Thomas Ruyant, dont le bateau Le Souffle du Nord pour Le Projet Imagine menaçait de s'ouvrir en deux a finalement rejoint le petit port de Bluff en Nouvelle-Zélande. Ce mardi 20 décembre à 11 h 30, il informait son équipe à terre avoir été rejoint par deux Néozélandais pour l'aider à vider le compartiment avant de son bateau.
"J'ai deux Néo-Zélandais à bord de mon bateau. Nous sommes en train d'installer une motopompe pour essayer de vider le compartiment avant. J'ai 8 nœuds de vent et une mer plate. Je crois pouvoir dire que je vais sauver Le Souffle du Nord et que nous allons réussir à l'amener à bon port. Depuis le passage de la pointe Sud de la Nouvelle-Zélande, tout est sécurisé, je pense. Nous sommes à l'abri. Le bateau actuellement pique vers l'avant, mais nous stabilisons la situation. Il y a quelques heures, j'ai cru que l'histoire de mon fier voilier au grand colibri était terminée. Je n'arrivais pas à faire route vers le but dans 45 nœuds de vent. J'étais à l'intérieur avec le doigt sur le bouton de la balise pour évacuation. J'ai cru que je perdais définitivement Le Souffle du Nord. Je partais au lof toutes les deux minutes. Mon voilier était incontrôlable avec un système de barres explosé. Le gréement était totalement mou et je n'avais pas de bastaques. Tout a tenu à un fil ! Après ce mauvais moment et le passage de ce fameux cap, j'ai compris que j'allais m'en sortir. J'ai eu un instant de plénitude avec un coucher du soleil d'anthologie le long des côtes néo-zélandaises."
Depuis, Thomas a rejoint la terre et a réussi à sauver son bateau ! Il aura parcouru la moitié d'un Vendée Globe, environ 12 000 milles et s'est révélé un bon compétiteur pour son premier tour du monde. Au moment de sa collision avec un OFNI, il était d'ailleurs en 8e position et avait rivalisé avec le bien connu Jean Le Cam sur une bonne partie du parcours.
Voici ces premiers mots à moins d'une heure de rejoindre le port de Bluff :
"C'est brutal ! Tout s'arrête en un instant. Lorsque je me suis réveillé, projeté par l'impact au fond du bateau, j'ai deviné que c'était très grave. Je n'ai plus pensé qu'à une chose, sauver mon bateau. Dans mon malheur, je me trouvais proche de côtes habitées. Je frissonne en pensant à ce qu'aurait été mon histoire si cela s'était passé en plein Océan Pacifique. Pour la première fois, je me suis réellement senti en danger. En approche de la Nouvelle-Zélande, j'ai eu jusqu'à 45 nœuds de vent ! L'eau a envahi le compartiment avant. J'avais le doigt sur ma balise de détresse, et j'étais sur le point de tout déclencher. Passée la pointe sud-ouest de la Nouvelle-Zélande, la mer et le vent se sont calmés, et j'ai été gratifié d'un coucher de soleil extraordinaire sur les montagnes néo-zélandaises, rien que pour moi. Je suis depuis partagé entre une immense tristesse, et le soulagement. Je ramène un bateau très sérieusement blessé, mon Vendée Globe est terminé et je ne remonterai pas le chenal des Sables ! Mais j'étais bien dans ma course. Jusqu'à l'impact, malgré l'accumulation des problèmes, j'étais en course et je pensais déjà au Pacifique où m'attendaient des conditions plutôt clémentes. Rien ne nous prépare à cela, bien que nous y pensions toujours. L'avarie, l'incident mécanique qui pousse à l'abandon. Quand cela vous arrive, cela vous sonne. On a du mal à y croire. Je suis aussi dans un état de fatigue émotionnelle extrême et cela m'empêche de voir les choses froidement. Je sens la sympathie autour de moi. Mais elle ne change rien à ma réalité. Le Vendée Globe est terminé pour moi.