Le bizuth Paul Meilhat qui naviguait à bord de SMA réalisait une incroyable performance depuis le départ du Vendée Globe le 6 novembre dernier. Actuellement en 3e position, il bataillait sec avec Jeremie Beyou, à côté duquel il navigue depuis un mois. Malheureusement, il fait désormais route vers le Nord pour réparer son avarie de vérin de quille.
"J'ai sécurisé la quille dans l'axe grâce à un système de cosses et de cales et j'ai rangé les voiles, parce que j'avais beaucoup de toile. Depuis, je fais route vers le nord-ouest pour quitter les vents violents. Je n'ai pas encore décidé de la trajectoire, qui va dépendre de la météo à deux jours. Avec une quille comme ça, je ne passais pas le cap Horn. Je ne me sentais pas en sécurité, je nous suis donc mis en sécurité, le bateau et moi" expliquait Paul ce mercredi 21 décembre.
Le skipper du monocoque 60 pieds SMA navigue désormais depuis deux jours vers le Nord. Il a posté une vidéo (à voir ci-dessous) où il revient sur sa situation, évitant de penser à l'abandon, qui devra arriver puisque le marin a besoin d'assistance pour ses réparations. "Le changement de rythme va être très brutal, c'est très dur à encaisser !" explique-t-il.
Son équipe à terre a réussi à trouver une solution de remplacement chez Maître Coq, sponsor de Jeremie Beyou, fidèle concurrent de Paul Meilhat sur ce tour du monde en solitaire, sans escales et sans assistance. Paul pourrait ainsi reprendre la course — en mode hors course — d'ici 8 à 10 jours. Depuis mardi, Marcus Hutchinson, le directeur du programme SMA Course au large, Marc Liardet, le boat captain et Clément Rivé, le responsable électronique et énergie, sont à la recherche d'un vérin de remplacement pour SMA. Trop longue à fabriquer — la pièce arriverait en janvier — les trois hommes ont écumé les chantiers et les hangars de Port-la-Forêt et de Lorient, avant de dénicher la pièce chez Maître Coq.
"Je fais route vers le nord, l'essentiel est la sécurité du bateau. Ce n'est pas facile avec une quille bloquée dans l'axe et qui bouge quand même un peu. Après inspection, il faudra remplacer le vérin… La question de l'abandon va arriver, je vais avoir besoin d'assistance (…) Ça (la route) va être long : je ne suis pas loin du point Nemo – le point des océans le plus éloigné de toute terre (NDLR). Ça va me laisser le temps de digérer la déception. Sportivement, j'étais à fond et le changement de rythme va être brutal. C'est très dur à encaisser, je vais mettre quelques jours à pouvoir m'exprimer sur ça…" indique Paule Meilhat dans sa vidéo du bord.
Le skipper de SMA devrait choisir aujourd'hui s'il décide de rallier la Nouvelle-Zélande, qui semble mieux équipée pour accueillir un IMOCA 60 abîmé. Mais cette destination l'obligerait à affronter des vents contraires, ce qui n'est pas une bonne chose avec une quille récalcitrante. L'autre option est la Polynésie française, qui possède moins de grosses infrastructures, mais s'annonce plus tolérante. Le vérin de quille, qui pèse 90 kgs doit être expédié dans les plus brefs délais pour arriver sur le quai avant le skipper et son bateau, manque plus qu'à choisir le lieu d'envoi !