Ils sont 29 concurrents à avoir pris le départ de cette 8e édition du Vendée Globe. À partir de 8 h 50 et toutes les 4 minutes, un skipper quittait le ponton du Village de la course pour rejoindre le large. L'occasion de partager l'émotion intense des skippers — maîtrisée pour certains expérimentés — sur les pontons, mais aussi tout le long de la descente du chenal.
Didac Costa — qui a du retrouver Les Sables-d'Olonne en raison d'une voie d'eau et d'un problème électrique à bord de son IMOCA One planet One ocean — était le premier des 29 solitaires à quitter sa place au ponton pour le grand départ. Le concurrent espagnol a quitté son emplacement à 8 h 50, sous les encouragements de ses proches et de son équipe.
Vincent Riou (PRB) devait clôturer la marche, avec un départ du port à 10 h 42, mais c'est finalement Sébastien Josse qui a pris sa place. Le skipper de Edmond de Rotschild, qui devait sortir en 6e position, à 9 h 10, a rencontré un problème de moteur et a donc attendu la dernière minute pour quitter Port Olona.
Pour saluer ces héros, la foule était présente en masse sur les pontons et les quais de la chaume. Et ce, dès 3 h du matin ! Sur les pontons, les visages des skippers étaient tendus pour certains et l'émotion était palpable. Il faut dire que sur les 29 concurrents, 14 ont pris le départ pour la 1re fois. Et les adieux sur les pontons précédaient 2 mois 1/2 de mer en solitaire !
Et il n'y a pas que sur les pontons que l'émotion était palpable, mais aussi derrière son écran, comme l'expliquait justement Pascal Bidégorry, commentateur pour le Vendée Globe, du départ de la course. "C'est marrant parce qu'avec ce premier bateau qui part, et pourtant derrière notre écran parce qu'on n'est même pas sur les pontons, j'ai quand même quelques frissons. Ce sont des moments complètement exceptionnels. [...] Ce sont des grands moments."
Pour autant, la difficulté reste de ne pas se faire "bouffer pas l'émotion du chenal, car on quitte ses proches et ses amis" comme l'expliquait un des commentateurs. Avant d'ajouter qu'il avait rarement vu un départ de Vendée Globe aussi chargé en couleurs, en images et en émotions...
Des marins particulièrement émus
On retiendra l'émotion de Paul Meilhat (SMA), bizuth et jeune relève de la course au large, dont on pouvait voir les larmes dans les yeux. Mais aussi celle de Yann Eliès — qui évoquait les pleurs de sa petite dernière de 5 ans et la boule au ventre avec laquelle il partait.
Alan Roura (La Fabrique) — plus jeune concurrent du Vendée Globe 2016 — n'a pu retenir ses larmes depuis le départ de son ponton jusqu'à sa descente du chenal. "C'était le rêve de ma vie, je suis trop heureux. Je vis le jour le plus important de ma vie. Je pleure, mais ce sont des larmes de bonheur, maintenant il faut qu'on parte, il faut y aller..."
En matière de larmes justement, Morgan Lagravière était particulièrement ému et a eu du mal à contrôler ses émotions tout au long du chenal. "C'est un moment pas évident, positif, mais qui m'amène beaucoup de larmes ce matin. C'est un moment particulier. Je pense que c'est un moyen de gérer la transition au mieux, assez rapidement. De couper avec le milieu des hommes. Maintenant j'attends avec impatience le moment de la compétition, le départ pour, être focalisé sur autre chose que sur les émotions. C'est difficile à combiner avec le sportif. Vivement que les minutes passent !"
Kojiro Shiraishi, premier concurrent japonais de l'histoire du Vendée Globe saluait aussi la foule, avec solennité, revêtue d'un kimono noir. Chez l'Irlandais, le départ était festif, mais tout aussi plein d'émotion avec un petit concert d'instruments locaux.
D'autres sont plus aguerris dans l'exercice comme Alex Thomson, qui faisait le show tout de noir vêtu comme son IMOCA Hugo Boss, ou encore Armel le Cléac'h, qui est partie pour son 3e tour du monde avec l'ambition affichée de gagner !
"Ça va être la folie dans quelques instants sur ce départ. Les conditions sont belles, donc on a un peu moins la boule serrée dans le ventre. La course commence et tout le monde est à égalité. Cette nuit il ne va pas falloir trainer en route et être tout de suite dans le match. Je pense qu'on ne va pas beaucoup dormir..." déclarait Armel.
Même si l'émotion n'est pas qu'une question d'expérience, comme l'expliquait Pascal Bidégorry "On va voir des vieux qui sont émus aussi..." C'est d'ailleurs le cas avec Jean-Pierre Dick, duquel Pascal Bidégorry expliquait "Jean-Pierre il a une grosse boule dans le ventre. Ce n'est certainement pas la même émotion, mais elle est là !"
Tout au long de la descente du chenal, l'ambiance était au rendez-vous avec les cris et applaudissements de la foule, mais aussi les klaxons et sirènes ! Les marins, debout sur le pont avant de leur bateau saluaient le public, et profitaient d'un "petit shoot d'émotion pour prendre tout le positif avant de passer en mode guerrier" comme l'expliquait Thomas Ruyant (Le Souffle Du Nord — Boulogne Billancourt), particulièrement ému. Un moment vibrant et intense pour ces 29 marins, traités comme des héros par tout le public venu en masse pour les encourager !