Le Pot-au-Noir est une zone météorologique instable, où les vents sont changeants et difficiles à prévoir. Cet endroit est vraiment difficile à appréhender par les marins, même s'ils l'aperçoivent de très loin. A 100 milles (180 km), on peut déjà voir de gros nuages au-dessus de l'horizon. Il se positionne en général entre le 8° N et le 3° N partant de la côte africaine jusque parfois au 35° Ouest en se rétrécissant.
Imprévisible, il change de forme régulièrement et peut durer de quelques heures à quelques jours.
Comment se forme le Pot-au-Noir ?
Le Pot-au-Noir est formé par l'affrontement entre les alizés de l'hémisphère Nord, qui soufflent du Nord-Est et les alizés de l'hémisphère Sud, soufflant du Sud-Est. Ce lieu météorologique se caractérise également par une forte humidité et une importante couverture nuageuse. En effet, la zone se situe près de l'Équateur et les températures sont très élevées, à la fois pour l'eau (27 à 29°) et pour l'air (35 à 40°). L'évaporation est donc importante et le taux d'humidité proche de 100 %, ce qui crée de nombreux nuages, qui recouvrent la zone.
Une zone instable et variable
Instable et variable, le Pot au Noir change de forme et de fond très fréquemment. Ainsi, il est très dur pour les marins de planifier leur trajectoire à l'avance. Ils pourront soit profiter de grains et de vents pour avancer, soit être englués dans les calmes. Les navigateurs ont du mal à prévoir son extension et sa densité, mais peuvent s'appuyer sur quelques caractéristiques :
- Il est toujours plus étroit vers le 30° Ouest
- Il est toujours plus long à traverser du côté du 20° Ouest
C'est donc important de planifier son entrée dans le Pot au Noir, au risque de se retrouver trop décalé vers l'Ouest et d'être déporté vers les côtes brésiliennes par des vents de secteur Sud-Est. Il s'avèrerait que la meilleure trajectoire pour traverser la ZCIT se situe entre le 27° et le 28° Ouest.
La zone de création des dépressions tropicales
Avec des alizés forts et une température de l'eau élevée, le Pot-au-Noir est plus actif et étendu. Lorsque l'eau est très chaude, l'évaporation est importante et créée de très nombreux cumulonimbus qui peuvent s'étendre en altitude jusqu'à plus de 12 000 mètres. Au niveau des conditions météo, on peut trouver des éclairs, du tonnerre, une visibilité réduite, des pluies diluviennes ou encore des rafales de vent violentes, voir même des trombes (colonne qui part de la mer et qui mélange eau et air en rotation pour rejoindre le ciel) ou des feux de Saint-Elme (décharge électrique plus ou moins continue d'intensité modérée).
C'est souvent dans le Pot-au-Noir que naissent les dépressions tropicales et qui peuvent se transformer en cyclone en se déplaçant vers l'ouest.
Les origines du Pot-au-Noir
Les origines du Pot au Noir sont nombreuses. Les deux premières n'ont aucun rapport avec le monde marin.
On utilisait le mot "pot au noir" pour parler d'une zone dangereuse au XVIIe siècle, lorsque l'on jouait au jeu colin-maillard. La personne ayant les yeux bandés devant éviter l'endroit sous peine de se blesser.
Une autre signification viendrait du Cap-Vert – situé non loin de cette zone instable. Le Pot au Noir était une jarre ou un pot qui servait à recevoir les détritus dans les foyers capverdiens.
Une autre hypothèse consiste à expliquer qu'à l'époque de l'esclavage, les négriers passaient par-dessus bord les hommes malades dans cette zone. Les bateaux partaient depuis l'Afrique en direction de l'Amérique du Nord et se retrouvaient englués dans les calmes du Pot au Noir. Les navires de l'époque n'ayant pas les capacités des navires actuels, pouvaient passer plusieurs jours, voir des semaines entières, englués dans cette zone instable. Or pour éviter que les maladies ne se propagent à bord dans cet endroit confiné, les négriers préféraient jeter les hommes à la mer. Une théorie mise en doute par les historiens, mais appuyée par les Anglais, qui agissaient de même avec les animaux.
En effet, les Britanniques qualifient cette zone de "Horse Latitude" car coincés sous un soleil de plomb pendant plusieurs jours, ils étaient obligés de passer les cheveaux par-dessus bord, car ils consommaient trop d'eau douce.