Jour 23 : La limite des glaces
Armel le Cléac'h mène toujours la flotte, avec désormais 30 milles d'avance sur son rival Britannique. On dirait presque le Sud pour les 25 Imoca du tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance… Du 11e, Louis Burton (Bureau Vallée), au 25e, Didac Costa (One Planet One Ocean), le bout du tunnel n'est plus si loin. Certes, ils sont à près de 4 000 milles des leaders, mais leur groupe de 15 bateaux s'offre un nouveau départ de régate. Il leur reste encore 1 500 milles à parcourir avant de rentrer dans l'océan Indien, de naviguer dans les mers australes. Pour leur sécurité, les Imoca doivent donc flirter avec cette ligne démarquée par 72 points GPS. La Zone d'Exclusion Antarctique impose en effet aux marins de surveiller cette ligne mise en place par la Direction de Course du 8e Vendée Globe sous laquelle ils ne peuvent descendre pour cause de glaces dérivantes. Tous commencent à empanner. Entre la ZEA (Zone d'Exclusion Antarctique) et un axe anticyclonique, Armel Le Cléac'h et Alex Thomson, toujours bâbord amures, filent à bonne moyenne vers l'archipel des Kerguelen dominé par le mont Ross, haut de 1850 m.
Jour 24 : 8 000 km entre le premier et le dernier
Les 25 Imoca du 8e Vendée Globe naviguent du 22° sud au 47° sud : la flotte s'étire ce soir sur 4 336 milles, soit 8 000 km ! Tandis que Didac Costa (25e) caracole en short au large du Brésil, Armel Le Cléac'h (1er) a sorti les moufles, le bonnet et les sous-couches au pays des albatros et des manchots. Les marins ne vivent pas dans le même monde. Le groupe de tête continue de glisser, tandis qu'en queue de peloton, derrière la bulle sans vent qu'ils s'apprêtent à quitter, les skippers vont être cueillis par une grosse dépression en provenance de l'Ouest. 35 nœuds fichiers… Comprenez que le vent peut monter au-delà de 45 nœuds. Il va y avoir du sport dès mercredi soir !
Jour 25 : Premières images de l'histoire du Vendée Globe du Grand Sud
Des images du Grand Sud, au large des Kerguelen, sont parvenues aujourd'hui grâce à une étroite collaboration entre la Direction de Course et la production audiovisuelle du Vendée Globe, la Marine Nationale et TF1. Banque Populaire VIII (Armel Le Cléac'h) et Hugo Boss (Alex Thomson) ont été filmés depuis un hélicoptère de la Frégate Nivôse, dont la mission est d'assurer la souveraineté de l'état français au sein des TAAF (Terre Australe et Antarctiques Françaises). Du jamais vu : deux Imoca à foils lancés à plus de 20 nœuds en plein océan indien et, dans le même temps, deux skippers appelés à la VHF ! Un moment exceptionnel à marquer dans les annales de l'Everest des mers, la course en solitaire sans escale et sans assistance… Dès ce soir, les 14 skippers de la "queue" de la flotte vont rencontrer des conditions de navigation plutôt viriles. La Direction de Course du Vendée Globe les a prévenus hier. Le peloton va être bien pris par une dépression qui va les catapulter dans le Sud vers le cap de Bonne Espérance. Les fichiers annoncent 35 nœuds, cela veut dire que dans les claques les skippers devront faire face à 40-45 nœuds.
Jour 26 : Le jeu du chat et de la souris
Tribord amures ! Depuis que les leaders ont empanné tôt ce matin dans un vent de sud-ouest beaucoup plus maniable, le foil bâbord d'Hugo Boss permet au Britannique de surfer à bon régime. Au classement de 15 h, Alex Thomson a repris les commandes de la course à moins de 1 mille d'Armel Le Cléac'h sur Banque Populaire VIII. Il a rattrapé son retard de 12 milles en 24 h, naviguant toujours plus vite que son camarade de jeu à la moyenne de 14,8 nœuds, contre 14,3 pour ArmelDécidément, la bataille en tête de course se déroule comme un bon film à suspense… dont on ne peut pas imaginer la fin ! Le long de la Zone d'Exclusion Antarctique, Hugo Boss et Banque Populaire vont aller chercher une petite dépression juste avant la longitude du cap australien… En revanche, pour les 15 autres marins encore dans l'Atlantique Sud, la vie en mer n'a rien d'une sinécure depuis que cette dépression en provenance de l'Amérique du Sud a pointé le bout de ses barbules. L'ambiance ventée et rugueuse des mers australes se fait sentir.
Jour 27 : Dépressions attendues
Le calumet de la paix entre le grand Sud et les 25 Imoca en course n'est pas prêt d'être fumé ! Dans les têtes des marins, le stress monte : les dépressions attendues dans les mers australes risquent de malmener les hommes et les bateaux. Tous vont donc probablement naviguer en bons marins, et mettre de côté la compétition durant quelques heures. Yann Eliès (Queguiner-Leucémie Espoir) a même prévu de ralentir pour ne pas se faire piéger dans la tempête. Pendant ce temps-là, le duel entre Alex Thomson (Hugo Boss), en tête de 18 milles, et Armel Le Cléac'h (Banque Populaire VIII) se poursuit le long de la Zone d'Exclusion Antarctique à coups d'empannages… La météo continue de leur sourire !
Jour 28 : Le grand froid pour tout le monde
La flotte du 8e Vendée Globe s'étale ce soir sur plus de 10 000 km. Un quart du globe sépare les deux derniers (Didac Costa et Sébastien Destremau) des deux premiers (Armel Le Cléac'h et Alex Thomson) qui filent en moyenne trois fois plus vite. Déjà 28 jours de course depuis le départ des Sables-d'Olonne le 6 novembre ! De l'Atlantique Sud aux confins de l'océan Indien, les marins sont passés en mode guerriers. En tête, ça file désormais à plus de 20 nœuds, et pour la majorité des marins, les polaires trois-couches, les bottes et les cirés sont de rigueur pour affronter le train puissant de dépressions des mers australes.
Jour 29 : Des solitaires mis à mal et un nouvel abandon
Après une entrée en matière progressive, l'océan Atlantique a montré une autre face de son caractère : une mauvaise dépression combinée à un courant contraire ont mis "à terre" nombre de solitaires et même fait tomber le couperet sur Kojiro Shiraishi qui a vu son mât se rompre en son milieu : le Japonais a dû jeter l'éponge. C'est le cinquième abandon du Vendée Globe…