Les 13 et 14 décembre 2016, une violente dépression au large de la Tasmanie a touché trois skippers en course sur le Vendée Globe : Jean Le Cam, Yann Eliès et Jean-Pierre Dick. Tous ont dû affronter des conditions de navigation extrêmes, avec une tension nerveuse à son plus haut niveau... Ils ont d'ailleurs choisi d'opter pour trois stratégies différentes, contraints de mettre la performance en stand-by et de naviguer avec la préservation de leur bateau et d'eux-mêmes comme premier critère.
Jean-Pierre Dick a choisi de se détourner plein Nord-Est pour passer par le détroit de Bass (entre l'Australie et la Tasmanie), là où le vent ne soufflait qu'à une vingtaine de nœuds. Yann Éliès (Quéguiner-Leucémie Espoir) qui a préféré se mettre à la cape, faisant quasiment du sur place, lorsque la brise est montée à plus de 50 nœuds avec des creux de plus de huit mètres… Tandis que Jean Le Cam a dans un premier temps ralenti, en faisant toujours route vers la Nouvelle-Zélande, puis a progressivement remis de la toile lorsque le gros du coup de vent est passé devant lui.
Yann Eliès et Jean Le Cam ont donc profité de cette tempête pour réaliser de superbes vidéos de mer démontée par 50 nœuds de vent, avec de la grêle... Les conditions de navigation sont impressionnantes ! "Ça fait un peu peur, mais c'est beau ! On rigole un peu jaune [...] Là, je prends des risques... Oh ma mère [...] On ne rigole pas non plus, on a hâte que ça se passe..." indique le Roi Jean.
Mais il n'en oublie pas son sens de l'humour, malgré les conditions apocalyptiques "On est au niveau du numéro 29 de la zone d'exclusion et on est deux bateaux finistériens, Queguiner et moi à être dans cette zone. C'est un truc rigolo !" explique-t-il, tout en se cramponnant dans sa zone de vie.
Yann Eliès pour sa part, confiant à la vacation "Le bateau n'est plus à la cape. Je suis reparti sous grand-voile seule avec 3 ris. Le vent varie entre 30 et 45 nœuds sous les grains et le bateau fait des pointes à 20 nœuds. La mer va se lever dans quelque temps et c'est ce qui m'inquiète le plus. Il va y avoir jusqu'à 7 mètres de houle ! Je ne m'interdis pas de refaire une petite session à la cape pour laisser passer ce noyau de houle. Je suis encore soucieux…"
Ce 15 décembre, Yann Éliès (Quéguiner-Leucémie Espoir) et Jean Le Cam (Finistère Mer Vent) peuvent souffler après la tempête qui a pénétré la mer de Tasman et Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac) peut débouler du détroit de Bass vers l'île Stewart sur une mer moins démontée.
Après les Finistériens, ce sont Jeremie Beyou et Paul Meilhat qui ont dû affronter la tempête, comme l'expliquait Jeremie lors de sa vacation "Ambiance fin du monde avant l'apocalypse. C'est gris, on ne distingue pas le jour de la nuit. La crête des vagues fume depuis de nombreuses heures, signe que le vent a dépassé les 35 nœuds. Drôle de sentiment : peur de faire une connerie, de casser un truc et de se faire manger. Et en même temps cette adrénaline d'être là à défier les éléments. Quelle course de dingues, il n'y a qu'au Vendée Globe que tu vis ça !"
Mais puisque les images sont toujours plus parlantes que les mots, voici les deux vidéos réalisées par Yann Eliès et Jean Le Cam. Celle du skipper de Finistère Mer et Vent et particulièrement impressionnante ! Et pour les plus pressés, rendez-vous à 4:35 min pour voir le grain s'abattre sur Jean Le Cam !