Un voilier IMOCA du Vendée Globe 2024 expliqué en détail

© Eloi Stichelbaut - polaRYSE

Les skippers du Vendée Globe vont devoir boucler un tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, en passant par les trois caps : Bonne Espérance, Leeuwin et Horn. Pendant environ deux mois et demi, ils vont naviguer et vivre à bord d'un IMOCA, monocoque à voile de 60 pieds. Mais c'est quoi un IMOCA exactement ? Décryptage…

Même si tous les bateaux au départ du Vendée Globe sont des prototypes, ils n'en sont pas moins régis par une jauge. C'est-à-dire qu'ils possèdent des caractéristiques communes, définies par la classe IMOCA (International Monohull Open Class Association), fondée en 1991 et reconnue par la Fédération Internationale de Voile (World Sailing). Une refonte de la jauge menée en 2021 a imposé pour les nouveaux bateaux certains équipements : quille standardisée, choix entre deux mâts, classique ou mât-aile, nombre d'appendices et ballasts limités. Autre nouveauté, les foils, qui ont fait leur apparition en 2015 et qui permettent de sustenter le bateau aux allures portantes pour éviter les trainées (frottements) et donc aller plus vite.

Caractéristiques communes

  • Taille : 18,28 m (60 pieds)
  • Tirant d'eau : 4,50 m
  • Mât : 29 m max

Anatomie d'un IMOCA

Ballast : Les ballasts remplacent le poids de l'équipage, qui sur un voilier conventionnel se met au rappel. Avec l'évolution des 60 pieds IMOCA, le nombre et la position des ballasts ont changé, et il est maintenant plus aisé de les remplir ou de les vider. Par exemple, au vent arrière, l'étrave est dégagée, car les ballasts à l'arrière sont remplis d'eau, au près ou dans les petits airs, on réduit la traînée à l'arrière en remplissant les ballasts à l'avant.

Barre : Commande qui sert à gouverner le bateau, relié aux safrans. La barre franche à la forme d'une barre, placée dans le même plan que le safran. Quand on déplace la barre d'un côté, le safran tourne du côté opposé.

Bastaque : Le bastaque est un hauban (câble de support allant depuis le mât jusqu'à chacun des deux bords du pont) qui tient le mât sur l'arrière. Ce câble (en textile) est primordial pour la bonne tenue du mât, notamment au portant.

Aujourd'hui, les cockpits des bateaux sont quasiment clos pour se protéger des élements et naviguer un peu plus au sec © Eloi Stichelbaut - polaRYSE
Aujourd'hui, les cockpits des bateaux sont quasiment clos pour se protéger des élements et naviguer un peu plus au sec © Eloi Stichelbaut - polaRYSE

Bout-dehors : Situé au bout de l'étrave, le bout-dehors en carbone (1,83 m max.) permet d'accrocher les grandes voiles d'avant (gennaker et spinnaker), qui sont des voiles de portant. Cela leur laisse le maximum de champ par rapport aux autres voiles, pour optimiser la vitesse.

Casquette de protection : Permet de protéger le cockpit des éléments et donc le skipper. Avec l'évolution des bateaux, ces casquettes se sont transformé en cockpit totalement fermé.

A l'ancienne, les IMOCA disposaient de casquette de protection au lieu d'un cockpit fermé © François Van Malleghem / DPPI / Maître CoQ
A l'ancienne, les IMOCA disposaient de casquette de protection au lieu d'un cockpit fermé © François Van Malleghem / DPPI / Maître CoQ

Cellule de vie : Espace intérieur où le skipper se repose, travaille la météo, cuisine ou encore l'endroit où est rangé le matériel. Avec les cockpit fermé, les cellules de vie se confondent désormais avec la zone de réglage.

Cockpit : C'est l'espace de manœuvre du bateau – sorte d'endroit névralgique — où le skipper règle ses voiles et pilote son bateau à l'abri.

Le cockpit de l'IMOCA New Europe de Szabolcs Weöresde © Zsombor Kerekes
Le cockpit de l'IMOCA New Europe de Szabolcs Weöresde © Zsombor Kerekes

Cuisine : Elle est minimaliste et se résume souvent à un réchaud qui sert à réchauffer l'eau pour les plats lyophilisés et quelques rangements.

Dérive : Elles sont au nombre de deux (une à tribord et une à bâbord), et fixées sur le côté du bateau. Droites ou courbées, elles servent à limiter la dérive latérale du bateau, surtout au près. Elle sont sabre – abaissée ou relevée verticalement à travers une ouverture dans la coque, appelée puits de dérive. Aujourd'hui les dérives ne se trouvent que sur les IMOCA d'ancienne génération puisqu'elles se seont vues remplacer par les foils sur les modèles de dernière génération.

