Ce sera votre 1re participation au Vendée Globe, qu'est-ce qui vous a donnée l'envie d'y participer ?
Plein de choses ! J'ai une passion pour la mer depuis tout petit. J'ai eu la chance de naviguer sur un bateau dès mes premiers mois. Et à la fin de l'adolescence, j'ai fait le choix de faire de la voile olympique puis de partir faire de la course au large et d'en faire mon métier. Ça va faire 10 ans que je gagne ma vie en faisant du bateau.
Dans la course au large, on a envie de faire des courses plus longues, sur des bateaux plus grands. Mais c'est aussi une histoire d'opportunité. Car le problème du Vendée Globe c'est qu'énormément de personnes aimeraient pouvoir le faire, mais il faut avoir la chance de trouver un partenaire qui aimerait le faire aussi.
Vous êtes bizuth, mais avec un sacré palmarès. Quel est votre objectif ?
J'ai découvert les courses en IMOCA depuis maintenant 1 an ½ avec le baptême de SMA début avril 2015. Avant je faisais des courses en Figaro, un monotype. Quand on part en course sur ce support, on a uniquement un objectif sportif puisqu'il n'y a quasiment jamais aucun abandon, les bateaux sont solides…
Sur les IMOCA ce n'est pas la même chose ! J'ai participé à quatre transatlantiques et j'en ai terminé deux. J'ai eu une avarie sur la Transat Jacques Vabre avec Michel Desjoyeaux et un accident sur la Transat St-Barth – Port-Le-Forêt. J'ai eu aussi deux bonnes transatlantiques avec la Transat Anglaise et la New York – Vendée ou j'ai fait 4e sur les deux courses.
En IMOCA, le fait de donner un résultat sportif ne suffit pas. Sur une course comme le Vendée Globe, le premier objectif c'est d'abord de terminer. Malheureusement, statistiquement, il y a une personne sur deux qui termine le Vendée Globe. Ça ne fait pas beaucoup. Je me suis aussi préparé pour bien terminer cette course.
Avec SMA on est tout de suite parti dans une démarche sportive. Je m'entraine au Pôle France Finistère Course au Large où on fait du sport de haut niveau. Je suis d'ailleurs sportif de haut niveau depuis 10 ans. Il y a une préparation physique, de météo… Depuis 1 an, j'enchaine tout le temps. C'est vraiment un projet professionnel et sportif à plein temps.
Évidemment j'ai un bateau qui est très performant puisque c'est celui qui a gagné le dernier Vendée Globe il y a 4 ans. Je m'entraine avec les meilleurs à Port-La-Forêt. Aujourd'hui ce qui est difficile, c'est que quasiment 10 bateaux peuvent monter sur le podium ou gagner la course. Moi ce que je veux c'est finir dans ces dix-là.
Est-ce que ça change quelque chose de partir avec l'ancien Macif, dernier vainqueur du Vendée Globe ?
De partir avec le bateau qui a gagné il y a 4 ans c'est une chance parce que c'est un super bateau ! C'est un bateau qui a déjà fait le tour du monde donc on va dire qu'il est fiable. Ça donne confiance pour partir.
On n'avait pas beaucoup de temps pour préparer le Vendée Globe, car je suis bizuth donc je n'avais jamais navigué sur un IMOCA et en plus on avait que deux ans. Si on était parti sur la construction d'un bateau neuf ou la modification d'un bateau d'occasion, on aurait passé beaucoup de temps en chantier. Je n'aurai pas pu beaucoup naviguer ni apprendre. De partir sur ce bateau-là c'est vraiment une chance !
J'ai aussi l'équipe technique qui connait le bateau parfaitement parce qu'il y a une partie qui était là dès sa construction, sous ses couleurs précédentes. Après, au niveau de la pression de résultat, il y a 7 bateaux neufs et 10 qui peuvent l'emporter. Je n'ai pas le bateau le plus performant de la flotte, mais il reste performant. Pour moi c'est toujours un bon point positif de repartir sur ce bateau.
Est-ce que vous l'avez optimisé depuis le rachat ?
Il avait déjà été beaucoup optimisé entre le Vendée Globe 2012/2013 et la Route du Rhum 2014 puisqu'il avait déjà subi quelques chantiers : quille, mât, configuration de ballasts changés… On n'a pas entrepris de grosses modifications dessus. Il est quasiment à l'identique. Déjà parce qu'on avait une contrainte de temps, et, en plus on a eu l'accident sur la Transat en décembre 2015.
La chance c'était de pouvoir récupérer un bateau en super état, fiable et performant, et pouvoir naviguer beaucoup dessus sans passer son temps à le modifier.
Donc ce n'est pas une pression de partir avec le bateau qui a gagné le dernier Vendée Globe ?
Non pas du tout parce qu'à chaque Vendée Globe ce sont plutôt les bateaux neufs qui ont la pression. Ils sont forcément, sur le papier, des bateaux plus performants puisqu'ils sont 7 bateaux équipés de foils à être sortis cette année. Donc non, la pression, elle est chez eux, pas chez moi c'est sur !
Comment vous êtes-vous préparé pour ce Vendée Globe ?
L'objectif principal c'était de naviguer le plus possible. Avec une démarche différente entre 2014 et 2015 avec un projet Jacques Vabre. J'ai eu la chance d'avoir Michel Desjoyeaux sur 95 % de mes navigations à bord de SMA. On a fait une dizaine de courses de préparation dans l'année comme le Grand Prix Guyader, l'Armen Race, le Record SNSM, le Tour de Belle-Ile, le Fastnet… C'était important de faire toutes ces courses.
Après, il y a les entrainements du Pole Finistère Course au Large avec 5 stages de 3 jours par an. Ça peut ne pas paraitre beaucoup, mais sur un planning c'est déjà énorme ! On fait des navigations collectives avec une semaine découpée en deux parties. Généralement le mardi, on navigue à la journée pour faire des petits comparatifs et travailler les manœuvres et les départs.
On part aussi pour une navigation au large de 24 h en moyenne. On fait beaucoup plus de distance et on travaille la vitesse au large et quelques manœuvres pour se retrouver au plus près des conditions de course.
Lorsqu'on est à terre, en alternance avec les navigations, on a beaucoup de formations, toujours organisées par le Pôle. On travaille l'équipement, la météo, les logiciels informatiques ou encore la nutrition, le sommeil, des stages médicaux… C'est très varié !
La préparation physique (entre 3 et 5 h par semaine) est aussi encadrée par le Pôle. Voilà comment se rythme notre organisation avec le Pôle. Lorsqu'il n'y a pas d'entrainements collectifs, on navigue soit individuellement, soit avec d'autres bateaux, comme ça a pu nous arriver avec PRB (Vincent Riou).
Une dernière chose importante c'est la mise en chantier du bateau. Ça nous permet de nous former personnellement à la mécanique, aux matériaux composites… On apprend comment est construit notre bateau et comment le réparer en cas de problèmes.
J'oublie encore une énorme partie qui est de communiquer et d'aller dans l'entreprise rencontrer les collaborateurs. Ça ne fait pas partie de la préparation du Vendée Globe, mais c'est quand même une partie importante de notre boulot qui nous prend beaucoup de temps.