marasme équatorial tant redouté des circumnavigateurs, vient de cueillir le leader de la flotte du 8e Vendée Globe. Armel Le Cléac'h navigue donc entre coups de molle et grains, à 4 nœuds, parfois 15, dans une chaleur étouffante et sous un ciel capricieux. Un no man's land météorologique, un grand bazar ! Du coup, Alex Thomson se refait la cerise : il a récupéré 80 milles en 24 heures en volant tribord amures à 19,7 nœuds de moyenne… Jérémie Beyou, 3e, accélère lui aussi. Gageons que les dés vont être relancés dans ce Pot au Noir qui grossit à vue d'œil. L'Atlantique Nord réservera lui aussi des surprises. Bref, un bon film à suspense se prépare.
Jour 63 : Alex Thomson à la charge
Si Armel Le Cléac'h navigue désormais la tête à l'endroit depuis 1 h 23 la nuit dernière, Alex Thomson devrait franchir l'équateur ce soir. Il y a donc un peu moins de 24 heures d'écart entre les deux premiers qui naviguent au cœur d'un Pot au Noir… bien noir. Étonnamment très active pour la période de l'année, cette zone de convergence intertropicale va bien ralentir les deux leaders, tandis que les poursuivants devraient être moins pénalisés. Pas de pot pour Armel et Alex ! "Le Pot au Noir est anormalement actif pour cette période de l'année, mais bon il faut faire avec. Il remonte avec moi vers le Nord. Derrière, cela devrait être plus facile pour mes poursuivants" souligne le premier de la flotte du 8e Vendée Globe dont le matelas d'avance se réduit d'heure en heure : Alex Thomson n'est plus qu'à 119 milles.
Jour 64 : Zones de calme
Dans l'hémisphère Nord, Armel Le Cléac'h et Alex Thomson bataillent ferme pour tenter d'avancer dans ce Pot au Noir devenu marmite. Ils sont séparés de 134 milles ce soir et devraient être libérés demain dans la journée des vents faibles et instables. Dans le Pacifique Sud, Arnaud Boissières, Fabrice Amedeo et Alan Roura pestent de ne pas avancer depuis 24 h dans un anticyclone des plus collants. Le skipper hongrois Nandor Fa trouve lui aussi le temps bien long alors que le Horn se profile à l'horizon. "J'avais l'impression que cela n'allait jamais se terminer et que je n'arriverai jamais au cap Horn", confiait ce midi le marin de 63 ans qui doublera pour la 5e fois le passage de Drake. 63 jours de course et encore du chemin à parcourir même pour les premiers, car les transitions météo vont être légion jusqu'à la ligne d'arrivée du 8e Vendée Globe devant Les Sables-d'Olonne !