Foil : Ces appendices porteurs permettent de sustenter les bateaux aux allures de reaching/portant (vent arrière ou grand largue) et donc de gagner en vitesse. Les foils sont composés d'un "shaft" (partie qui se rétracte dans le puits) et d'un "tip" (sorte d'ailette perpendiculaire au shaft). Les premiers foils ont d'abord été installés sur des IMOCA initialement conçu pour des dérives et sont désormais conçus dès les premiers dessins pour les IMOCA neufs.

Des grands foils pour l'IMOCA de Thomas Ruyant © Pierre Bouras
Des grands foils pour l'IMOCA de Thomas Ruyant © Pierre Bouras

Couchage : Cette zone installée dans la zone de vie se compose soit d'un matelas ergonomique posé sur un socle inclinable en carbone, soit d'un coussin à billes morphologiques. Certains skippers déplacent leur matelas dans le bateau pour dormir quelques heures.

Paul Meilhat se repose sur son IMOCA Biotherm © Anne Beauge / Team Biotherm
Paul Meilhat se repose sur son IMOCA Biotherm © Anne Beauge / Team Biotherm

Moulin à café ou colonne : Il permet de démultiplier la force pour actionner les 4 winchs, qui sont des treuils permettant de tendre les cordages. Les deux à l'avant servent à monter/descendre les voiles et les foils, les deux à l'arrière à régler les voiles d'avant et les bastaques.

Outrigger : Ces tubes en carbone implantés sur le roof de chaque côté du mât qui remplacent sur les mâts ailes les barres de flèche sur les mâts conventionnels. Ils permettent d'éloigner les haubans de l'axe du mât et sont reliés au mât par un câble qui assure la stabilité de l'ensemble.

Poste de barre : C'est assis sur un strapontin que le skipper barre son bateau avec une vue dégagée vers l'avant grâce aux éléments de plexiglas installés sur le roof.

Quille (bulbe et voile) : La quille est l'élément stabilisateur du bateau. Sans cet appendice, le voilier chavirerait. Les quilles des IMOCA60 sont pendulaires c'est-à-dire qu'elles peuvent être basculées latéralement jusqu'à 40° par un vérin hydraulique en fonction des conditions météo et des allures suivies. Elle joue le rôle de contrepoids de la force du vent dans les voiles. Associée aux ballasts (10 au total) l'ensemble du système permet de maintenir l'équilibre du bateau lorsqu'il passe dans les vagues.

Safrans : Au nombre de deux et disposés de chaque côté à l'arrière du bateau et reliés à la barre, les safrans servent à diriger le bateau. Ils sont souvent auto-relevables afin de résister à d'éventuels chocs avec des objets flottants.

Les safrans sont situés sur l'arrière du bateau © 	Josselin Didou - Qaptur
Les safrans sont situés sur l'arrière du bateau © Josselin Didou - Qaptur

Soute à voiles : Endroit où sont stockées la plupart des voiles non utilisées. Après chaque virement de bord ou empannage (changement d'amure réalisé en abattant – en s'écartant du vent. Celui-ci implique le changement de la bôme sur le bord opposé), le skipper doit "matosser" c'est-à-dire changer les voiles de côté pour optimiser la répartition des poids à bord et ainsi accroître la performance. Le matossage est un exercice très physique, qui plus est dans la mer formée.

Depuis 2020, 8 voiles sont autorisées sur le Vendée Globe, dont 2 obligatoires, la grand-voile et le tourmentin (voile de tempête). Les spis (nylon) sont utilisés au vent arrière ou au grand largue quand il n'y a pas trop de vent. Les gennakers, voiles plus plates, au grand largue. Le code 0, les J1-J2-J3 au près jusqu'à 120 degrés du vent, leur choix dépendant ensuite de la force du vent.

Table à cartes : C'est de cet endroit, situé dans la zone de vie, que le skipper accède à l'ensemble des moyens de navigation et de communication (ordinateur, pilote automatique, radar, téléphone satellite). Elle se limte souvent à un écran et un clavier.

Plus d'articles sur le thème
Réagir à cet article
Jean-paul Delbois 636429170131455(ffv)
Jean-paul Delbois 636429170131455(ffv)
Bon courage tous ceux qui vont bientt s'lancer sur ce tour !
Alain dominique Remi
Alain dominique Remi
Quel systme de pilote automatique utilisent les concurents du Vende-Globe ? Merci :)
Ajouter un commentaire...
Vendée Globe Plus d'actualités
Maître CoQ V, un premier voilier neuf pour le Vendée Globe 2024 de Yannick Bestaven
J+4 Vendée Globe 2024, où en sont les coureurs ? Les favoris aux premières places
V and B - Monbana - Mayenne, un plan assagi de l'IMOCA Apivia pour Maxime Sorel
Foussier, un IMOCA à dérives allégé et fiabilisé pour le premier Vendée Globe de Sebastien Marsset

Publié sur Yacht-Club.com

Rififi à l'approche des Canaries

Pression, compression et décompression

Sur la tte de Madre